Ce soulèvement a pour cause principale l’animosité du peuple à l’égard du roiHenri III, soupçonné de vouloir désigner comme successeur Henri de Navarre (futur Henri IV), un protestant. Dès lors, le peuple de Paris se range derrière le duc de Guise, chef de la Sainte Ligue. Celui-ci est en effet, malgré l’interdiction royale, revenu à Paris. Dès lors, méfiant et craignant pour sa vie, Henri III fait venir dans la capitale plusieurs bataillons des régiments de Gardes suisses et de Gardes françaises. Le roi ayant violé un privilège qui veut qu'aucune troupe étrangère n'ait le droit de séjourner à Paris, et les Parisiens craignant de voir les chefs catholiques arrêtés, les esprits s'échauffent.
« Il y avoit neuf enseignes françoises et quatorze suisses. Elles marchèrent d'abord sans bruit au cimetière des Innocents. Ce fut en cet endroit qu'elles reçurent les ordres du roi. Bientôt après elles firent battre leurs tambours et retentir leurs fiffres, ce qui mit l'alarme dans toute la ville. Le maréchalde Biron et Crillon conduisirent au Marché-Neuf deux compagnies françoises et trois suisses. Le Petit-Pont fut occupé par une de ces compagnies suisses. Les deux compagnies françoises, celles de Du Guast et de Mallivault s'emparèrent du pont Saint-Michel. Six compagnies, savoir : deux françoises et quatre suisses, conduites par François d'O, se saisirent de la place de Grève ; les autres compagnies aux ordres du capitaine Bonouvrier de Saintonge restèrent au cimetière des Innocents. Deux compagnies françoises qui étoient de service à la cour gardoient la porte du Louvre du côté de la rue Saint-Thomas. Pendant tout ce jour, il n'y eut que la porte Saint-Honoré qui fut ouverte, étant gardée par une compagnie françoise[2]. »
Au bruit des tambours, les Parisiens s'alarment, ferment leurs boutiques et courent aux armes. Le peuple s'assemble en tumulte dans les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel. La présence des Suisses excite surtout la colère et devient le prétexte de la révolte. Vers le milieu du jour, sur l'avis des préparatifs qui se faisaient rue Saint-Antoine à l'hôtel de Guise et sur la place Maubert[3], le roi dépêche l'ordre à d'O et à Crillon d'occuper ces points, mais il n'était plus temps. Guy de Laval-Bois-Dauphin avec les écoliers et les bateliers de Saint-Jean-en-Grève s'était emparé de la place Maubert. On avait tendu les chaînes à travers les rues et fermé les avenues avec de grosses pièces de bois et des tonneaux remplis de fumier et de terre. Crillon, repoussé de ce côté, veut rétrograder et se frayer un passage le long de la rive gauche de la Seine ; le chemin lui est barré par Charlesduc de Brissac à la tête des habitants du faubourg Saint-Germain. Les Gardes restent engagés entre les ponts sans pouvoir faire un mouvement ; l'émeute est triomphante. Le duc de Guise, voyant alors les choses au point où il les voulait, sort de son hôtel à cheval, une simple baguette à la main, calme comme par magie la sédition et fait reconduire les Gardes au Louvre par le comte de Brissac, mais à rangs rompus, la tête nue et les armes renversées. Telle fut la journée du , dite la journée des barricades[4].
C'était la première fois dans son histoire que la ville de Paris érigeait ainsi des barricades, d'où le nom de journée dite des Barricades (du mot « barrique », principal objet utilisé pour les constituer). Le président du Parlement de Paris, Achille Ier de Harlay, s'oppose en vain au duc de Guise[5]. La journée se termine par la mort d’une soixantaine de soldats et la victoire du duc de Guise qui prend possession de Paris. Elle valut aux Parisiens sept années d'affreuse misère.
Les Gardes françaises couchèrent le même soir à Trappes et rejoignirent le roi le 15. Henri III, après avoir erré quelque temps de ville en ville dans la Normandie, se rendit au mois de septembre au château de Blois pour y tenir les États généraux.
Dès lors en position de force, Henri de Guise en profite pour faire signer l’édit d'Union à Henri III (par lequel ce dernier s'engage à ne jamais conclure « aucune paix ou trêve avec les hérétiques ») et se faire nommer lieutenant général du royaume.
Notes et références
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Robert Descimon, « Qui étaient les Seize ? : Mythes et réalités de la Ligue parisienne (1585-1594) », Mémoires de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Ile-de-France, t. XXXIV, , p. 7-300
Publié à part : Robert Descimon, Qui étaient les Seize ? : mythes et réalités de la Ligue parisienne (1585-1594), Paris, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Île de France / Klincksieck, coll. « Mémoires de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Île-de-France » (no 34), , 407 p.
Robert Descimon, « – . Les barricades parisiennes : une relecture politiste », dans Jean-Claude Caron (dir.), Paris, l'insurrection capitale, Ceyzérieu, Champ Vallon, coll. « Époques », , 263 p. (ISBN978-2-87673-997-0), p. 31-41.