Jean de Lescun d’Armagnac, comte de Comminges (mort en 1473), dit « le bâtard d’Armagnac », est un Maréchal de France du XVe siècle[1].
Biographie
Il est le fils naturel d'Arnaud-Guilhem de Lescun, évêque d'Aire-sur-l’Adour, et d'Annette d'Armagnac de Termes[2]. Il appartient par son père à la petite et ancienne seigneurie de Lescun dans le Béarn[2]. Il commence sa carrière militaire auprès du comteJean V d'Armagnac, auprès de qui il devient un capitaine renommé. Lorsque ce dernier renie son hommage au roi Charles VII, le capitaine le suit jusqu'en Auvergne en mettant le pays à feu et à sang[2].
En 1444, le Dauphin du roi Charles VII, qui deviendra Louis XI, est envoyé contre le comte d'Armagnac[2]. Il le bat rapidement et le fait prisonnier. Jean de Lescun se rattache à la cause du Dauphin, qu'il servira fidèlement, et cela jusqu'à sa mort[2].
Gouvernorat puis Comte de Comminges
Il doit toute sa carrière à la faveur du roi Louis XI, dont il gagne les bonnes grâces et devient le favori alors que ce prince est encore dauphin. Il est nommé sénéchal du Valentinois et maréchal du Dauphiné en 1450, puis gouverneur du Dauphiné de 1457 à 1463 puis à nouveau de 1472 à 1473[3], et il reçoit le titre de comte de Briançonnais en 1464. Il est nommé entretemps gouverneur de Lyon de 1468 à 1473[2].
Conseiller et chambellan royal, il est élevé le à la dignité de maréchal de France, puis officier de la Cour des Aides le , une semaine plus tôt que d'autres[4], et reçoit la jouissance du comté de Comminges[5], juste avant le sacre de Louis XI.
Il est aussi seigneur de Sauveterre en Comminges et Lombez (à distinguer de Sauveterre-de-Comminges), vicomte de Serrières (région de Saint-Frajou], l'Isle-en-Dodon, Salherm, Lilhac, Montbernard, Puymaurin, Mondilhan, Saint-Ferréol, Escanecrabe, Castéra-Vignoles..., dans le prolongement du Savès) et sire de Saint-Béat. Ensuite, il est nommé gouverneur de Guyenne et lieutenant général « en considération de ce que dans la grande nécessité du Roi, il avait laissé tous ses parents, amis, biens et héritages qu’il avait en Gascogne pour le suivre et l'accompagner » en 1462.
On connaît au bâtard d'Armagnac deux autres filles légitimes (aussi de Marguerite de Saluces ?) : Catherine de Lescun (dame de Langoiran, à qui son père le maréchal lègue aussi les fiefs quercynois ; femme de Gaston de Montferrand fils de Bertrand IV), et Antoinette ; ainsi que trois enfants naturels : Jeannot de Mauléon et Cazaubon, Catherine et Jeanne (de Marie Sohier ; légitimés en 1466).
Il reçut en 1469 le collier de l’Ordre de Saint-Michel, en tant que première promotion[7] et mourut le .
Armes avant 1461 (Armagnac) : Écartelé aux 1 et 3 d'argent au lion de gueules, aux 2 et 4 de gueules au lion d'or[8]
Armes après 1461 : Écartelé : aux I et IV, contre-écartelé aux 1 et 4 d'argent au lion de gueules (Armagnac), aux 2 et 3 de gueules au lion léopardé d'or (Rodez) ; au II et III d'argent à la croix pattée de gueules (Comminges), le tout brisé d'un bâton en barre de sable.[9],[10]
Notes et références
↑« Jean bâtard d'Armagnac dit de Lescun », sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison de France, t. VII, p. 94, par le Père Anselme et Honoré Du Fourny, 1733, à la Compagnie des Libraires associés
↑ abcde et fAssociation des amis du Musée d'histoire militaire de Lyon et de sa région (Lyon, Rhône),, Les gouverneurs de Lyon, 1310-2010 le gouvernement militaire territorial, Ed. Lyonnaises d'Art et d'Histoire (ISBN9782841472260 et 2841472264, OCLC758287729, lire en ligne)
↑Nommé sénéchal par lettres du roi du puis gouverneur par lettres du : Guy Allard - Les gouverneurs et lieutenans généraux au gouvernement de Dauphiné, Grenoble, Jean Verdier impr., 1704 (réed. par H. Gariel, Grenoble, 1864, p. 176-177). Allard ne fait pas le rapprochement entre le bâtard d'Armagnac de la première période et le maréchal de France seigneur de Comminges de la seconde.
