À la Nouvelle-Orléans, sous un chapiteau géant, le public est venu nombreux pour découvrir la nouvelle sensation du moment : la sulfureuse Lola Montès, jadis danseuse et femme galante ayant eu pour amants Franz Liszt et Louis Ier de Bavière. Celle qui a été adulée à travers le monde est désormais donnée en pâture aux spectateurs; condamnée à revivre et caricaturer chaque soir, les moments forts de sa tumultueuse existence, mis en scène par la troupe du cirque.
En revanche, le film subit un échec commercial retentissant. Les producteurs imposent alors au réalisateur, qui meurt peu après, deux versions mutilées, doublées, raccourcies et remontées contre son gré.
Certains critiques, lors de la projection du film restauré en 2008, estiment qu'« on peut discerner dans Lola Montès une parabole du viol de la culture et de l'histoire européennes par le show-business américain. Ce n'est qu'un contre-chant. Lola Montès est avant tout le récit d'une agonie. C'est le dernier film de Max Ophuls, mort deux ans plus tard »[4]; le film est construit sur « l'indécence des spectacles fondés sur le scandale […] où l'amour et l'argent s'échangent indifféremment, où la célébrité est une marchandise[2]. » Produit avec des moyens techniques exceptionnels et complexes pour l'époque, son scénario décrit en une parabole tragique, la fin de la vie de l'héroïne; désormais déchue et exilée à La Nouvelle-Orléans, celle-ci est littéralement réduite à l'état de monstre de foire, devant mimer sa propre existence pour survivre[2].
Restauration
Rachat des droits
En 1966, la société Les Films du Jeudi du producteur Pierre Braunberger rachète les droits d'exploitation du film. Quatre décennies plus tard, l'impulsion donnée par sa fille, Laurence Braunberger et par la Fondation Technicolor pour le patrimoine du cinéma[5] permet de le ressusciter[6]. Sous l'égide de la Cinémathèque française, une restauration est supervisée par Tom Burto également auteur de la restauration du Voyage dans la Lune en couleur, réalisé par Georges Méliès, au laboratoire Technicolor de Los Angeles. La richesse des palettes de couleurs, l'ampleur du son, la langue originale des dialogues ainsi que le montage d'origine et le format du film sont fidèles aux choix de Max Ophüls. Cette version est autorisée par le propre fils du réalisateur, Marcel Ophüls.
Nouvelle sortie
Présenté lors du 62efestival de Cannes, Lola Montès peut être désormais considéré comme fidèle aux souhaits de Max Ophuls. Après les États-Unis, sa sortie publique en salle se tien en France, le ; ce qui est considéré comme la véritable résurrection d'un chef-d'œuvre de l'histoire du cinéma est saluée par la presse généraliste dont notamment Le Monde, Télérama, Le Nouvel Observateur et reconnue par le métier du cinéma.
Sortie vidéo
Le film ressort avec un nouveau master en Haute Définition, le , édité par Carlotta Films. En bonus, l'édition contient une bande-annonce originale et les essais coiffures de Martine Carol.
↑(en) Susan Hayward, French Costume Drama of the 1950s : Fashioning Politics in Film, Bristol ; Chicago, Intellect, , 480 p. (ISBN978-1-84150-318-9, lire en ligne), chap. 15.