Ces titres profitent du décret du , qui les exempt du droit de timbre (presse)[2], comme tous les journaux littéraires, scientifiques ou industriels, qui ne sont par ailleurs pas soumis non plus à l'autorisation préalable, ni au cautionnement.
La Semaine financière est alors perçu comme le journal de la « Réunion financière », qui regroupe les banquiers inquiets des opérations des frères Péreire, sous la houlette de James de Rotschild, à la fin de l’année 1855[3]. Parmi ses soutiens, les Vernes, Paulin Talabot ou Eugène Schneider[4]. Au début des années 1860, son directeur Eugène Forcade s’en prendra violemment à la politique économique et financière du Second Empire, dénonçant en particulier en 1861 les dérapages budgétaires[4].
Revendication d'indépendance
La Semaine financière se présente comme "exclusivement consacrée au public" et comme le seul des cinq journaux de sa spécialité autorisé à déposer un cautionnement. Elle est organisée en trois parties, industrielle, commerciale et financière, "comme dans les grands recueils anglais jusqu'à présent sans analogues en France[5]".
Elle affirme en première page que "les autres appartiennent à des banques, a des caisses qui les font agir, et dont il faut qu'ils servent les spéculations. Ils ne sont point désintéressés, comment sciaient-ils impartiaux? Ils ne peuvent même pas donner le cours des valeurs qu'ils patronnent, de crainte d'en faire connaître la dépréciation[5]".
Conflit avec le Canal de Suez
La Compagnie universelle du canal de Suez, de Ferdinand de Lesseps, avait intenté un procès à La Semaine financière, lui réclamant 30 000 francs de dommages et intérêts et l'accusant d'avoir accordé trop d'importance à la démarche de Nubar-pacha, un Arménien envoyé par le vice-roi d'Égypte à la Compagnie pour lui demander l'abandon des terrains et la réduction du nombre des ouvriers employés aux travaux à 6 000 au lieu de 20 000.
Ferdinand de Lesseps avait été déboutée par le tribunal, mais le journal avait été condamné à publier le jugement assurant qu'elle avait "dépassé les limites": "En recourant fréquemment à la publicité, M. Ferdinand de Lesseps avait donné à la presse le droit de discuter" ces questions mais dans la 'Semaine financière, "l'écrivain a dépassé les limites", assurait ce jugement de 1864[6], annonciateur de Loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 et ses dispositions sur le droit de réponse.
Le rachat de 1868
Le , 14 ans après sa création et à la suite de la maladie prolongée d'Eugène Forcade[7], le journal est racheté lors d'enchères publiques au prix de 172 500 francs, ce qui témoigne selon un éditorial qu'il est « incontestablement le premier journal financier ».
À partir de 1885, l'hebdomadaire est dirigé par l'homme d'affaires J.-B. Gerin[8].
Renommé ensuite La Semaine économique, politique et financière, il sera absorbé en 1951 par La Vie française[9],[10].
↑« La presse en France des origines à 1944 : Histoire politique et matérielle », par Gilles Feyel, Editions Ellipses, deuxième édition revue et mise à jour (2007), page 118