C'est depuis la prison de Saint-Joseph à Lyon qu'elle écrit son autobiographie, Vie d'une femme galante. Elle a 25 ans et revient sur les événements qui l'ont conduite à participer à l'assassinat de son oncle.
Biographie
Jeunesse
Louise Jeanne Chardon naît en 1875 à Saint-Étienne, fille d'Antoine Chardon, cordonnier, et de Louise Octavie Dumartheray, piqueuse de bottines, son épouse[1]. Jean Joly, un de ses oncles paternels, époux de sa tante Benoîte Chardon[2], signe son acte de naissance.
Louise Chardon a 11 ans quand elle quitte l'école pour devenir apprentie chez une échantillonneuse. Abusée sexuellement par un parent de sa patronne, sa vie devient chaotique : elle est arrêtée plusieurs fois pour vagabondage et est placée dans différentes maisons de refuge. Finalement, elle est recueillie par son oncle et sa tante, les Joly, qui vivent à Saint-Étienne. Louise Chardon, contrainte à l'inceste par son oncle, préfère s’enfuir de la maison. Elle se prostitue pour vivre.
En , établie avec sa mère à Saint-Étienne, elle rencontre un employé de chemin de fer, Jean Baptiste Uzèbe Huchon, qu’elle épouse[3] mais qu’elle quitte très vite pour partir vivre à Paris. Elle prend le nom de Louise de Marsay et continue de se prostituer.
L'assassinat
Le , à court d'argent, Louise Chardon revient à Saint-Étienne accompagnée de son amant Jean Lejour. Elle retourne chez son oncle, la rencontre se passe mal : Jean Lejour poignarde à 27 reprises le vieil homme[2]. La police, alertée par les voisins qui ont entendu des cris, arrive au domicile de l’oncle et le découvre mort. Louise Chardon et Jean Lejour paniqués n’ont pas le temps de s’enfuir. Ils sont arrêtés sur-le-champ et incarcérés respectivement dans les prisons Saint-Joseph et Saint-Paul de Lyon. À l'issue de leur procès, ils sont tous deux condamnés à mort par la cour d'assises[4].
Le , Louise Chardon apprend qu'elle est graciée par le président Loubet[5], tandis que Jean Lejour est exécuté, place Saint-Jean à Montbrison[6]. Quelques jours plus tard, la cour d'appel de Lyon entérine la grâce de Louise Chardon, ainsi que celle des deux codétenus de Lejour, Louis Teissier et Pierre Tavernier, condamnés à mort en septembre pour l'assassinat d'une femme[7],[8].
Récit autobiographique
Dans sa cellule, Pierre Tavernier a beaucoup entendu parler de Louise Chardon par Jean Lejour. Passionné par la jeune femme qu’il a croisée une fois à l’occasion d’une visite au palais de justice, il lui consacre ses pensées, s’imagine même l’épouser un jour et lui écrit régulièrement. Il rencontre un célèbre criminologue, Alexandre Lacassagne. Professeur de médecine légale à Lyon, ce dernier collecte les récits des détenus pour valider ces thèses criminologiques[9]. Il demande à Pierre Tavernier de consigner par écrit ses impressions. Le détenu écrit sur le crime de Louise Chardon, sa vie en prison et sur son amour pour la jeune femme. C’est sûrement ce qui motive Alexandre Lacassagne à rendre visite à Louise Chardon et à lui proposer d’écrire. Sur une quarantaine de pages de petits cahiers d'écolier, elle fait le récit de sa vie, des abus et de l'emprise dont elle a été victime de la part des hommes.
Son manuscrit, Vie d’une femme galante, n’a jamais été édité. Il est conservé à la bibliothèque municipale de Lyon, où il a été déposé en 1922.