Son enfance est fortement marquée par la Seconde Guerre mondiale. En effet une partie de sa famille, d'origine juive, meurt en déportation[3].
Menant conjointement deux séries d'études, générale et commerciale, elle choisit pour rester indépendante une carrière médicale. Elle obtient un diplôme en kinésithérapie en 1963[4]. Elle exerce la profession de kinésithérapeute ostéopathe durant plus de vingt ans. Dix-sept ans plus tard, elle est obligée d'arrêter son métier à la suite d'une intervention chirurgicale, et, à cinquante ans, elle décide de se consacrer à l'écriture[5].
Elle considère que le roman policier est « un formidable coup de projecteur sur notre société et un engagement individuel à dénoncer ce qui ne va pas »[6]. Ses combats sont livrés contre l'antisémitisme et l'homophobie. En outre, « ses divers récits dénoncent aussi le viol, aussi bien sur des adultes que sur des enfants, le machisme, le racisme et le fanatisme »[4]. Elle publie son premier roman, La Vie à fleur de terre, en 1990 chez Denoël, puis devient, avec Fred Vargas, l'auteur-phare du catalogue de Viviane Hamy. Dans ce premier roman, un petit escroc et une bande de casseurs métèques tuent accidentellement un Africain et cherchent à maquiller le crime en accident. Dans Un été pourri (1994) apparait le duo récurrent formé par le lieutenant Sam Goodman de la brigade criminelle de Boston et la journaliste homosexuelle Sandra Khan. Tous deux d'origine juive, ils sympathisent pendant une enquête sur une série de meurtres et d'émasculation. Dans Mauvais Frère (2002), Goodman enquête sur un tueur qui viole et scalpe uniquement des femmes blondes. La série compte plusieurs autres titres, dont Le Festin de l'araignée, Gémeaux, Le Tango des assassins et Désert barbare.
« Maud Tabachnik a choisi de situer l'essentiel de son œuvre aux États-Unis parce que la violence, selon elle, y est plus grande que partout ailleurs »[7]. En somme, « c'est un pays où tout peut arriver. [...] Le serial killer est vraiment une spécialité américaine. »[5]. Ainsi, dans L'Empreinte du nain (1999), qui ne fait pas partie de la série Goodman/Khan, elle décrit le fonctionnement et les actions violentes d'une secte, dont les ramifications s'étendent en Russie, en France et en Autriche, qui prône la suprématie de la race blanche.
En 1997, Fin de parcours offre une série de nouvelles ayant pour point commun un meurtre dans le milieu familial[5]. La même année, Maud Tabachnik publie « un roman policier historique, L'Étoile du temple, dont l'action se déroule à Troyes et retrace la vie quotidienne des communautés juives de Champagne à l'époque des Templiers »[8]. Le récit romanesque peut ainsi évoquer la persécution des Juifs aux XIe et XIIe siècles[5].
En 2001 paraît aux éditions Albin Michel son livre culte Le Cinquième Jour, auquel elle donne une suite en 2010 dans Ne vous retournez pas. Entre les deux, une dizaine de romans voient le jour qui explorent tous les registres du roman noir, au thriller politique, en passant par le roman policier historique, le whodunit et le suspense. Romancière atypique et maître incontesté du suspense[9], sa vision radicale et sombre de l'humanité dont elle met en scène les pires représentants s'accompagne pourtant d'une empathie profonde pour tous ceux que la société maltraite. Ses thrillers politiques sont un coup de poing dans l'univers typiquement machiste des auteurs de polars. Plus particulièrement, Un été pourri est fortement critiqué à sa sortie, car un personnage féminin émascule des hommes et qu'une lesbienne venge la mort de son amante en échappant à la justice[2].
Dans La Mémoire du bourreau (1999), un roman policier historique, elle imagine les mémoires d'un officier SS. En 2005, J'ai regardé le diable en face évoque une série de meurtres de femmes de Ciudad Juárez[1].
À l'horizon, les ténèbres : thriller, Nantes, Presses du Temps, 1996 ; version remaniée paru sous le titre Les Cercles de l'enfer, Paris, Flammarion, 1998 (ISBN2-08-067568-0) ; réédition, Le Livre de poche no 37037, 2004
Trêve de conscience, dans Contes noirs de fin de siècle, Fleuve noir, Les Noirs no 71, 1999
La Première Bavure de l'Histoire, dans Libération, ; réédition dans Les 7 Familles du polar, Éditions Baleine, 2000 (ISBN2-84219-305-9)
Vénus d'ailleurs, dans Douces ou cruelles ?, Fleuve noir, 2001 (ISBN2-265-07158-7)
La Maison au fond des bois, dans Elle,
Une femme ordinaire, nouvelle inédite, Paris, le Grand livre du mois, 2006 (ISBN2-286-02666-1)
Dans la boue, Albin Michel,15 septembre 2015 (EAN978-2-226-34304-8), paru dans Elle en 2003.
Les Griffes d'une mère, dans l'anthologie À peine entré dans la librairie... La Griffe noire, 30 ans. Paris : Télémaque, 06/2018, p. 293-301. (ISBN978-2-7533-0357-7)