Ike Gyokuran (池 玉瀾?) (1727-1784), est une peintre, calligraphe et poétesse japonaise spécialisée en Bunjin-ga[1]. Elle est célèbre à Kyoto de son vivant et elle demeure une artiste reconnue au Japon après son décès[2].
Biographie
Ses parents lui donnent le nom de naissance de Machi (町?). Enfant, elle reçoit le nom d'artiste Gyokuran, probablement de son professeur de peinture Ki-en(1707-1758)[3].
Ike Gyokuran épouse l'artiste Ike no Taiga et devient connue sous son nom de femme mariée Ike Gyokuran. Elle est également connue sous le nom de Tokuyama Gyokuran[4].
Jeunesse et formation
Ike Gyokuran commence à apprendre la peinture très tôt auprès du célèbre peintre de lavis Yanagisa Kien, habitué du salon de thé de sa mère[5]. C'est probablement lui qui la présente à un de ses étudiants, Ike no Taiga.
Ike no Taiga enseigne à Ike Gyokuranle style de peinture du mouvement nanga[6] une version japonaise d'un style chinois. La calligraphe lui apprend à son tour la poésie dans le style japonais waka, dans lequel elle est compétente[3].
Le couple est réputé pour son excentricité. Ils créent ensemble, s’influencent mutuellement, et jouent de la musique ensemble pour leurs loisirs, en tant qu’égal à égal, ce qui est assez inhabituel dans un pays où les femmes sont encore largement considérées comme inférieures aux hommes à l'époque. D'ailleurs, Ike Gyokuran ne s'est pas rasé les sourcils, comme c'était l'usage pour les femmes mariées[7].
Carrière
Ike Gyokuran peint des paravents et des portes coulissantes, des parchemins portables, des parchemins suspendus et des peintures en éventail[1]. Elle a également souvent peint de petites scènes sur lesquelles elle a inscrit ses poèmes en calligraphie. Son œuvre Autumnal Landscape est conservée dans la collection du Metropolitan Museum of Art[8].
"Au Japon, au XVIIIe siècle, il est extrêmement rare que les femmes soient des peintres", a déclaré Anne d'Harnoncourt, directrice du Philadelphia Museum of Art[5]. Ike Gyokuran et son mari vivent avec peu d'argent dans un petit studio à côté du sanctuaire de Gion à Kyoto.
Reconnaissance
En 1910, ses vers sont imprimés à côté d'une gravure sur bois du salon de thé de Matsuya au sanctuaire de Gion, dans le Gion sanjo kashū (recueil de poèmes des trois femmes de Gion).
À l'occasion du Jidai Matsuri (Festival des âges), organisé chaque année à Kyoto, les jeunes femmes qui doivent se travestir en personnalités féminines de l'histoire de la ville, se déguisent en Ike Gyokuran[9].
En 2007, le Philadelphia Museum of Art consacre au couple une exposition rétrospective intitulée Ike Taiga and Tokuyama Gyokuran, Japanese Masters of the Brush[10].
↑(en-US) Roberta Smith, « Ike Taiga and Tokuyama Gyokuran: Japanese Masters of the Brush - Art - Review », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑Felice Fischer, Ike Taiga and Tokuyama Gyokuran : Japanese Masters of the Brush, Philadelphia, PA, Philadelphia Museum of Art, , 33 p. (ISBN978-0-87633-198-9)
↑(en) Stephen Addiss, Flowering in the Shadows : Women in the History of Chinese and Japanese Painting, Honolulu, University of Hawai'i Press, , 315 p. (ISBN0-8248-1149-6), « The Three Women of Gion », p. 253
↑(en) Stephen Addiss, Flowering in the Shadows : Women in the History of Chinese and Japanese Painting, Honolulu, University of Hawai'i Press, , 315 p. (ISBN0-8248-1149-6), « The Three Women of Gion », p. 261