Marie-Georges Pascal passe une enfance qu'elle qualifiera plus tard de « très dure » et « très triste »[3]. Ses parents, qui rêvent de la voir devenir concertiste, la contraignent dès son plus jeune âge à passer quotidiennement de longues heures à travailler le piano. À seize ans, elle prend ses distances avec un cadre familial trop rigide. Elle est grande et jolie, avec de beaux yeux clairs et des cheveux brun-roux, et trouve assez vite un emploi de mannequin[3].
En 1972, l'actrice joue dans une série de films érotiques. Le genre, qui connaît sa période faste dans la foulée de la libération des mœurs de l'après 1968, occupe alors une bonne part des écrans et des nouveaux venus dans le cinéma français[8] et s'exporte bien. Si l'actrice accepte de tourner ces films essentiellement pour des raisons « alimentaires »[3], les rôles qu'elle y tient sont tout de même assez consistants pour lui permettre de montrer un réel talent de comédienne capable de camper des personnages très variés. Elle interprète la sœur incestueuse de Je suis frigide... pourquoi ?[9], une jeune fille naïve dans Les Confidences érotiques d'un lit trop accueillant, avec Bruno Devoldère pour partenaire, ou encore une épouse mal-aimée dans Hausfrauen Report international, une production allemande[10]. Bananes mécaniques doit peut-être aux conditions précaires de son tournage[11] l'impression de vitalité et de liberté qui s'en dégage. Le film reflète bien l'esprit de son époque et le succès est au rendez-vous puisque plus d'un million de spectateurs[12] vient assister aux aventures de ces cinq filles délurées.
L'actrice est absente des plateaux de cinéma pendant trois ans. Si on la retrouve encore sur grand écran en 1975, c'est avec un film tourné deux ans plus tôt La Rage au poing, film-choc sur la jeunesse de banlieue écrit et interprété par Tony Gatlif. C'est maintenant grâce à la télévision qu'elle peut espérer être reconnue d'un public plus large.
Si elle ne fait qu'une modeste apparition sur le petit écran en 1972 dans La Mort d'un champion, c'est dans un rôle principal qu'elle s'impose deux ans plus tard avec le succès de Le Dessous du ciel. Le premier épisode de la série est diffusé le sur la deuxième chaîne juste avant 20 heures[15]. Marie-Georges Pascal incarne Joëlle, une jeune fille qui se passionne pour le parachutisme, et a pour partenaires principaux Gérard Chambre, Patrick Verde et Pierre Brice. La présence au générique de ce dernier, connu dans les pays germaniques pour avoir incarné l'indien Winnetou au cinéma dans les années soixante, permet à la série d'être également bien accueillie lorsqu'elle est diffusée de l'autre côté du Rhin en 1976. L'année suivante, elle retrouve un rôle important dans Pilotes de courses, un feuilleton du même format, toujours pour la deuxième chaîne. Après la reconnaissance populaire, l'actrice s'offre une longue parenthèse théâtrale.
Tourné pendant l'hiver 1977, Les Raisins de la mort lui offre son plus grand rôle au cinéma. Jean Rollin, qui dirige ce film de commande, dispose pour une fois de moyens suffisants pour s'offrir le concours de « vrais » comédiens. Marie-Georges Pascal est donc la tête d'affiche de cette distribution qui mêle à des acteurs confirmés (Serge Marquand, Félix Marten, Paul Bisciglia) quelques nouveaux venus (Brigitte Lahaie, Mirella Rancelot et Patrice Valota). Elle incarne Élisabeth, une jeune femme livrée à elle-même dans une contrée ravagée par une étrange maladie provoquée par l'emploi d'un pesticide et qui sombre peu à peu dans la folie. Rollin, qui n'est pas de son propre aveu un grand directeur d'acteur, se félicite de la docilité de ses acteurs et de la performance de sa vedette[17],[18]. Malgré un nombre restreint de salles et une campagne de promotion quasi nulle, le film réalise un nombre d'entrées satisfaisant. La critique reste, dans l'ensemble, plutôt sceptique. Considéré comme le premier film gore français, il continue néanmoins, plus de trente ans après sa sortie, de fédérer à travers le monde les amateurs de zombies et ceux de Jean Rollin[19] et assure à sa protagoniste une certaine visibilité internationale.
