Le terme « cheminée » est à prendre ici au sens de cheminement, de promenade[1] comme le fait Walter Scott dans Anne de Geierstein[2].
Il y a cependant un jeu de mots sur l'expression « cheminée du Roi René ». La tradition veut que, lors de ses séjours à Aix,
le roi venait prendre le soleil et deviser avec ses sujets sous les remparts de la ville. A Marseille il en faisait autant devant le vieux palais comtal situé sur le quai de Vieux-Port. Ces endroits sont restés dans le souvenir populare comme la « cheminée du Roi René ». Et en Provence l'expression se chauffer à la « cheminée du Roi René » a longtemps signifié se chauffer au soleil. Voir à ce sujet l'article chaminèio page 527 du Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral.
Le château et la cour du roi René d'Anjou, comte de Provence, étaient situés à Aix-en-Provence, ville dont est originaire Darius Milhaud qui fut toujours fasciné par l'histoire du roi, son code de chevalerie et les joutes légendaires qui se déroulaient à la cour. Le compositeur étudia quelques manuscrits musicaux d'époque mais l'écriture de La Cheminée du roi René fut peu influencée par ce travail et l'œuvre reste caractéristique de la musique de Milhaud.
La durée d'exécution des mouvements, très brefs, alternant « des pages nonchalantes et d'autres très vives », est de moins d'une minute pour le plus court et de trois minutes seulement pour le plus long, de sorte qu'à la première écoute, l'œuvre donne plutôt l'impression d'une pièce unique, d'un seul souffle, et ce d'autant plus que l'atmosphère musicale est très comparable d'un mouvement à l'autre. Au total, l'exécution de La Cheminée du roi René dure environ treize minutes.
La Maousinglade, et sa discrète sarabande sur un rythme de hautbois, est particulièrement entêtante. Dans Joutes sur l'Arc se font entendre quelques ornementations de style Renaissance alors que dans Chasse à Valabre est évoqué le cor de chasse. Le Madrigal final, calme et reposé, très néo-classique, conclut cette suite sur une touche mélancolique.
La Cheminée du roi René est l'une des œuvres de Darius Milhaud les plus connues du public et compte parmi les pièces de musique de chambre les plus populaires du XXe siècle inscrites au répertoire des formations de quintette à vent.