Un jeu décisif, également appelé tie-break en anglais ou bris d'égalité au Canada francophone (Québec et Nouveau-Brunswick), est un jeu au tennis — le jeu étant ici une subdivision d’une manche — qui est d’un type particulier, utilisé pour départager les joueurs à la fin d'une manche (subdivision d’une partie, aussi appelée set)
Règles
Un jeu décisif se joue avec les règles de base. Le joueur (ou l'équipe) dont c'était le tour de servir au terme des douze jeux engage le premier point ; l'adversaire sert ensuite pour le deuxième et troisième point, chacun servant ensuite alternativement deux fois. Le premier joueur (ou première équipe) à atteindre 7 points remporte le set, à condition d'avoir au moins deux points d'écart (sinon le jeu se poursuit jusqu'à ce qu'il y ait deux points d'écart). Les joueurs doivent changer de côté tous les 6 points. Le jeu décisif compte pour un jeu pour le changement des balles, mais si le changement de balles doit intervenir au début d'un jeu décisif, il doit être repoussé jusqu'au second jeu de la manche suivante. Le joueur (ou l'équipe) qui a servi le premier point du jeu décisif doit relancer dans le premier jeu de la manche suivante.
Dans un jeu décisif joué à partir de 6 jeux partout, le score final du set est noté 7-6 (ou 6-7 selon que le joueur ait gagné ou non ce jeu décisif) . Parfois les points du jeu décisif sont affichés également, par exemple, 7-6 (10-8), pour un jeu décisif gagné 10 points à 8. Une autre façon de noter les points est de noter uniquement les points du perdant ; par exemple, 7-6 (8). De même 7-6 (3) signifie que le score du jeu décisif était de 7 points à 3.
Histoire
Le jeu décisif en 9 points est utilisé pour la première fois en , lors des Championnats professionnels intérieurs américains. Il se déroule à 6 jeux partout et le premier à cinq points gagne la manche. Lorsque les deux joueurs atteignent 4 points partout, c'est le dernier à avoir servi qui engage un cinquième point. C'est d'ailleurs la faiblesse de ce jeu décisif qui permet à un joueur n'ayant gagné aucun point sur service adverse de remporter la manche (ou le match). L'US Open 1970 devient le premier tournoi du Grand Chelem à adopter ce tie-break[1].
Lors de l'été 1970, l'International Tennis Federation propose aux fédérations un système alternatif dit en 12 jeux, à 6 jeux partout donc, le premier joueur à remporter au moins sept points (avec deux points d'écart) emporte la manche. La Grande-Bretagne adopte ce système.
En 1971, un système de jeu décisif à 8 jeux partout et joué en 12 points est proposé. Il est utilisé pour la première fois à l'occasion du Tournoi de Wimbledon 1971.
À compter de 1975, il fait partie des règles optionnelles et se déroule, au choix, à 6 ou 8 jeux partout.
En 1979, les règles du jeu décisif sont uniformisées à 6 jeux partout et 7 points dans tous les tournois, sauf dans la dernière manche pour l'Open d'Australie, Roland-Garros et Wimbledon. A cette époque, l'US Open était donc le seul tournoi du Grand Chelem à l'utiliser dans la dernière manche : de 1970 à 2010, 120 tie-break dans la 5e manche y ont été joués. Il a toutefois été utilisé dans la dernière manche à l'Open d'Australie en 1980, 1981 et 1982[2],[3],[4]. Il est de nouveau utilisé dans la dernière manche à l'Open d'Australie à partir de 2019, sous la forme d'un super jeu décisif en 10 points à 6 jeux partout. Il sera utilisé pour la première fois à Wimbledon dans la dernière manche à partir de 2019, sous la forme d'un jeu décisif normal mais à 12 jeux partout. À partir de 2019, Roland-Garros est donc le seul tournoi du Grand Chelem ne proposant aucune forme de tie-break dans la dernière manche.
En 1989, le jeu décisif fait son apparition en Coupe Davis pour les 4 premiers sets.
En 2002, en double, un set particulier appelé super tie-break est disputé lorsque le score est de un set partout. La première équipe à remporter au moins dix points avec deux points d'écart gagne le match. Cette règle a été employée la première fois à l'Open 13 en 2002[5].
En 2016 le jeu décisif dans la 5e manche est instauré en Coupe Davis[6].
Aux Jeux olympiques, le tie-break dans la troisième manche (cinquième pour la finale homme) est appliqué à partir de 2016.
Le super tie-break fait son apparition pour la première fois en simple, à 6 jeux partout dans le cinquième set à l'Open d'Australie 2019.
Lors du tournoi de Wimbledon 2019, un tie-break doit être joué si le score atteint 12 jeux partout au cinquième set[7].
Le terme de tie-break s'emploie également dans d'autres disciplines que le tennis, par exemple pour le système de départage aux échecs.
Depuis Roland-Garros 2022, les 4 tournois du Grand Chelem possèdent le jeu décisif en 10 points à 6 jeux partout lors du dernier set.
