Marie Cuttoli et sa famille sont originaires de Tulle ; ils déménagent à Paris alors qu’elle est adolescente[4].
Carrière
Vers 1910, Marie Cuttoli est en couple avec son avocat Paul Cuttoli, député au parlement de Constantine[5]. Le ménage vit alors entre l'Algérie et la France. Elle s'investit afin de développer la production de broderie et de tapis en Algérie. Vers 1920, elle installe un atelier dans son palais algérien Dar Meriem pour enseigner le métier aux femmes du pays[6]. Leurs œuvres sont ensuite vendues aux maisons de haute couture parisiennes[2]. En 1922, elle crée à Paris la maison Myrbor (abréviation de son nom de jeune fille), une maison de couture, également galerie de tapis et d'objets de design dont la décoration est conçue par Jean Lurçat. Cette maison est située rue Vignon, proche de la Madeleine, qui comprend à l'époque des marchands d'art établis comme Daniel-Henry Kahnweiler[7],[5]. La Maison Myrbor produit des robes brodées et appliquées, certaines conçues par Natalia Goncharova[8],[9].
Parmi ses clients, on peut citer l'industrielle des cosmétiques Helena Rubinstein, qui, dans les années 1930, aménagea son triplex du 24 quai de Béthune (île Saint-Louis) avec des tapis Myrbor réalisés à partir de dessins de Jean Lurçat et de Pablo Picasso[14].
Elle présente à New York en 1936 une dizaine de ces tapisseries modernes, qui rencontrent un certain succès[4]. En 1939, elle prête plusieurs œuvres au San Francisco Museum of Art pour une exposition temporaire qui se prolongera de façon itinérante du fait de la Seconde Guerre mondiale et de la fermeture des frontières[4].
Amis proches de Picasso et d’autres artistes contemporains, Marie Cuttoli et Henri Laugier ont collectionné les œuvres de Picasso, Braque, Dufy ou encore Léger[3]. Cette collection d'œuvres cubistes a été donnée au musée national d'Art moderne[13]. La donation de Cuttoli-Laugier en 1969 au même musée comprenait une collection d'œuvres de Picasso[10].
En 2020, la fondation Barnes, à Philadelphie, lui consacre une exposition : Marie Cuttoli: The Modern Thread from Miró to Man Ray[19].
↑ ab et cDominique Paulvé, Marie Cuttoli : Myrbor et l'invention de la tapisserie moderne, Paris, Norma Éditions, , 140 p. (ISBN978-2-915542-30-1), p. 131
« Goncharova's primitive interpretation of Russian folk art and Byzantine mosaics was evident not only in her costumes for the Ballets Russes but also in her designs for Myrbor »
↑ ab et cJohn Richardson, A Life of Picasso : The Triumphant Years, 1917-1932, Random House Digital, Inc., , 354– (ISBN978-0-375-71151-0, lire en ligne)
↑(en) Justin Spring, Secret historian : the life and times of Samuel Steward, professor, tattoo artist, and sexual renegade, New York, Macmillan, , 71– (ISBN978-0-374-28134-2, lire en ligne)