Lotte Schöne, orthographié Lotte Schoene en français, de son vrai nom Charlotte Bodenstein, est une cantatrice (soprano) née à Vienne (Autriche) le et décédée à Bobigny le [N 1]. Elle a été considérée à la fin des années 1920 et au début des années 1930 comme l'une des musiciennes germanophones les plus populaires de France[1].
Biographie
Charlotte Bodenstein est née à Vienne dans une famille de la bourgeoisie juive. À l'âge de quatorze ans, elle reçoit ses premières leçons de chant, d'abord avec un cousin doué musicalement[2] et ensuite avec Johannes Ress, sa sœur Luise et Maria Brossement à Vienne[3]. Lotte Schöne épouse Paul Schönwälder, d'où peut-être son nom de scène, en 1911 et a un fils Kurt Felix en [1].
Après avoir divorcé en 1919 de son premier mari, elle épouse en , le conseiller du gouvernement, Paul Flandrak et a en 1923 son deuxième enfant, sa fille Inge Maria.
Elle crée le rôle de Liù de Turandot en 1927, lors de sa seule saison à la Royal Opera House. Après avoir interprété La Tosca à l'Opéra-Comique, elle y chante pour la première fois le rôle de Mélisande en 1929, la tenue du rôle par une étrangère à Paris est très controversée par avance, Pelléas et Mélisande étant considéré comme une figure de proue de l’opéra français moderne. Cependant, elle réussit à convaincre le public parisien[5], et Mélisande devient l'un de ses rôles fétiches, dans lequel elle est entendue à plusieurs reprises au cours des années suivantes.
Elle divorce en 1942 de son second mari. Pendant l'occupation, elle fuit vers la zone libre, d'abord installée à Nice et cachée à partir de 1943 sous le nom de Lucienne Sorbier par une famille amie à Villars-Colmars, Forcalquier et Valensole dans les Basses-Alpes[17]. Après la Libération de la France, Schöne retourne d'abord à Nice, où vivent ses parents, qui ont également émigré en France après l'Anschluss en 1938 et qui ont été soutenus financièrement par leur fille. À partir de 1945, elle vit à nouveau à Paris, donne des leçons de chant et des concerts. En 1946, elle crée un Ave Maria, cantate composée par Joseph Beer, à la Basilique Notre-Dame de Nice avec le ténor Enzo Seriil.
Son retour en 1948 au Städtische Oper de Berlin, ne peut pas compenser une pause de quinze ans dans une carrière et la chanteuse du milieu des années 1950 ne peut simplement pas reprendre le fil de sa carrière là-bas. Sa carrière a d'abord été affaiblie puis interrompue par l'exil, en particulier dans la phase où elle aurait pu être définitivement inscrite dans la mémoire musicale[1]. Elle prend sa retraite en 1953[18].
Elle est morte à Bobigny[19]. Schöne est particulièrement remarquée pour ses productions dans les œuvres de Mozart et de Richard Strauss[14]. Au cours de sa carrière, elle a enregistré un certain nombre d'extraits musicaux d'opéras et d'opérettes, chez Gramophone notamment, qui peuvent encore être entendus aujourd'hui sur disque compact[20] assemblés depuis la collection Preiser issus de ses meilleures années, le premier disque comprenant des disques de la période pré-électrique tardive et le deuxième des enregistrements complets de HMV de 1927 à 1931[21].
Discographie
Schöne and Tauber in Operetta, Nimbus/Edel, Hamburg 2010
The Art of Lotte Schöne (Aufnahmen 1924–1931), Double-CD, Preiser/Naxos, Vienne 1997
Lotte Schöne Arien, Pavilion/Preiser, Vienne 2006
Donizetti The Supreme Operatic Recordings (Aufnahmen 1920–1932), Lotte Schöne: Pronta io son (Don Pasquale), Pavilion/Preiser, Vienne 2006
ABC der Gesangskunst, vol 6 (Doppel-CD), Lotte Schöne: Der Hirt auf dem Felsen (Schubert), Signore ascolta (Turandot), Ta mère devrait te porter dans les bras (Madame Butterfly), Cantus-Line DA-Music, Diepholz 2002
Four Famous Sopranos Of The Past (Lotte Schöne, Fritzi Jokl, Irene Eisinger, Luise Szabo), Preiser/Naxos, Vienne 1998
Golden Operetta (Aufnahmen 1926–1938), Lotte Schöne: Mein Herr was dächten Sie von mir (Die Fledermaus), Vienne, Preiser 1997
Unvergessene Stimmen der Wiener Staatsoper (4 CD-Set), Lotte Schöne: Con una faccia fissa (Un ballo in maschera), Preiser/Naxos, Vienne 1997
↑Selon Anne Langenbuch, dans la littérature l'année de naissance de Lotte Schöne est souvent mentionnée comme 1891, parfois aussi 1894. Cependant, dans son dossier de nationalisation, un acte notarié de remplacement du certificat de naissance perdu, 1893 est l’année de naissance (Archives nationales, Fontainebleau, Dossier Nr. 38596 X 45, coté 19770907 art. 88). La date du décès est peut-être le 23.12.1977.
Références
↑ abcd et e(de) Anne Langenbuch, « Lotte Schöne », sur MUGI. Musikvermittlung und Genderforschung: Lexikon und multimediale Präsentationen, (consulté le )
↑« Lotte Schöne, vicissitudes de la vie artistique », Lyon Républicain, .
↑(de) K. J. Kutsch und Leo Riemens, Großes Sängerlexikon, Vol 4, Munich, 1999, p. 3136
(en) André Tubeuf: Lotte Schöne . In: The Record Collector Volume XX, Number 4. Ipswich 1971 (contient également un répertoire et une discographie)
(de) Schöne, Lotte in: K. J. Kutsch, Leo Riemens: Großes Sängerlexikon, 3e édition, mise à jour, Vol 4, Munich, K. G. Saur 1999, 3 980 p. (ISBN3-598-11419-2)
(de) Lotte Schöne. In: Hannes Heer, Jürgen Kesting, Peter Schmidt (Herausgeber): Verstummte Stimmen. Die Vertreibung der „Juden“ aus der Oper 1933 bis 1945. Der Kampf um das Hessische Landestheater Darmstadt. Berlin, Metropol 2009. (ISBN978-3-940938-54-1).
(de) Karin Nusko: Lotte Schöne in: Dokumentationsstelle Frauenforschung am Institut für Wissenschaft und Kunst, Wien: biografiA.at. Biografische Datenbank und Lexikon österreichischer Frauen (www.biografia.at).