Statistiques et jeu décisifs célèbres
Le jeu décisif du troisième set de la finale 1976 de l'US Open remporté par Jimmy Connors 6-4, 3-6, 7-6(9), 6-4 contre Björn Borg, 11 points à 9 est le tournant du match. À noter que d'invention récente le changement de côté tous les six points n'est pas encore rentré dans les habitudes et seul un ramasseur de balles s'aperçoit que ce changement est nécessaire à 9-9 alors que ni l'arbitre ni les joueurs ne s'en sont rendu compte.
Un des jeux décisifs les plus célèbres de l'histoire a lieu lors de la finale du Tournoi de Wimbledon1980. Au 4e set, alors que Björn Borg mène deux manches à une contre John McEnroe, un jeu décisif d'anthologie les oppose, McEnroe l'emporte 18-16 à sa 7e balle de set, non sans avoir sauvé 5 balles de match. Borg remporte la 5e manche (8-6). Le film Borg McEnroe relate l'histoire de cette finale et les jours précédents.
Le second plus long jeu décisif en finale de Grand Chelem oppose Roger Federer à Andy Murray à l'Open d'Australie 2010, après 5 balles de sets sauvées Roger Federer remporte le titre 13 à 11 à sa 3e balle de match.
Dans la finale du Tournoi de Wimbledon 1982, John McEnroe aurait pu remporter le titre s'il avait gagné le jeu décisif du 4e set face à Jimmy Connors (3-6, 6-3, 6-7, 7-6, 6-4) comme Roger Federer à l'US Open 2009 face à Juan Martín del Potro (3-6, 7-6, 4-6, 7-6, 6-2)
Finales de tournois du Grand Chelem conclues sur un jeu décisif dans le cinquième set : Wimbledon 2019, US Open 2020.
Une demi-finale de l'US Open s'est conclue par un jeu décisif : l'US Open 1980 voit John McEnroe triompher 6-4, 5-7, 0-6, 6-3, 7-6 de son compatriote Jimmy Connors.
À Wimbledon en 1991, Stefan Edberg, tenant du titre et finaliste dans les trois dernières éditions, s'incline en demi-finale face à Michael Stich, après avoir remporté la première manche. Il perd les trois suivantes au jeu décisif 4-6, 7-6(5), 7-6(5), 7-6(2), et il perd le match sans perdre son service, alors que Stich s'est fait breaker dans la première manche. Hasard, Jimmy Van Alen l'inventeur du premier jeu décisif, est mort ce jour-là.
À Wimbledon en , l'absence de jeu décisif au 5e set a provoqué le match le plus long de l'histoire du tennis, qualifié de « sans fin » entre John Isner et Nicolas Mahut, au cours duquel le 5e set s'est terminé à 70-68 pour John Isner et a duré 11 heures et 8 minutes[8].
Records
Fait unique sur le circuit ATP, Jan Siemerink a remporté un tie-break en remontant de 0-6 à 10-8 contre Richard Krajicek à l'US Open 1994. Il perd néanmoins le match 6-7, 4-6, 7-6, 7-6(8), 4-6.
Fait unique sur le circuit ATP, Martin Lee n'a laissé aucun point dans les deux tie-break des deux sets du match qui l'opposait à Sjeng Schalken lors du tournoi de Rotterdam 2002, 7-6(0), 7-6(0).
Le plus long tie-break a eu lieu en 2022 entre Reilly Opelka et John Isner, au tournoi de Dallas en 2022, où Opelka s'impose dans la dernière manche 622-7, ce qui constitue le record depuis 1990 soit la création de l'ATP[9].
Le score de 20 points à 18 a également été réalisé à sept reprises[10] :
Il n'y a pas encore eu un seul match joué en cinq tie-breaks, ce qui n'était d'ailleurs possible qu'à l'US Open (avec un tie-break normal à 6-6 au cinquième set) avant un changement de règles en 2019, à l'Open d'Australie (avec un super tie-break en 10 points à 6-6 au cinquième set), à Wimbledon (avec un tie-break normal à 12-12 au cinquième set) et en 2022 avec le jeu décisif en 10 points à 6-6 au cinquième set pour tous les tournois de Grand Chelem. Cela a également été possible en Coupe Davis entre 2016 et 2018. En deux occasions un match en cinq tie-breaks aurait pu se produire si la compétition en question avait appliqué la règle du tie-break au cinquième set : en 2009 en Coupe Davis et en 2017 à Wimbledon.
L'astérisque en bout de ligne signifie dans les matchs joués en cinq sets que le joueur vainqueur a gagné trois des quatre tie break à lui seul[15].
Il y a eu 16 finales jouées au tie break du dernier set dans les tournois classés Masters 1000 (9 par an depuis 1990).
11 sur des matchs en 2 sets gagnants (Novak Djokovic en a remporté 5) et 5 en 3 sets gagnants (Rafael Nadal en a remporté 3).
↑Maxime Ducher (avec E.G.D. et W.P.), « Wimbledon: Le super tie-break à 12-12 dans le 5e set, une décision «nécessaire» ou la fin du «charme» des matchs épiques? », 20 minutes, (lire en ligne, consulté le ).