János Gálicz (en hongrois : Gálicz János, en russe : Янош Галич), né à Tótkomlós en 1890, mort à Moscou en 1939, est un militaire hongrois qui obtint la nationalité soviétique et qui, sous le pseudonyme de "Colonel Gal", ou "Général Gal", combattit aux côtés des Républicains pendant la guerre civile espagnole.
Fait prisonnier par les Russes sur le front oriental, il est envoyé en camp de prisonniers et devient communiste ; il participe avec les bolcheviques à la guerre civile russe[1].
Aucun historien n’a écrit de commentaire favorable sur l’action de Gálicz pendant la guerre civile espagnole[6].
En particulier, son ordre d’attaquer le cerro (colline) du Pingarrón pendant la bataille du Jarama a été jugé suicidaire et stupide[7] et a entraîné des pertes énormes dans la XVe B.I. : plus du tiers des anglophones[8].
Il semble que Gálicz a voulu à tout prix remporter des lauriers en Espagne, sans tenir compte du fait que ses soldats étaient des citoyens américains, britanniques et canadiens, ayant familles et correspondants - et non les combattants anonymes et innombrables de la guerre civile russe. De plus, le caractère du « plus mystérieux et incompétent des officiers soviétiques »[9] était imprévisible, et son incompétence évidente[10].
Fin 38, Staline, apparemment bien tenu au courant, entre autres par son envoyé spécial en Espagne Mikhaïl Koltsov, rappelle Gálicz à Moscou et le fait liquider[11]dans le cadre des Grandes Purges[12].
Gal vu par Ernest Hemingway
Ernest Hemingway reprochait à Gal comme à son collègue Senko, Vladimir Ćopić, de sacrifier inutilement les combattants de la XVe brigade internationale (et en particulier les Américains du Lincoln Batallion et les Britanniques du British Battalion) en appliquant à la lettre la méthode russe de l'assaut massif dérivée des combats de la Première Guerre mondiale et de la guerre civile russe. De plus Hemingway pensait (et affirmait) que les Américains et Britanniques devaient avoir un chef d'origine anglo-saxonne et non hongroise ou croate.
Dans Pour qui sonne le glas, le héros, Robert Jordan, maquisard américain qui se bat aux côtés des Républicains espagnols, pense aux chefs soviétiques qu’il a rencontrés au Gaylord, leur hôtel de Madrid, et il ne cache pas son exécration pour Gal : "Et puis il y avait Gal, le Hongrois, qui aurait dû être fusillé si l’on ne croyait que la moitié de ce que l’on entendait sur lui au Gaylord. Même si l’on n’en croit que le dixième, d’ailleurs… "[13]
Hemingway a décrit aussi dans Pour qui sonne le glas comment, lors des conseils de guerre de l’état-major des forces républicaines, Massart (André Marty), le commissaire politique tout puissant mais incompétent en matière stratégique, décidait quel était selon lui le point faible de l’ennemi et pointait du doigt, au hasard, sur la carte, la position à attaquer. Alors que le général Golz (Karol Świerczewski) protestait contre l’ordre inepte, "Gall et Copic, qui étaient des politiciens ambitieux, approuvaient chaque fois et, plus tard, des hommes qui n’avaient pas vu la carte, mais apprenaient par ouï-dire le numéro de la colline avant de quitter leur point de départ, et à qui on avait juste montré le terrain ou les tranchées qui s’y trouvaient, escaladaient encore une fois la pente pour y trouver leur mort, ou, encore une fois arrêtés par des mitrailleuses placées dans des bosquets d’oliviers, ils devaient renoncer à atteindre le sommet. Ou bien, sur d’autres fronts, les hommes grimpaient aisément, et cela ne servait absolument à rien."[14].
↑Kitchen, Martin. Europe between the wars. Pearson Education, 2006. (ISBN058289414X), p. 356
↑Eby, Cecil D. Comrades and commissars: the Lincoln Battalion in the Spanish Civil War. Penn State Press, 2007. (ISBN9780271029108), p. 65
↑Petrou, Michael. Renegades: Canadians in the Spanish Civil War. UBC Press, 2008. (ISBN9780774814171), p. 63
↑Vladimir Ćopić, son collègue à la tête de la XVe B.I., subit le même sort en 1939.
↑Mora, Juan Miguel de. Sólo queda el silencio. Univ de Castilla La Mancha, 2005. (ISBN848427361X), p. 166
↑Pour qui sonne le glas, milieu du chapitre 18. "Then there was Gall, the Hungarian, who ought to be shot if you could believe half you heard at Gaylord’s. Make it if you can believe ten per cent of what you hear at Gaylord’s… ".
↑ milieu du chapitre 42 de "For Whom the Bell Tolls" (Pour qui sonne le glas) : " Gall and Copic, who were men of politics and of ambition, would agree, and later, men who never saw the map, but heard the number of the hill before they left their starting place and had the earth or diggings on it pointed out, would climb its side to find their death along its slopes or, being halted by machine guns placed in olive groves would never get up it at all. Or on other fronts, they might scale it easily and be no better off than thay had been before."