La Vie de Mohammed, prophète d'Allah est une sîra (c'est-à-dire une biographie de Mahomet, dernier prophète de l'islam) rédigée et illustrée par Étienne Dinet, un peintre orientaliste français converti à l'islam, en collaboration avec son ami l'essayiste algérien Sliman ben Ibrahim, avec des enluminures du calligraphe et miniaturiste algérien Mohammed Racim.
Cette biographie de Mahomet est rédigée juste avant[1] ou pendant[2] la Première Guerre mondiale. En 1914, afin de se documenter pour sa rédaction, Dinet se rend au Cabinet de dessin, un service de l'académie d'Alger. Il y rencontre Mohammed Racim qui va réaliser les enluminures de l'ouvrage[3].
Le livre est publié en 1918 par Henri Piazza à la demande du ministère des Armées, en hommage aux musulmans morts pour la France pendant la guerre[4],[5]. Cette démarche se retrouve à la même époque dans la construction de la Grande mosquée de Paris, pour laquelle Dinet a d'ailleurs aussi milité[6].
Louis Brunot indique que cet ouvrage « ne doit pas être considéré comme une vie de Mohammed qui serait traitée par des historiens des religions, mais comme la biographie du Prophète telle que la considèrent les Musulmans éclairés s'en tenant à la parole d'Allah et aux écrits des pères de l'orthodoxie de l'Islam »[7]. Selon Pierre Prier, cet « ouvrage est celui d'un croyant. S'appuyant sur la sunna, la tradition islamique, le récit respecte une stricte orthodoxie »[4].
Le livre est illustré de 27 tableaux peints par Dinet[8]. Aucune de ces illustrations ne représente le prophète, ni aucun des événements dont il est le héros. À ce sujet, les auteurs expliquent en préface que même si les principes de l'islam ne sont pas aussi hostiles qu'on peut le penser à la représentation figurée, ils interdisent tout de même la représentation du divin, qui est un blasphème menant à l'idolâtrie, ainsi que la représentation des prophètes, qui est un sacrilège ; ils ont donc choisi une méthode d'illustration indirecte, représentant le prophète par la manière dont il se reflète dans les gestes de ses disciples, les musulmans[2], dans leur pratique religieuse ou simplement leur vie quotidienne de nomades[9]. Des lieux saints de l'islam sont également représentés[10],[11] : la Kaaba à La Mecque et la mosquée du Prophète à Médine.
Pour autant, ces illustrations n'apparaissent pas dans toutes les rééditions, certaines adoptant une interprétation plus restrictive de l'interdit des représentations figurées[12].
L'ouvrage, ayant rencontré un grand succès[13], a connu de nombreuses éditions[14],[15],[16] :
Éditions en anglais :
Éditions en arabe, traduction par Abdel-Halim Mahmoud, le grand imam de la mosquée Al-Azhar au Caire, et son fils Mohamed[17] :
Lorsque La Vie de Mohammed connut une édition populaire en 1937[18], Jacques Berque en fit un compte-rendu[19], l'une de ses premières publications[20]. Selon Michel Chodkiewicz, La Vie de Mohammed est « médiocre »[21]. Selon Édouard Montet, c'est une « merveille d'art » grâce aux « illustrations admirables » de Dinet et aux illuminations de Racim, qui en font une « publication magistrale au point de vue artistique »[22].
Comptes-rendus :
Autres sources centrées :