Martin Berruyer, mort le , est un dignitaire français de l'Église catholique, évêque du Mans de 1449 à 1465. Il réalise plusieurs missions diplomatiques avant sa promotion à l'épiscopat. Il participe au procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc en 1456. Quelques années après, il soutient Jeanne la Féronne, fausse Jeanne d'Arc.
Il accompagne Philippe de Coetquis en ambassade à Rome en 1431-1432. Il ensuite fait partie de cinq ambassades envoyées par le concile de Bâle en Bohême de 1433 à 1436 pour négocier avec les hussites[3]. En 1433-1434, la délégation dont il fait partie réchappe de l'épidémie de peste qui sévit alors à Prague[7]. Sa prédication à Prague laisse des souvenirs marquants[6],[5].
En 1438, il est membre, avec Robert Ciboule, de l'ambassade conduite par Philippe de Coetquis à Bâle et à Mayence. En 1439, il est envoyé, toujours avec Robert Ciboule, auprès d'Eugène IV[3]. Il écrit deux lettres avec Robert Ciboule à l'été 1439, l'une à l'évêque de Lübeck qui représente le roi des Romains Albert II au concile et l'autre au cardinal Louis Aleman[4].
Comme Guy de Vorseilles, Hélie de Bourdeilles, Thomas Basin et Robert Ciboule[9], Martin Berruyer participe au procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc en 1456 en écrivant un mémoire contre les juges de Jeanne d'Arc[8],[4],[9],[10],[11],[3]. Son texte est une démonstration méthodique[4]. Selon lui, Jeanne d'Arc ne pouvait être une sorcière puisqu'elle était vierge[11]. Elle avait en horreur l'effusion de sang[12]. Il pense que seule la volonté de Dieu peut expliquer que Jeanne d'Arc, une femme, donc faible à ses yeux, ait pu accomplir ses exploits[13], dont même les hommes étaient incapables[14]. Selon lui, l'esprit de Jeanne d'Arc a permis, après sa mort, les victoires françaises de la reconquête de l'Aquitaine et de la Normandie[10],[15].
En 1459-1460, il soutient la deuxième fausse Jeanne d'Arc[10], Jeanne-Marie la Féronne, aussi appelée la Pucelle du Mans[16],[5]. Cette jeune fille d'une vingtaine d'années, très charismatique, se dit tourmentée par des démons et appelle son entourage à se réformer. Martin Berruyer l'examine et écrit le à la reine Marie d'Anjou une lettre très favorable à Jeanne la Féronne[16]. Il se sert de ce cas pour soutenir l'idée d'une menace de Satan envers la société chrétienne[4].
Il résigne son siège épiscopal le et meurt six mois après, le [8],[6],[3].
↑ abcd et eVincent Tabbagh, « Formation et activités intellectuelles des évêques d’Anjou, du Maine et de Provence à la fin du Moyen Âge », dans Marie-Madeleine de Cevins et Jean-Michel Matz (dir.), Formation intellectuelle et culture du clergé dans les territoires angevins (milieu du XIIIe siècle – fin du XVe siècle), Rome, École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 349), , 117–137 p. (lire en ligne).
↑ abcd et ePhilippe Contamine, « La réhabilitation de la Pucelle vue au prisme des Tractatus super materia processus : une propédeutique », dans François Neveux (dir.), De l’hérétique à la sainte : Les procès de Jeanne d’Arc revisités, Caen, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », (ISBN978-2-84133-813-9, lire en ligne), p. 177–196.
↑ a et bFrançoise Michaud-Fréjaville, « D’un procès à l’autre : Jeanne en habit d’homme », dans François Neveux (dir.), De l’hérétique à la sainte : Les procès de Jeanne d’Arc revisités, Caen, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », (ISBN978-2-84133-813-9, lire en ligne), p. 165–176.
↑Françoise Michaud-Fréjaville, « L’effusion de sang dans les procès et les traités concernant Jeanne d’Arc (1430-1456) », Cahiers de recherches médiévales, no 12 spécial, , p. 179–187 (ISSN1272-9752, DOI10.4000/crm.731, lire en ligne, consulté le ).
Robert Latouche, « Jeanne la Férone, d'après une lettre de Martin Berruyer, évêque du Mans », La Province du Maine. Bulletin de la Société des archives historiques du Maine, t. XVIII, , p. 418-427.