Jeanne Auzoult[1], dite « Mlle Baron » ou « la Baronne », est une actricefrançaise née en 1625 et morte le 6 septembre 1662.
Biographie
Fille des comédiens Jean Auzoult et Anne de Crenet, elle entre très jeune dans la troupe de l'hôtel de Bourgogne dans laquelle jouent ses parents[2]. Elle y fait la connaissance en 1641 du comédien André Boyron dit Baron, transfuge de la troupe du Marais, qu'elle épouse le 22 avril 1641 en l'église de Saint-Nicolas-des-Champs[2],[3], faisant désormais carrière sous le pseudonyme de « Mlle Baron »[2] ou « la Baronne »[4]. Elle a seize ans, lui quarante.
Michel (né en 1653), qui deviendra un des principaux acteurs de la troupe de Molière et des membres fondateurs de la sociétaire de la Comédie-Française, donnant naissance à une longue lignée des comédiens.
À défaut de qualités d'actrice, sa beauté lui attire le succès[4] et suscite la jalousie de Baron[6]. Tallemant des Réaux rapporte ainsi que le comédien Floridor, qui rejoint à son tour l'hôtel de Bourgogne en 1647, « était amoureux de sa femme et une fois qu'il sembla au mari qu'elle avait parlé (sur le théâtre et dans son rôle) trop passionnément à Floridor, au sortir de la scène, il lui donna deux bons soufflets[3],[6],[7],[8]. » Aux dires de Titon du Tillet, le cardinal de Richelieu la surnomme quant à lui la « Belle Ignorante »[9].
En octobre 1655, Baron se blesse le pied sur scène avec son épée[10]. Atteint de gangrène et refusant l'amputation, il meurt quelques jours plus tard[2],[10],[11].
Elle se remarie après trois ans de veuvage[12] et entretient quelques liaisons médiatisées avec des hommes fortunés. Une mésaventure avec l'un de ses bienfaiteurs lui cause une crise nerveuse telle qu'elle tombe gravement malade[13]. Elle meurt le 6 septembre 1662[14], à seulement 37 ans.
« Cette actrice de grand renom
Dont la Baronne était le nom,
Cette merveille du théâtre
Dont Paris était idolâtre
Qui par ses récits enchanteurs
Ravissait tous ses auditeurs
Est depuis deux jours dans la bière
Et la mort n'a point respecté
Cette singulière beauté,
Faisant périr en sa personne
Une grâce toute mignonne,
Un air charmant, un teint de lis,
Mille et mille agréments jolis
Qui des yeux étaient les délices
Bref, une des rares actrices
Qui pour notre félicité
Sur la scène ait jamais monté. »
↑ abc et dH. Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français (ceux d'hier), op. cit., p. 84.
↑ a et bAuguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, op. cit., p. 111.
↑ ab et cAuguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, op. cit., p. 112.
↑H. Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français (ceux d'hier), op. cit., p. 84-85.
↑ a et bBert Edward Young, Michel Baron, acteur et auteur dramatique, op. cit., p. 15-16.
↑Tallemant des Réaux, Historiettes, op. cit., p. 175, note 1.
↑Six décennies plus tard, Madame Palatine, dans une lettre à sa fille, revient sur ce thème en l'enrichissant d'un détail : « On entend souvent dire ici qu'un certain Floridor était meilleur comédien que [Michel] Baron, mais j'ai du mal à le croire. Les mauvaises langues prétendent même que Baron est le fils de Floridor, qui était très amoureux de la mère de Baron, réputée pour sa beauté. » (« Man rühmt hier viel von einem Floridor, so besser soll gewesen sein, als Baron, ich habe es aber mühe zu glauben. Die medisance will, daß Baron Floridors sohn sein solle, denn er war sehr in Baron seine mutter verliebt, so gar ein schön weib gewest ist. » Lettre du 4 juillet 1720 à Anna Katharina von Harling, dans Élisabeth-Charlotte d'Orléans (édition critique d'Eduard Bodemann), Briefe an ihre frühere Hofmeisterin A.K. von Harling, Hanovre, Hahn, , p. 170 (disponible sur Internet Archive).
↑Évrard Titon du Tillet, Supplément du Parnasse françois, op. cit., p. 638.
↑ a et bBert Edward Young, Michel Baron, acteur et auteur dramatique, op. cit., p. 13.
↑Alfred Copin, Histoire des comédiens de la troupe de Molière, op. cit., p. 233-234.
↑Thomas Corneille, lettre du 19 mai 1658, Œuvres choisies, Paris, Lahure, p. 570. Aucune autre source ne donne de détails sur cette union.
↑Claude et François Parfaict, Histoire du théatre françois, t. IX, Paris, P.-G. Le Mercier, , p. 155 (disponible sur Internet Archive), repris par Bert Edward Young, Michel Baron, acteur et auteur dramatique, op. cit., p. 19.
↑Jean Loret, La Muze historique, op. cit., p. 547.
↑Cité dans Bert Edward Young, Michel Baron, acteur et auteur dramatique, op. cit., p. 20.
Annexes
Bibliographie
Jean Loret (rév. Ch.-L. Livet), La Muze historique ou Recueil de lettres en vers, t. III, Paris, P. Daffis, (lire en ligne sur Gallica), p. 547.
Pierre-David Lemazurier, « Baron », Galerie historique des acteurs du Théâtre-Français depuis 1600 jusqu'à nos jours, Paris, J. Chaumerot, t. I, , p. 76-77 (lire en ligne sur Gallica).
Auguste Jal, « Baron (André - Michel - Étienne-Michel - François - Antoine Boiron dit) », Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Paris, , p. 111-116 (lire en ligne sur Gallica) ; réimp. Genève, Slatkine, 1970.
Bert Edward Young, Michel Baron, acteur et auteur dramatique, Paris, Albert Fontemoing, , « Les premiers Baron », p. 1-24 (disponible sur Internet Archive) ; réimp. Genève, Slatkine, 1971.
Henry Lyonnet, « Baron père », Dictionnaire des comédiens français (ceux d'hier), Genève, Bibliothèque de la Revue universelle internationale illustrée, t. I, , p. 84 (lire en ligne sur Gallica).
Georges Mongrédien et Jean Robert, Les Comédiens français du XVIIe siècle : Dictionnaire biographique, Paris, éd. du CNRS, .
(en) Virginia Scott, Women on the stage in early modern France : 1540-1750, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN978-0521896757, présentation en ligne).