Brigade mondaine sort un mois après Les Raisins de la mort[20],[6]. Dans ce thriller, qui reprend les personnages et les recettes éprouvées par Michel Brice dans sa série de romans, elle incarne Peggy, photographe de charme et rabatteuse pour un réseau de prostitution. Ces prestations ne suffisent pourtant pas à l'installer plus solidement sur les grands écrans. Cauchemar, de Noël Simsolo, lui offre encore un rôle significatif, mais passe inaperçu et au début des années 1980, on la retrouve surtout à la télévision[20] et au théâtre.
En 1983, Jean-Pierre Desagnat lui confie le rôle de Lydie Vignal dans Rouge marine, un épisode de la série policière Les Cinq Dernières Minutes, et lui offre sa dernière apparition au cinéma (un tout petit rôle de deux répliques) dans Flics de choc[7]. Quand, emboîtant le pas à Mylène Demongeot, elle sort à la fin de « sa scène », c'est pour ne plus reparaître sur les écrans.
↑Extrait de décès n° 19/1081/1985. Marie-Georges Pascal a été incinérée au crématorium du cimetière du Père-Lachaise et ses cendres ont été remises à sa famille. Cf.Les Gens du cinéma.
↑Créditée le plus souvent comme Marie George Pascal (Gross Paris, Les Raisins de la mort) ou Marie-George Pascal (Les confidences érotiques d'un lit trop accueillant) Cf. IMDb
↑Avant Marie-Georges Pascal, deux autres interprètes de ce film se sont donné la mort ; Bella Darvi en septembre 1971 et Michèle Girardon en mars 1975
↑En 1974 les 128 films érotiques sortis réalisent plus de six millions d'entrées (16 % du total des entrées) sur Paris-périphérie Cf.L'age d'or du x documentaire de N.Castro et L.Préyale, Siriana Production, pour Ciné Cinéma et Paris Première
↑Max Pécas a choisi de renommer son film Comment le Désir vient aux filles attribuant l'échec de celui-ci à sa sortie à un titre qui aurait « refroidi » un public qui auparavant lui était acquis.
↑Une production allemande, mais on retrouve Marie-Georges Pascal dans un sketch très « parisien » avec Montmartre pour décor et Philippe Gasté et Paul Bisciglia pour partenaires
↑Cf.Jean-François Davy présente La Trilogie paillarde, bonus édition DVD de Bananes mécaniques
↑Plus de cent mille entrées sur Perpignan, nouvel « Eldorado » du cinéma érotique du grâce à l'afflux de spectateurs espagnols.Cf.Jean-François Davy présente La Trilogie paillarde, bonus édition DVD de Bananes mécaniques
↑Aussi distribué sous le titre Dictionnaire de l'érotisme, Rêves pornos se compose essentiellement d'une compilation de scènes érotiques extraites de films tournés par Max Pécas entre 1965 et 1974 reliées entre elles de façon quelque peu artificielle avec, pour répondre aux nouvelles exigences du public et des distributeurs, l'emploi de séquences de sexe additionnelles. La scène où l'on retrouve Marie-Georges Pascal est reprise du film Je suis frigide...pourquoi ? tourné trois ans auparavant. Cf.Encyclo Ciné.
↑Francis Mischkind dans L'age d'or du x documentaire de N.Castro et L.Préyale, Siriana Production, pour Cine Cinema et Paris Première
↑Les comédiens qui s'engagent pour plusieurs mois de tournée renoncent en effet à leurs activités parisiennes (tournages, doublages, publicités...) et demandent en conséquence des cachets beaucoup plus élevés pour compenser ce manque à gagner Cf. Jean-Claude Houdinière, Site du Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacle