Hosties noires, publié en 1948, est le deuxième recueil de poèmes publié par l'écrivain français et sénégalais Léopold Sédar Senghor[1].
Les thèmes abordés sont notamment ceux de l'expérience de la guerre, des camps de travail ou encore de l'éloge des soldats africains qui ont combattu pour la France pendant le Seconde Guerre mondiale[2]. Quatre poèmes sur 18 sont directement consacrés aux tirailleurs sénégalais[3].
Contexte d'écriture et parution
Senghor pendant la Seconde Guerre mondiale
En 1939, Senghor est enrôlé comme fantassin de 2e classe dans un régiment d'infanterie coloniale. Il est affecté au 31e régiment d'infanterie coloniale, régiment composé d'Africains, malgré l'acquisition de la citoyenneté par Senghor en 1932. Le 20 juin 1940, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à La Charité-sur-Loire. Il est interné dans divers camps de prisonniers (Romilly, Troyes, Amiens). Il est ensuite transféré au Frontstalag 230 de Poitiers, un camp de prisonniers réservé aux troupes coloniales.
Au total, Senghor passera deux ans dans les camps de prisonniers, temps qu'il consacrera à la rédaction de poèmes dont la plupart de ceux d'Hosties noires[4].
Avec ce recueil, Senghor souhaite réaliser un travail de mémoire au profit des soldats africains. Ainsi, les textes peuvent être lus comme un éloge funèbre qui souligne leurs valeurs humaines (dignité, courage, fraternité). De manière plus générale, on y retrouve une glorification de l'Afrique et de ses cultures. D'où la reconnaissance du recueil comme un jalon important du mouvement de la négritude[2].
Le livre, dès son titre, met en avant l'espoir de paix et de réconciliation au travers du pardon. Senghor qui a reçu une éducation chrétienne[5], utilise le mot hostie comme symbole du sacrifice du Christ[6]. L'expression d'« hosties noires » peut alors être comprise comme une périphrase désignant les soldats africains en martyrs[2].
Ginette et Félix Éboué
L'un des poèmes (« Au gouverneur Éboué »), écrit en 1942 à Paris, est dédiée à Félix Éboué dont Senghor épouse la fille, Ginette, en 1946.
↑Carla van den Bergh, « L’événement de la commémoration dans Hosties noires de Léopold Sédar Senghor », dans Que m'arrive-t-il ? : Littérature et événement, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », (ISBN978-2-7535-4633-2, lire en ligne), p. 47–61
↑« Un document inédit de Léopold Sédar Senghor », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Carla van den Bergh, « L’événement de la commémoration dans Hosties noires de Léopold Sédar Senghor », Que m'arrive-t-il ? Littérature et événement, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006
Joubert Jean-Louis, « Léopold Sédar Senghor Poésie/Politique », Girault Jacques, Lecherbonnier Bernard éd., Léopold Sédar Senghor Africanité-Universalité, actes du colloque du 29-30 mai 2000, Université Paris 13, l'Harmattan, 2002
Marc Michel, « Hosties noires entre mémoire et reconnaissance », Girault Jacques, Lecherbonnier Bernard éd., Léopold Sédar Senghor Africanité-Universalité, actes du colloque du 29-30 mai 2000, Université Paris 13, l’Harmattan, 2002