Hiromi Kawakami(川上 弘美, Kawakami Hiromi?, née le ) est une romancière, critique littéraire et essayiste japonaise née à Tokyo[1]. Sa production a fait d'elle une des romancières contemporaines les plus populaires du Japon[2].
Kawakami commence à écrire en 1980, faisant paraître des textes de science-fiction dans le magazine New Wave SF[4] pour lequel elle est également éditrice.
En 1994, elle publie son premier recueil de nouvelles, Kamisama (Dieu) ; elle reçoit cette même année le premier prix Pascal des jeunes auteurs de nouvelles (パスカル短篇文学新人賞).
Elle est récompensée en 1996 par le Prix Akutagawa pour sa nouvelle Hebi o fumu (littéralement : Marcher sur un serpent)[1]. Elle intègrera plus tard le comité de sélection de ce prix[4].
Publié en 2000 au Japon et en 2003 en France, Les Années Douces est son premier roman et le plus connu au Japon[5]. En 2001, il vaut à Hawakami le Prix Tanizaki[1], et est ensuite remarqué en France pour la sensibilité de son écriture[6]. Le roman raconte la naissance d'une histoire entre une jeune femme trentenaire, Tsukiko, et l'un de ses anciens professeurs de littérature, septuagénaire, rencontré par hasard dans un café qui verra l'évolution de leur relation au fil des saisons et de rencontres épisodiques et toujours aléatoires.
Le livre est adapté au cinéma, et aussi en manga par Jirô Taniguchi (2008 au Japon puis 2010 en français[7]); cette dernière version contribue à la réputation de Taniguchi comme l'un des grands dessinateurs de son époque[8].
Après Les Années Douces
Le succès des Années Douces permet de faire connaître hors du Japon d'autres de ses textes, dont Abandons (1999 au Japon, 2003 pour la traduction française), puis Cette lumière qui vient de la mer (2003 au Japon, 2005 pour la France), qui confirme la « voix sensible et chaleureuse » de l'auteur[9].
Style et thèmes
Hawakami fait partie de la vague de féminisation qui a touché progressivement la littérature japonaise jusqu'à faire « voler en éclats l'image du Japon traditionnel »[10]. Une des figures précoces et majeures de la période post-Fukushima, elle écrit sur le quotidien qui continue dans un monde qui a changé[11]. L'oeuvre d'Hawakami met typiquement en scène des univers « vacillant entre réalisme et fantastique »[5].
Sa trajectoire, de la science fiction vers un roman traditionnel mais marqué par le surnaturel, témoigne de la redistribution des genres dans le paysage littéraire japonais à la fin du XXe siècle[4].
Liste des œuvres traduites en français
1999 : Abandons (溺レる), huit nouvelles traduites par Sophie Refle, Actes Sud ("Lettres japonaises"), 2003.
2001 : Les Années douces (センセイの鞄), roman traduit par Elisabeth Suetsugu, Editions Philippe Picquier, 2003 ; Picquier poche, 2005.
2003 : Cette lumière qui vient de la mer (光ってみえるもの、あれは), roman traduit par Elisabeth Suetsugu, Editions Philippe Picquier, 2005 ; Picquier poche, 2008.
2003 : Les 10 amours de Nishino (ニシノユキヒコの恋と冒険), roman traduit par Elisabeth Suetsugu, Editions Philippe Picquier, 2013 ; Picquier poche, 2015.
2005 : La Brocante Nakano (古道具 中野商店), roman traduit par Elisabeth Suetsugu, Editions Philippe Picquier, 2007 ; Picquier poche, 2012.
2006 : Lu Ma Me Je Ve Sa Di (月火水木金土日), dans Meet n°11 (Tokyo/Luanda, p. 27-37), nouvelle traduite par Elisabeth Suetsugu, Editions Meet, .
2006 : Manazuru (真鶴), roman traduit par Elisabeth Suetsugu, Editions Philippe Picquier, 2009 ; Picquier poche, 2012.
2008 : Le Temps qui va, le temps qui vient (どこから行っても遠い町), roman traduit par Elisabeth Suetsugu, Editions Philippe Picquier, 2011 ; Picquier poche, 2013.
2014 : Soudain, j'ai entendu la voix de l'eau (水声), roman traduit par Elisabeth Suetsugu, Editions Philippe Picquier, 2016 ; Picquier poche, 2018.
↑(en-US) Hiromi Kawakami et translated by Allison Markin Powell, « Read Your Way Through Tokyo », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cTakayuki Tatsumi, Mari Kotani et Denis Taillandier, « À propos de la science-fiction japonaise – Entretien avec Tatsumi Takayuki et Kotani Mari mené par Denis Taillandier », ReS Futurae. Revue d’études sur la science-fiction, no 9, (ISSN2264-6949, DOI10.4000/resf.985, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bCécile Sakai, « La littérature féminine au Japon, ou comment apprivoiser les fantômes », dans Fantômes dans l'Extrême-Orient d'hier et d'aujourd'hui - Tome 2, Presses de l’Inalco, coll. « AsieS », (ISBN978-2-85831-252-8, lire en ligne)
↑Jirô Tanigushi d'après le roman de Hiromi Kawakami, Les années douces, vol. 1 et 2, Paris, Casterman, 2010-2011, 200, 230 (ISBN978-2-203-02975-0 et 978-2-203-03426-6)