↑Ordonnances des roys de France de la troisième race : Ordonnances rendues depuis le commencement du règne de Louis XI jusqu'au mois de mars 1473. 1811-20, , 994 p. (lire en ligne), p. 468.
↑Le comté de Comminges était retourné à la Couronne depuis la mort de Mathieu de Foix en 1453 et le roi pouvait donc en disposer. Cependant, Jean de Lescun prétendait volontiers se rattacher aux anciens comtes, arborant dans ses armes la croix pattée de Comminges et le lion des Armagnac. Il reprenait ainsi les prétentions de la branche des comtes d'Armagnac et se posait en leur héritier (le comte Jean III d'Armagnac avait épousé Marguerite comtesse de Comminges ; son grand-père Jean Ier était le fils de Bernard VI d'Armagnac et de Cécile de Rodez, fille de Mascarosse de Comminges fille du comte Bernard VI de Comminges). Or sa mère Annette ne venait que de la branche cadette des Armagnac de Termes(sœur de Jean IV, le père de Thibaud de Termes ; fille de Jean III, fils de Géraud maréchal d'Armagnac, fils de Jean II, fils de Jean Ier (fils de Roger II d'Armagnac de Termes, fils de Roger Ier de Fezensaguet et frère du comte Géraud VI) et de Béatrice de Lautrec (fille d'Isarn Ier de Lautrec-Montredon). Par son ascendance paternelle Béarn de Lescun alliée aux Castelnau-Tursan, le maréchal de Lescun descendait de Gaston VII de Béarn mais aussi de Gaston IX-II de Foix, et donc de Mathe de Matha vicomtesse de Marsan, fille de Pétronille de Comminges-Bigorre et femme de Gaston VII. De plus la femme de Jean de Lescun, Marguerite de Saluces, avait pour grand-mère maternelle Jeanne de Savoie fille d'Amédée VII et de Bonne de Berry, elle-même arrière-petite-fille, par sa mère Jeanne d'Armagnac, de Bernard VI d'Armagnac et Cécile de Rodez ci-dessus.
↑Pour d'aucuns, l'acquisition de Graulhet sur les Lévis-Lautrec n'aurait été faite qu'un peu plus tard, par les d'Amboise d'Aubijoux issus du maréchal de Lescun (son gendre Hugues ou son petit-fils Jacques). Certains précisent même que Graulhet serait passé à la maison de Foix, et que Jean de Foix-Lautrec, petit-fils du comte Jean Ier et mari de Jeanne d'Aydie de Lescun – cousine éloignée du maréchal de Lescun bâtard d'Armagnac – l'aurait échangé en 1498 avec Hugues d'Amboise d'Aubijoux.
↑Lettres patentes de Louis XI, Amboise, le 1er août 1469 (lire en ligne).
↑Guy Allard, Les gouverneurs... de Dauphiné, 1704-1864, p. 177.
Emmanuel Johans, « Jean de Lescun (v. 1405-1473) : Destinée politique d’un vrai bâtard, pseudo-Armagnac, au service du roi », dans Bâtards et bâtardises dans l’Europe médiévale et moderne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN9782753555471, lire en ligne), p. 279–288.
Emmanuel Johans, « Les bâtards d'Armagnac (XIVe – XVIe siècles) », dans Éric Bousmar, Alain Marchandisse, Christophe Masson et Bertrand Schnerb (éditeurs), La bâtardise et l'exercice du pouvoir en Europe du XIIIe au début du XVIe siècle, coll. « Revue du Nord (Hors Série Histoire) » (no 31), , p. 251-266.
Liens externes
[1] Galeries historiques du Palais de Versailles, p.212, Imprimerie royale, 1842