À 9 ans, il commence l'étude du piano classique avec Charles L. Beck, qui l'accompagnera pendant de nombreuses années, et découvre le jazz auprès du pianiste Roy Testamark. Bon élève, amateur d'échecs et de billes[2], il va à la DeWitt Clinton High School[2] puis au City College of New York[3],[4], et vers 1937, il joue dans des groupes de jeunes musiciens.
En 1951, Mary Lou Williams[5] est la première musicienne à enregistrer une de ses compositions, Stennell, qu'elle renomme Opus Z[3].
Il signe avec Blue Note Records[6], et enregistre en 1955 les deux volumes de The Prophetic Herbie Nichols. Toujours chez Blue Note, en 1956 il enregistre Herbie Nichols Trio avec Al McKibbon ou Teddy Kotick à la contrebasse et Max Roach à la batterie, qui offre un jeu remarquable de modernité[7]. Son troisième et dernier album, Love Gloom Cash Love, sort en 1957 chez Bethlehem Records. Ces albums sont des échecs commerciaux et échouent à lui apporter de la notoriété[3].
Au début des années 1960, il accompagne en club des chanteuses comme Sheila Jordan. Lorsque la génération du free jazz avec des musiciens comme Roswell Rudd ou Archie Shepp le découvre et joue ses compositions entre 1960 et 1962, il est déjà très malade[3].
Nichols fait partie de ces musiciens de jazz qui n'ont été reconnus à leur juste valeur qu'après leur décès[9],[10]. Il a écrit plus de 170 morceaux, pour lesquels il notait fréquemment les parties de contrebasse et de batterie[9], et en a enregistré moins de la moitié[11]. Une partie de ces compositions ont été perdues dans une inondation de son appartement après sa mort[4].
À l'exception de Lady Sings the Blues(en), les compositions de Nichols n'ont été que peu jouées[11], sauf par Misha Mengelberg, Geri Allen, Buell Neidlinger ou Dave Douglas. Pour Patrick Burnette (All About Jazz), cette rareté s'explique notamment par le manque de succès de ses disques et par la difficulté rythmique de ses morceaux, souvent en dehors des structures traditionnelles (type AABA de 32 mesures) et leur langage harmonique complexe (il a par exemple utilisé les Coltrane changes avant Coltrane)[12].
Nichols a été très impressionné par les premières compositions de son contemporain Thelonious Monk[7],[13] et a d'ailleurs été parmi les premiers à écrire à leur sujet[14]. Bien que les deux musiciens soient souvent comparés, Nichols a un son spécifique, plus mélancolique et plus poétique[11]. Il est également admirateur de Jelly Roll Morton, Duke Ellington ou Art Tatum[10]. Grand connaisseur de la musique classique, il cite Beethoven, Bach, Chopin, Bartók ou Stravinsky comme des références.
Ses improvisations sur ses compositions s'éloignent assez peu des thèmes[4]. Pour Ethan Iverson, « quand les morceaux ont des structures complexes, on peut imaginer que Nichols reste [près du thème] afin de ne pas perdre la section rythmique[7]. »
Postérité
Au cours des années récentes, la musique de Nichols a été promue par Roswell Rudd qui avait joué avec lui au début des années 1960. Rudd a enregistré trois albums des compositions de Nichols dont The Unheard Herbie Nichols en 1996. Un groupe de New York, le Herbie Nichols Project (qui fait partie du Jazz Composers' Collective) a consacré trois albums aux compositions encore inédites de Nichols[15], dont la plupart sont déposées à la Bibliothèque du Congrès.
Discographie
En tant que leader
1952 : trois morceaux avec Danny Barker, Chocolate Williams et Shadow Wilson[7] (rééditées en cd, Savoy 12100, sous le titre I Just Love Jazz Piano avec également des enregistrements de Hampton Hawes)
1955 : The Prophetic Herbie Nichols vol. 1 et 2, avec Al McKibbon et Art Blakey (Blue note)
The Complete Blue Note Recordings, avec de nombreux morceaux inédits
Bibliographie
(en) A.B. Spellman, Four Lives in the Bebop Business : Cecil Taylor, Ornette Coleman,Herbie Nichols, Jackie McLean, Mercury Press, , 241 p. (ISBN978-0-87910-042-1)[16].
(en) Mark Miller, Herbie Nichols : A Jazzist's Life, Mercury Press, , 224 p. (ISBN978-1-55128-146-9).
Références
↑ a et b(en) « Herbie Nichols », sur data.carnegiehall.org (consulté le ).