En 1939, Lucha Reyes, chanteuse en vogue revenue d'Allemagne où elle avait eu des problèmes de voix, se produit dans un cabaret de Mexico. Là elle fréquente son ami Oñate un peintre politiquement de gauche, un allemand, Klaus Eder militant aussi à gauche qui a fui le fascisme hitlérien et surtout son amie, sa confidente et même davantage, Jaïra, qui vit de ses charmes. Elle retrouve aussi sa mère, Doña Victoria, très possessive, auprès de qui elle ne trouve guère d'affection ce dont elle a précisément bien besoin au point d'en être parfois extravagante.
Elle y rencontre Pedro Calderon, le patron de l'Arbeu, un autre cabaret. C'est le coup de foudre d'autant plus que ce bel homme est un «chaud lapin» dans la force de l'âge. Avec le mariage, c'est aussi le début des orages car celui-ci ne supporte pas les fantaisies libertines[1] de sa nouvelle conquête, ses initiatives saugrenues comme celle d'acheter l'enfant d'une mendiante avec pour prétexte qu'elle est stérile; elle lui donne le prénom de Luzma. De son côté, Lucha, comme sa mère, est très possessive et ne supporte pas les infidélités de Pedro, son «mari» qui tente néanmoins de la produire dans son établissement. C'est assez rapidement un échec et on la voit dans une pulqueria où, au lieu d'être sur une scène accompagnée par un orchestre, elle chante, pour l'ambiance, assise sur une chaise. Elle n'y reste pas longtemps, car n'ayant que faire des usages comme elle l'avait déjà montré en n'obéissant pas aux injonctions menaçantes de Gato Linarès, un leader syndical, lorsqu'elle chantait au cabaret, elle invite une dame à boire du pulque à l'intérieur du bar ce qui est contraire au règlement. Renvoyée, ayant perdu son époux, elle apprend et ne comprend pas que sa meilleure amie et Pedro ont eu une relation, elle qui souffre tant d'en manquer. Klaus étant parti aux États-Unis pour échapper à la justice qui le poursuit pour activités subversives, Jaïra voulant l' accompagner, elle se retrouve sans amis, sans confident ou confidente. Privée de domicile personnel elle doit retourner chez sa mère qui la dévalorise. Malgré une tentative de Jaira, le manque d'affection, l'alcool, la déprime, l'inactivité l'achèvent et il ne lui reste plus qu'à se mettre à mort, en 1944.
Son : Carlos Aguilar pour la prise de son, Luis Gil pour l'enregistrement des chansons et de la musique, Rene Ruiz Carón pour le mixage, Gabriel Romo et Jorge Romo pour la conception sonore et Gabriel Romo pour le réenregistrement digital
Sociétés de production : Coproduction Ultra Films avec l'institut mexicain du cinéma, Artists Entertainment, El Tenampa Films Works, les films du Nopal, le fonds de soutien à la cité cinématographique de l'université de Guadalajara (Mexique), de la fondation du nouveau cinéma latino américain, les productions Amaranta et en ce qui concerne la France, la participation du Ministère de la Culture (CNC) et du Ministère des affaires étrangères.
Remarque : Sur le générique de fin du film, la distribution fournit le nom des 41 actrices ou acteurs avec leurs rôles. Sur la page IMDB on trouve deux noms qui n'y figurent pas : Maria Marcucci et Maya Mishalska. De même sur la page FilmAffinityAlfonso Echanove et Mayra Sérbulo ne sont pas indiqués.
Les renseignements pour la fiche technique et la distribution ont été recopiés à partir du générique.
Kikito d'or pour le meilleur film latin : Arturo Ripstein
1996 : Premio Ariel, ariel d'or
les Films du Nopal
meilleur acteur dans un second rôle, Arturo Alegro
meilleure histoire originale écrite pour l'écran, Paz Alicia Garciadiego
1996 : Premio Ariel, ariel d'argent
meilleur scénario, Paz Alicia Garciadiego
meilleur montage, Rafael Castanedo
meilleure partition originale pour musique de fond, Lucia Álvarez
Critiques
«...un film d'une désespérance et d'une beauté absolues. Plans-séquences qui emprisonnent les personnages, décors baroques, surchargés, étouffants éclairages tamisés et sombres...La réalisation ne laisse aucune échappée. Un film envoûtant et suicidaire, magnifique et nihiliste, d'une noirceur extrême» [2]
«...l'enfermement névrotique - familial de préférence. Mère monstrueuse. Piste ronde du cabaret, telle une matrice. La mise en scène fluide cerne l'héroïne...Mais on est envoûté par cette souffrance narcissique, l'esthétisme crépusculaire et les chansons déchirantes de Betsy Pencanins» [3]
«La vie paroxystique de la chanteuse...traitée sous la forme d'un flamboyant mélodrame» [4].
Notes et références
↑(en) Sergio de la Mora, « Arturo Ripstein and Paz Alicia Garciadiego's Lucha Reyes and the Aesthetics of Mexican Abjection », Studies in Spanish & Latin American Cinemas, vol. 12, no 3, , p. 279-294 (ISSN2050-4837, DOI10.1386/slac.12.3.279_1, lire en ligne, consulté le ).
↑Claude Bouniq-Mercier : «Guide des films», collection Bouquins chez Robert Laffont
↑ Vincent Remy : «Le guide du cinéma chez soi», Télérama hors série, édition 2002
↑Vincent Pinel avec la collaboration de Françoise et Christophe Pinel: Le Siècle du Cinéma édité par Éditions Larousse