Jean-Laurent (Johannes, Joannes, Johan ou Jan et Laurentius, Laurens ou, parfois, Lodewijk) Krafft, né le à Bruxelles et enterré le , est un graveur et un rhétoricien, écrivant en néerlandais et en français.
C'est en 1734 que Krafft publie Le Tresor de Fables, choisies des plus excellens mythologistes, dont il a gravé lui-même les planches. Le français n’étant pas sa langue maternelle, l'auteur prévient le lecteur dans son ouvrage que :
« On ne trouvera pas ici l'éloquence, ni la délicatesse de la langue Françoise... On connoîtra ici le caractère & le stile Flamand dans une sincère simplicité. »[6]
Cette édition française sera suivie, en 1739-1740, d'une version riméenéerlandaise, publiée en trois volumes : Den Schat der Fabelen, gekozen uyt de voornaemste Verdigt-schryvers[7]. Dans la préface, l'auteur explique que, contrairement à l'original français, il a mis en versrimés la version néerlandaise afin de prouver que :
« [...] les agréments lacédémoniens » de l'art de la poésie « ne sont pas les ennemis de notre langue néerlandaise laquelle, par son vocabulaire opulent et expressif, semble aussi apte à afficher de l'éloquence que quelconque langue parlée dans le monde[8]. »
Il compare la langue néerlandaise avec celle des Français, qui rendent la leur tellement légère que le néerlandais se fait oublier, abâtardir et détruire, alors que cette langue est pourtant bien plus ancienne, plus virile et plus pénétrante. Krafft chante alors la louange du néerlandais, dont il estime la richesse indéterminée en mots harmonieux. La prose de l'introduction et des réflexions morales (Zedelyke Overdenkingen) des fables est remarquablement fluide et correcte ; les fablesrimées annoncent déjà la fraîcheur et le naturel qui feront, quarante ans plus tard, des poèmes d'enfants d'un Hieronymus van Alphen une révélation.
Histoire générale de l'auguste maison d'Autriche
L'Histoire générale de l'auguste maison d'Autriche (en trois volumes, publiés en 1744-1745) est le dernier ouvrage que l'on connaisse de Krafft. Il l'a illustré de nombreux portraits gravés de sa main. À la fin du premier volume, il fait remarquer qu'il a travaillé à son ouvrage pendant de longues années :
« [...] pour laisser à la posterité plusieurs évenemens qui n'ont jamais été mis au jour dans une langue, laquelle est si fortement récherchée dans le siecle ou nous sommes[8]. »
Malgré son amour pour la langue néerlandaise, face à l'investissement dans un projet coûteux et d'envergure, pour cet ouvrage, Krafft se voit obligé de choisir pour la langue d'une classe sociale, minoritaire à Bruxelles à cette époque, mais puissante et aisée.
(nl) 1739-1740, Den Schat der Fabelen, gekozen uyt de voornaemste Verdigt-schryvers, trois volumes illustrés de gravures, version néerlandaiserimée du Tresor de Fables
↑Charles PIOT (« Krafft », Biographie nationale [X], Émile Bruylant, Bruxelles, 1888-1889, p. 796), cependant, se pose la question de savoir si le J.L. Krafft mentionné sur la page de titre ne serait pas son homonyme, décédé à Bruxelles le .