En 1972, il fonde une compagnie, le Théâtre de la Colline, qui représente au théâtre de l’ENS des auteurs contemporains (Bergman, Ghelderode) ainsi que des créations collectives. Il met en scène en 1981 La Tempête de Shakespeare au théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis avec François Marthouret et François Barthélemy[2].
Il traduit pour la scène plus que pour la lecture et ses traductions s’adaptent aux exigences de la représentation scénique[3] et des metteurs en scène[4]. Traducteur et dramaturge, il est ainsi associé à la mise en scène et revendique de traduire « pour la voix et le corps des acteurs »[5].
En 1990, il crée avec Jacques Nichet, Jean Lebeau, Michel Bataillon et Jean-Louis Besson la Maison Antoine Vitez - Centre international de la traduction théâtrale, installée à Montpellier : cette association réunit des linguistes et des praticiens de théâtre et a pour objectif de promouvoir la traduction théâtrale, la découverte du répertoire mondial et des dramaturgies contemporaines ; elle édite des auteurs de théâtre en coédition avec les Éditions théâtrales[6].
Il est président de 2006 à 2009 de l’association Société française Shakespeare[9].
Jean-Michel Déprats dirige, en collaboration avec Gisèle Venet, la traduction complète des trente-huit pièces de William Shakespeare, qui paraît en édition bilingue dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade aux éditions Gallimard depuis 2002[10] ; l’objectif est de retrouver la théâtralité première du dramaturge anglais : « Shakespeare était avant tout un directeur d’acteurs. Il écrivait pour « ses » comédiens. Les mots qu’il a choisis, le rythme qu’il impose, donnent des indications de jeu. Il y a dans le vers shakespearien une véritable partition gestuelle, une manière de guider la voix et le corps de l’acteur à travers les figures de style. Cela ne diminue en rien sa grandeur poétique. Au contraire. C’est là-dessus que j’essaie d’être le moins perdant, en tant que traducteur. »[11], tout en étant conscient du caractère éphémère de toute traduction théâtrale : « Pas plus qu’il n’y a de mise en scène définitive, il n’y a de traduction définitive. La traduction est éphémère, caduque, on sait qu’elle vieillira, qu’elle sera dépassée en raison de l’évolution des langues. En raison de l’évolution de la pensée de la traduction[12]. »
1993 : Orlando d’après Virginia Woolf, au Théâtre Vidy-Lausanne, puis repris au Théâtre de L’Odéon, dans le cadre du Festival d’Automne de Paris, mise en scène de Bob Wilson[20].
Les pièces isolées traduites par Déprats paraissent à partir de 1980 dans différentes maisons d’éditions : Éditions théâtrales, Éditions Comp’act, Gallimard, ou sont publiées par les théâtres où a eu lieu la mise en scène. La Bibliothèque de la Pléiade regroupe ces traductions sous le titre Œuvres complètes[23] :
Tragédies I, 2002 : Titus Andronicus, Roméo et Juliette, Jules César, Hamlet, Othello (ISBN2-07-011362-0).
Tragédies II, 2002 : Le roi Lear, Macbeth, Timon d’Athènes, Antoine et Cléopâtre, Coriolan (ISBN2-07-011363-9).
Histoires I, 2008 : La première partie d’Henry VI, La deuxième partie d’Henry VI, La troisième partie d’Henry VI, La tragédie de Richard III, Vie et mort du roi Jean (ISBN978-2-07-011364-4).
Histoires II, 2008 : La tragédie du roi Richard II, L’histoire d’Henry IV, La deuxième partie d’Henry IV, La vie d’Henry V, La célèbre histoire de la vie du roi Henry VIII (ISBN978-2-07-011365-1).
Auteurs de théâtre élisabéthains
John Ford, Dommage que ce soit une putain, Gallimard, coll. « Folio Théâtre », Paris, 1998 (ISBN2-07-040463-3).
Oscar Wilde, L’éventail de Lady Windermere, Gallimard, 2000, coll. « Folio Théâtre », Paris, 1998 (ISBN2-07-039488-3).
Oscar Wilde, L’éventail de Lady Windermere, Une femme sans importance, Un mari idéal, L’importance d’être constant, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléïade », 1996 (ISBN2-07-011266-7).
Howard Barker, Tableau d’une exécution, dans Œuvres choisies, 1, [ éd. théâtrales, Paris ; Maison Antoine Vitez, Montpellier, coll. « Scènes étrangères », 2001 (ISBN2-84260-083-5) ; rééd. 2005 (ISBN2-84260-185-8).
Howard Barker, Gertrude : le cri, trad. avec Élisabeth Angel-Perez, dans Œuvres choisies, 4, éd. théâtrales, Paris ; Maison Antoine Vitez, Montpellier, coll. « Scènes étrangères », 2003 (ISBN2-84260-137-8) ; rééd. 2009.
Howard Barker, La griffe, cotraduit avec Nicolas Rippon, dans Œuvres choisies, 3, éd. théâtrales, Paris ; Maison Antoine Vitez, Montpellier, coll. « Scènes étrangères », 2003 (ISBN2-84260-125-4).
Howard Barker, 13 objets : études sur la servitude, Animaux en paradis, trad. avec Marie-Lorna Vaconsin, éd. théâtrales, Paris ; Maison Antoine Vitez, Montpellier, coll. « Scènes étrangères », 2004 (ISBN2-84260-166-1).
