Elle est élue conseillère municipale d'opposition à Glomel de 2016 à 2020 [6].
En 2020, elle fonde avec plusieurs journalistes le média bilingue d'enquêtes en ligne Splann !, inspiré du modèle de Disclose[7].
Pressions et sabotages
La subvention municipale versée par la commune de Glomel à Radio Kreiz Breizh est supprimée[8] après la diffusion d'une émission de France Culture[9] dans laquelle Morgan Large a évoqué, au micro d’Inès Léraud, la collusion entre les intérêts des industriels et agriculteurs locaux, d'une part, et leurs postes d’élus d'autre part[6].
La rencontre avec Inès Léraud est présentée dans le film Les Algues vertes, qui
« se fait fort de donner tort à cette fameuse sentence de Daniel Mermet : "Le journaliste local, il sait tout, mais il ne peut pas dire grand-chose, et le journaliste national, lui, peut tout dire, mais il ne sait pas grand-chose"[10]. »
Avec une quinzaine d’autres journalistes, elle lance en juillet 2020 le collectif Kelaouiñ — « Informer » en breton — dont l'appel pour la liberté d’informer sur l’agroalimentaire en Bretagne est signé par plus de 500 professionnels de la presse[11],[6].
En décembre 2020, après la diffusion sur France 5 d'un documentaire intitulé Bretagne, une terre sacrifiée[12], la branche régionale de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) qualifie le documentaire de « fiction » puis diffuse sur le réseau social Twitter le visage de la journaliste Morgan Large, interviewée dans le documentaire[13]. Les portes de la radio Kreiz Breizh sont ensuite forcées, et la journaliste comme la station sont visées par des menaces[14],[15]. Morgan Large est victime d'intrusions nocturnes et son chien est empoisonné[16],[17].
En août 2020, elle témoigne avec Reporters sans frontières auprès d'Europe 1 des « intimidations et violences que subissent les journalistes qui enquêtent sur les questions environnementales » en France[18].
Fin mars 2021, la voiture de Morgan Large est sabotée[19],[20]. Le 2 avril, un appel à la grève et à un rassemblement est lancé après la mise en danger de la journaliste[3], tandis que Reporters sans frontières (RSF) envisage une procédure judiciaire, et que Radio Kreiz Breizh et le Syndicat national des journalistes indiquent leur solidarité avec la journaliste[20],[4],[21]. Un rassemblement de soutien réunit 850 personnes le à Rostrenen[22],[23]. Selon Stéphane Foucart pour Le Monde, les attaques que subit Morgan Large sont représentatives d'une « loi du silence » imposée aux journalistes lorsqu'il s'agit de l'agro-industrie bretonne. Il estime que « les pouvoirs publics [ont] laissé s’installer un dangereux sentiment de toute-puissance et d’impunité[16]. »
La journaliste et Reporters sans frontières déposent une plainte contre X[24]. La FNSEA Bretagne (FRSEA) condamne les actes de malveillance et dément en être responsable, tout en indiquant que « depuis plusieurs jours, la FRSEA est ciblée par une journaliste comme étant responsable d'actes malveillants qu'elle subit[25],[26]. » Une information judiciaire est ouverte[27]. D'après la journaliste, la plainte qu'elle a déposé a fait cesser les menaces qu'elle a reçues par téléphone ou sur les réseaux sociaux[28]. Les plaintes sont classées sans suite en décembre 2022, et la protection policière réclamée par la journaliste et Reporters sans Frontières n'est pas accordée[28].
Deux ans plus tard, dans la nuit du 23 au 24 mars 2023, la voiture de Morgan Large est à nouveau sabotée de la même manière : les écrous de la roue arrière gauche ont été presque entièrement desserrés[28]. Elle dénonce une tentative d'intimidation et le sentiment d'impunité des auteurs de ces actes[28],[29] et dépose plainte[30].