« Il émanait de lui un charme, une séduction qui sont ceux du traître élégant et raffiné de tout bon mélodrame[2]. »
Biographie
Élève du Conservatoire Maubel[3], il travaille sa diction avec Germaine Albert-Birot[4] et déclame des poèmes aux manifestations organisées par la revue SIC[3]. Il est ainsi repéré pour jouer le rôle du mari dans le « drame surréaliste » de Guillaume Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias, en 1917. Cinq jours avant la création de la pièce, le père du jeune acteur meurt dans un accident de la circulation, Herrand manque de se désister. Il joue finalement son rôle, supplié par Pierre Albert-Birot, le metteur en scène, et Apollinaire, qui se déclare prêt à monter lui-même sur la scène pour sauver la pièce[5].
Il participe à la soirée dadaïste du Cœur à Barbe en 1921, en lisant des poèmes qu'il a choisis d'Apollinaire, Jacques Baron, Jean Cocteau, Paul Éluard, Philippe Soupault et Tristan Tzara. La présence de Cocteau provoque la colère d'Éluard, qui tente de saboter la soirée. Celle-ci marque la rupture entre Éluard et les futurs surréalistes d'une part et Dada[6].
En 1953, il se sait atteint d'un grave cancer. Il met toutefois en scène les adaptations théâtrales de La Dévotion de la croix de Pedro Calderón de la Barca et Les Esprits de Pierre de Larivey, toutes deux signées Albert Camus, pour le festival d'Angers. Mais il meurt sans pouvoir achever les toutes dernières répétitions. Albert Camus lui-même le remplace. Les deux spectacles, dédiés à sa mémoire, connaîtront un grand succès.
↑Jean Tulard, Dictionnaire du cinéma : Les Acteurs, coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 2007
↑ a et bMarie-Louise Lentengre, Pierre Albert-Birot, l'invention de soi, Jean-Michel Place, 1993, p. 118
↑« C'était elle [Germaine Albert-Birot] qui avait, au temps des Mamelles de Tirésias formé Marcel Herrand, qui monta pour la première fois sur une scène dans le rôle du mari » — Pierre Albert-Birot, Autobiographie & Moi et Moi, Troyes, Librairie Bleue, , 120 p. (ISBN2-86352-052-0), p. 42