Il meurt dans un accident de voiture à 34 ans, quelques semaines seulement avant d'avoir publié, avec John Chadwick, son essai de déchiffrement du linéaire B[1]. Il s'agit du premier et du seul déchiffrement d'un système d'écriture sans « Pierre de Rosette », c'est-à-dire sans texte bilingue avec une langue connue[2],[3],[4].
Il met ainsi en marche la traduction des tablettes en linéaire B découvertes, au nombre d'environ trente-mille, donnant des renseignements fondamentaux pour la compréhension de la civilisation mycénienne et de l'Âge du Bronze en général[6].
Biographie
Enfance
Né dans une famille militaire, qui provenait à l'origine du Cambridgeshire[7], à Wheathampstead dans le Hertfordshire le 12 juillet 1922. Son père était un officier militaire stationné en Inde et sa mère, une femme douée intellectuellement, qui l'avait éduqué dans une atmosphère qui était artistique, et l'a habitué à passer ses vacances à l'étranger ou à visiter le British Museum[7]. Et, il a été élevé et scolarisé en Suisse où il a été à l'école à Gstaad et ses enseignements lui ont été émis en français et en allemand[7]. Michael Ventris fait preuve dans son jeune âge d’un grand talent pour les langues. Il parle ainsi le français, le suisse allemand, le polonais en autodidacte à l'âge de six ans[7], et trois autres langues européennes, et maîtrise le latin et le grec ancien. À l'âge de sept ans, il avait acheté et lu un ouvrage sur les hiéroglyphes écrit en allemand[8]. Il ne s'est jamais lassé de son affection pour les langues ; En passant quelques semaines en Suède après la Seconde Guerre Mondiale, il maîtrise la langue et cela lui permet d'avoir un emploi temporaire dans ce pays et plus tard, il correspondait avec des chercheurs suédois dans leurs langues. À l’école, il assiste à une conférence donnée par Arthur Evans, archéologue et découvreur du palais de Cnossos, en Crète. Les propos tenus par ce dernier sur le linéaire B, non encore déchiffré, passionnent Ventris, qui se met au travail. Il part avec l’idée, qui se révèle fausse, que le linéaire B, qu’Evans appelle également le « minoen » (voir civilisation minoenne), est une forme d’étrusque.
Ses études et sa carrière militaire
En 1940, il entre à l’Architectural Association School of Architecture, la plus ancienne école d’architecture indépendante de Grande-Bretagne. Il en sort diplômé en 1948 avec une mention honorifique[7]. Avec la guerre, il interrompt pendant quelque temps ses études et choisit de s'inscrire dans la RAF, où il était navigateur dans un équipage de bombardier ; il déclare à ce sujet[7] :
Cela est beaucoup plus intéressant que de simplement voler[7]
Et il a même horrifié le capitaine de l'avion en faisant naviguer l'équipage grâce à des cartes qu'il avait fabriquées lui-même[7].
Ventris et le Linéaire B
En 1950, il élabore un questionnaire au sujet du linéaire B, qu’il envoie aux grands philologues de l’époque. Il utilise les réponses pour poursuivre ses propres recherches. Il s’appuie sur :
les travaux d'Emmett Leslie Bennett, qui détermine le nombre total de signes composant le linéaire B — suggérant ainsi un syllabaire plutôt qu’un alphabet ;
ceux d’Alice Kober, qui remarque que certains mots semblent changer de terminaison, suggérant des déclinaisons comparables à celles du grec.
Il peut alors dresser des grilles associant les signes du linéaire B à des consonnes et des voyelles. En comparant des tablettes découvertes sur le continent grec et des tablettes crétoises, Ventris détermine que certaines chaînes de symboles sont en fait des noms propres. En juin 1952, il parvient à percer le secret du linéaire B : il s’agit en fait d’une forme archaïque de grec.
Le , il donne une communication à ce sujet à la BBC. Immédiatement, il connaît la célébrité. Il poursuit son travail en collaboration avec John Chadwick avec lequel il prépare l'ouvrage Documents in Mycenæan Greek (« Documents en grec mycénien »), premier corpus de tablettes déchiffrées, qui remet en cause les hypothèses d’Arthur Evans sur la Crète archaïque et permet de resituer correctement la période mycénienne dans l’histoire du monde égéen.
Accident de voiture fatal et sa mort
Michael Ventris meurt dans un accident de voiture le 6 septembre 1956 près de Hatfield dans le Hertfordshire alors qu'il rentrait chez lui seul, tard dans la nuit en empruntant la "Great North Road" ; son véhicule percute un grand camion ; il meurt immédiatement après le choc[9]. Il est décédé quelques semaines avant la publication de Documents in Mycenæan Greek[9].
↑Jan Driessen, « Homère et les tablettes en linéaire B. Mise au point », L'Antiquité Classique, vol. 61, no 1, , p. 5–37 (DOI10.3406/antiq.1992.1129, lire en ligne, consulté le )
↑ abcdefg et h(en) John Chadwick, The Decipherment of Linear B, Cambridge University Press, 2019 (2e édition ; réimprimée), 164 p. (ISBN978 - 1 - 107 - 69176 - 6), p.2
↑(en) John Chadwick, The Decipherment of Linear B, Cambridge University Press, 2019 (2e édition ; réimprimée), 164 p. (ISBN978 - 1 - 107 - 69176 - 6), p.1
↑ abc et d(en) John Chadwick, The Decipherment of Linear B, Cambridge University Press, 2019 (2e édition ; réimprimée), 164 p. (ISBN978 - 1 - 107 - 69176 - 6), p.3
Annexes
Bibliographie
(fr) John Chadwick, Le Déchiffrement du linéaire B. Aux origines de la langue grecque, trad. de l'anglais par Pierre Ruffel, introduction de Pierre Vidal-Naquet, Gallimard, 1972.
(en) Andrew Robinson, The Man Who Deciphered Linear B: The Story of Michael Ventris, Thames & Hudson, 2005 (ISBN0500510776).