Howard Barker, Judith : le corps séparé, dans Œuvres choisies, 6, éd. théâtrales, Paris ; Maison Antoine Vitez, Montpellier, coll. « Scènes étrangères », 2006 (ISBN978-2-84260-237-6).
David Hare, Mon lit en zinc, cotraduit avec Dominique Hollier, L’Avant-scène, coll. « L’Avant-scène. théâtre », Paris, 2006 (ISBN2-7498-0989-4).
Arnold Wesker, Souvenirs fantômes, L’Avant-scène, coll. « Collection des Quatre-Vents », no 1156, 2004.
Kate Atkinson, Nice ; Duncan McLean, Rug comes to Shuv ; Janice Galloway, Chute, Les Solitaires intempestifs, Besançon, 1998 (ISBN2-912464-20-X).
Barry Hall, À trois, Les Solitaires intempestifs, Besançon, 1998 (ISBN2-912464-13-7).
Publications
« Chatterton ou la passion de l’écriture », Théâtre / Public, , p. 29-30.
« Traduire le théâtre », Actes des 6e Assises de la traduction littéraire en Arles, Actes Sud, Arles, 1990.
Antoine Vitez, le devoir de traduire, études réunies et présentées par Jean-Michel Déprats, Éditions Climats & Maison Antoine Vitez, Montpellier, 1996.
« Le geste et la voix : réflexions sur la traduction des textes de théâtre », Langues modernes, vol. XCI, no 3, 1997, p. 3.
« Traduire une langue duelle : le cas de l'anglo-irlandais de Synge dans The Playboy of the Western World », dans Palimpsestes, vol. 11, 1998 En ligne.
Notice « Traduction » dans Dictionnaire encyclopédique du théâtre, dir. Michel Corvin, Larousse, 1998, p. 1643-1645.
« Esquisse d’une problématique de la traduction shakespearienne », Cahiers internationaux de symbolisme, nos 92-94, 1999, p. 39-48.
« "I cannot speak your England": sur quelques problèmes de traduction d’Henry V », dans Actes des Congrès de la Société française Shakespeare, vol. 18, 2000, p. 63-74.
« Pour une poétique théâtrale de la traduction shakespearienne », Degrés, vol. 29, no 107-08, 2001, p. 1-46.
Shakespeare, Le monde est une scène. Métaphores et pratiques du théâtre. Anthologie proposée et commentée par Georges Banu ; traduction et introduction par Jean-Michel Déprats, Gallimard, coll. « Pratique du Théâtre », 2009 (ISBN978-2-07-012500-5).
Notes et références
Notes
↑L’orthographe de son nom est bien Déprats (sur les pages de titre de tous ses ouvrages, sur les programmes de théâtre, ainsi que dans la notice auteur de la Bibliothèque nationale de France) ; mais on trouve aussi Jean-Michel Desprats dans un certain nombre d’articles de presse ou sur des sites internet.
↑« La traduction doit rester ouverte, permettre le jeu, mais ne pas en dicter un, être animé par un rythme, mais ne pas en imposer un. Traduire pour la scène, ce n’est pas tordre le texte en vue de ce qu’on espère montrer, de comment on jouera ou qui jouera. Ce n’est pas devancer, prévoir ou proposer une mise en scène, c’est rendre celle-ci possible », « Traduire Shakespeare pour le théâtre », Théâtre/Public, no 44, mars-avril 1982, p. 48.
↑Il indique ainsi à propos de sa traduction du Baladin du monde occidental de Synge pour la mise en scène de Jacques Nichet : « Soumis aux impératifs catégoriques d’une mise en scène particulière… dont le projet était de jouer le mythe, non la fable paysanne, d’écarter un folklorisme irlandais … j’ai tenté de conjuguer immédiateté et étrangeté, compréhension et insolite, oralité et brisures rythmiques », « Traduire une langue duelle : le cas de l’anglo-irlandais de Synge dans The Playboy of the Western World », dans Palimpsestes, no 11, 1998, p. 71-82.
↑Jean-Michel Déprats : “On traduit pour la voix et le corps des acteurs”, Magazine littéraire, no 393, décembre 2000, p. 46-49.
↑Cette traduction doit remplacer celle de François-Victor Hugo, auteur d’une édition complète publiée entre 1857 et 1872, qui a fait autorité pendant près d’un siècle ; elle a été publiée dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1959.
↑Cité dans : Fabienne Darge, « Jean-Michel Déprats ou l’art de traduire Shakespeare en comédien », Le Monde, 19 décembre 2008.
↑Jean-Michel Déprats, préface à l’édition de la Pléiade.
↑Leanore Lieblein, « Translation and Mise-en-Scène : The Example of French Translation of Shakespeare », Journal of Dramatic Theory and Criticism, 1990, p. 81-94 (« The Déprats-Coriolanus » p. 84-87 : examen de la traduction de Déprats).
↑Carole Guidicelli, « Les tours de la machine et les détours du langage : Le Marchand de Venise mis en scène par Luca Ronconi », LISA, vol. 6, no 3, 2008 Lire en ligne ; entretien entre J. M. Déprats et L. Ronconi, Théâtre/public, Gennevilliers, no 78, 1987, p. 23-28.
↑Le Baladin du monde occidental de John Millington Synge, trad. de Jean-Michel Déprats ; mise en scène de Jacques Nichet, L’Avant-scène, coll. « L’Avant-scène. Théâtre »), no 859, 1989.