Issu de la très ancienne famille de Menou, il entre de bonne heure en maçonnerie (en 1777 il est membre de la Loge Les cœurs unis de Loches[1]) et dans la carrière des armes ; il est déjà maréchal de camp en 1789 lorsqu'il est élu député de la noblesse du bailliage de Touraine aux États généraux en 1789. Il se rallie à la Révolution et est nommé secrétaire de l'Assemblée constituante en décembre et président le . Membre du comité diplomatique, il est employé après la session comme maréchal de camp à Paris le , puis à l'armée de l'Ouest.
Il combat en Vendée en 1793. Promu général de division le de la même année, il commande des sections de Paris à partir du . Il force notamment le faubourg Saint-Antoine à capituler. Général en chef de l'armée de l'Intérieur, il est dénoncé comme traître, mis en jugement et acquitté en 1795. En 1798, il commande l'une des cinq divisions de l'armée d'Orient lors de la campagne d'Égypte. À la tête de l'armée d'Orient, il y montre beaucoup de valeur, se convertit à l'islam[2] et épouse une riche musulmane divorcée[3]. Il prend alors le prénom d'Abdallah-Jacques.
Général en chef de l'armée d'Orient
Après l'assassinat du général Kléber, Menou lui succède à la tête de l'armée d'Égypte comme général en chef[4].
Loin d'égaler le grand général aimé de ses hommes qu'était Kléber, Menou n'est pas du tout soutenu par les autres officiers, dont le général Damas et le général Verdier. Piètre tacticien et ne suscitant pas l'adhésion de ses subordonnés, il commet bévue sur bévue — il n'hésite pas, par exemple, à prénommer son fils du prénom de l'assassin de Kléber, Soleyman el-Halaby, peu après la mort de ce dernier. Lorsque les Anglais d'Abercromby débarquent en force à Aboukir (16 000 hommes) le , il tarde à intervenir, les laissant écraser la petite garnison d'Aboukir puis s'installer efficacement.
Le il prend la tête du corps expéditionnaire français pour repousser le débarquement anglais lors d'une ultime bataille à Canope, qui se solde par une défaite. Après une diversion pourtant réussie, l'attaque sur le centre du dispositif anglais échoue : le général Lanusse, mortellement blessé, laisse ses troupes désemparées. L'obscurité et le manque de coordination conduisent à des combats fratricides. L'assaut est manqué. Menou, mal renseigné sur les opérations en cours, lance tout de même sa cavalerie. Les dragons tuent Abercromby mais sont eux-mêmes anéantis. Après cet affrontement il se retire à Alexandrie, où il capitule le . Il est contraint d'évacuer l'Égypte et cède aux Anglais la pierre de Rosette.
« Jacques Murad Soliman de Menou Boussay, successeur à la possession des biens affectés à la dotation du majorat attaché au titre de comte accordé à son père, le major Jacques, François de Menou Boussay.[6] »
De gueules à la bande d'or ; au franc-quartier des barons militaires.[8]
Publications
Opinion de M. le baron de Menou, député a l'Assemblée nationale : prononcée dans la séance du mardi 13 avril, Paris, De l'Imprimerie nationale, (lire en ligne)
La passion et la mort de Louis XVI, roi des juifs et des chrétiens, À Jérusalem (Paris ?), (lire en ligne)
Premier rapport sur Avignon et le Comtat Venaissin fait au nom des Comités diplomatique et d'Avignon, dans la séance du samedi matin 30 avril 1791, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne)
Second rapport sur l'affaire d'Avignon : fait a l'Assemblée national, a la séance du 24 mai 1791, au nom des Comités diplomatique, de Constitution et d'Avignon, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne)
Troisième rapport sur Avignon et le Comtat Venaissin : fait à l'Assemblée nationale dans la séance du lundi 12 septembre 1791, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne)
↑« Le général Menou était très-instruit, bon administrateur, intègre. Il s'était fait musulman, ce qui était assez ridicule, mais fort agréable au pays ; on mettait en doute ses talents militaires ; on savait qu'il était extrêmement brave, il s'était bien comporté dans la Vendée et à l'assaut d'Alexandrie ». Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène.
↑« Acte de mariage du général Abdallah Menou avec la dame Zobaïdah », Bulletin de l'Institut égyptien, Le Caire, Imprimerie nationale, no 9, , p. 221 et suivantes (lire en ligne)
↑« Après la mort de Kléber, l'Égypte ne fut plus qu'un champ d'intrigues ; la force, et le courage des Français restèrent les mêmes ; mais l'emploi ou la direction qu'en fit le général ne ressemblèrent plus à rien. Menou était tout à fait incapable ; les Anglais vinrent l'attaquer avec 20 000 hommes ; il avait des forces beaucoup plus nombreuses et le moral des deux armées ne pouvait pas se comparer. Par un aveuglement inconcevable, Menou se hâta de disperser toutes les troupes, dès qu'il apprit que les Anglais paraissaient ; ceux-ci se présentèrent en masse et ne furent attaqués qu'en détail ». Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène.
↑« BB/29/1052 pages 14B-15. », Jacques Murad Soliman de Menou Boussay, successeur à la possession des biens affectés à la dotation du majorat attaché au titre de comte accordé à son père, le major Jacques, François de Menou Boussay., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
Jean-Baptiste Kléber et Jacques de Menou de Boussay, Kléber et Menou en Égypte depuis le départ de Bonaparte : (août 1799-septembre 1801), Paris, Éd. A. Picard et fils, coll. « Publications de la Société d’histoire contemporaine », , LIX-455 p., in-8° (lire en ligne). — Réunit des lettres de Kléber et de Menou.
Michel Laurencin, Dictionnaire biographique de Touraine, C.L.D, 1990, p. 407- 410 : MENOU famille (de) ; MENOU Jacques-François-Abdallah (de) (1750-1810) ; MENOU René-Louis-François (de) (1776-1841).