Henri le Navigateur, en portugais : Henrique o Navegador, également appelé Infante Dom Henrique (Infant Don Henri), né le à Porto et mort le à Sagres, fils du roi Jean Ier du Portugal, est à l'origine de l'entreprise d'exploration des côtes de l'Afrique, qui commence en 1415 et aboutit en 1488 à la découverte du cap de Bonne-Espérance, puis en 1498 au premier voyage direct de l'Europe à l'Inde (Vasco de Gama).
L'épithète de « navigateur » qui lui est attribuée est purement honorifique, car lui-même n'a jamais vraiment navigué et n'a fait aucune découverte géographique. Son rôle dans ce domaine s'est limité à celui de prince éclairé.
Il est généralement considéré comme l'initiateur des grandes découvertes et la figure la plus importante du début de l'expansion coloniale européenne. L'historiographie actuelle réévalue cependant le rôle de son frère Pierre (1392-1449) dans ces découvertes[1].
Henri le Navigateur ne s'est jamais marié et n'a pas eu de descendance.
Biographie
Origines familiales
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En 1414, alors qu'il n'a que 20 ans, il convainc son père d'organiser une campagne pour s'emparer du port de Ceuta aux musulmans. Des pirates maures harcèlent en effet les côtes méridionales du Portugal à partir de ce port, vendant les captifs qu'ils font au Portugal sur les marchés aux esclaves d’Afrique du Nord.
La ville est prise en août 1415. Henri découvre alors les marchandises qui arrivent par les routes commerciales du Sahara, dont Ceuta est une étape : notamment l'or du sud de la Mauritanie, amenant les Portugais à descendre l'Afrique par la voie maritime[3]. Ces échanges ne passent alors plus par cette ville, mais cela suscite chez Henri le désir d'avoir sa part de cette richesse.[pas clair]
Selon João de Barros, il commence en 1416 à repeupler le village de Terçanabal, situé sur la péninsule de Sagres en Algarve. Ce village, bientôt appelé Vila do Infante (« Ville de l'Infant »), est pourvu d'un arsenal naval et d'un observatoire, et Henri y crée une école de géographie et de navigation. Le cartographe Jehuda Cresques (1350-1427) est invité à y travailler. Le port de Lagos tout proche devient un centre de construction navale.
L'exploration outre-mer : motifs et moyens techniques
Les motivations du prince Henri qui envoie des explorateurs sur la côte ouest de l'Afrique sont de plusieurs ordres.
Le motif économique : il s'agit de mettre fin au monopole des Vénitiens qui dominent le commerce européen avec les « Indes », c'est-à-dire l'Asie orientale. Les Vénitiens achètent les épices aux marchands caravaniers arabo-musulmans qui contrôlent la route terrestre des Indes et la route maritime de l'océan Indien.
En suivant les côtes du continent africain dont on ignore à l'époque les dimensions[5], on espère trouver un passage vers l'océan Indien et atteindre directement les Indes.
Un motif politico-religieux : après la Reconquista, que le Portugal a d'ailleurs achevée dès 1249 (prise de Faro), soit un siècle et demi auparavant, alors que la Castille ne la terminera qu'en 1492, il s'agit de poursuivre le combat contre le monde musulman, notamment en atteignant l'Abyssinie où, pense-t-on, se trouve le légendaire « royaume du prêtre Jean », de manière à prendre le monde islamique à revers[6].
Ces explorations comportent également des motifs scientifiques : malgré les craintes que suscite la « mer des Ténèbres » (l'Atlantique), le goût de l'aventure, alimenté notamment par Le Livre de Marco Polo (1298), rencontre l'envie de connaissances des savants[7].
Ces explorations sont possibles grâce à un navire d'un type nouveau, mis au point dans les années 1430-1440 sur les chantiers navals de Lagos, la caravelle, qui permet de voyager sur de plus longues distances. La caravelle qui allie la voile latine et la voile carrée et est capable d'affronter la haute mer, mais aussi grâce à une nouvelle conception de la navigation à la voile, la volta do mar (littéralement « tour de la mer ») qui, en cas de vents ou de courants contraires, envisage de s'éloigner d'abord de la côte avant de revenir vers l'objectif en utilisant les vents et courants favorables[8].
Les ressources de l'infant Henri
Le coût des expéditions est assumé par les ressources du prince, qui dispose de plusieurs sources de revenu.
En 1419, il est nommé gouverneur de la province d'Algarve et perçoit à ce titre les revenus de divers monopoles[réf. nécessaire].
Mais surtout, le , il est nommé à vie maître du riche ordre du Christ, successeur portugais de l'ordre du Temple, dont le siège se trouve à Tomar. Il en tire des revenus élevés.
De plus, après la mort de Jean Ier, Édouard devenu roi (1433) concède à Henri un cinquième des profits du commerce dans les régions découvertes par lui, ainsi que le droit exclusif d'autoriser des expéditions au-delà du cap Bojador.
Les premières découvertes : Madère (1418-1419) et les Açores (1427)
Après Porto Santo, le reste de l'archipel de Madère est découvert en 1419. Ce sont des îles inhabitées, mais qui sont colonisées dès les années 1420 (en ce qui concerne les îles Canaries, elles sont connues depuis très longtemps et sont déjà devenues une possession du royaume de Castille).
À cette époque, le cap Bojador est le point le plus méridional de la côte africaine connu des Européens. Gil Eanes est le premier européen à le dépasser, en 1434.
En 1437, Henri est le principal organisateur d'une attaque de Tanger, qui aboutit à un désastre et à la capture de son frère Ferdinand (1402-1443). Ferdinand meurt en captivité onze ans plus tard. Après la mort d'Édouard en 1438, Henri soutient son frère Pierre pour assurer la régence pendant la minorité d'Alphonse V et reçoit la confirmation de ses privilèges.
Dinis Dias parvient au fleuve Sénégal et dépasse la presqu'île du Cap-Vert (actuelle ville de Dakar) en 1444. Avec le franchissement de la limite sud du désert, Henri atteint un de ses objectifs : le contournement des routes commerciales tenues par les musulmans et l'accès à l'or et aux esclaves.
L'exploration du littoral subsaharien
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À partir de 1452, l'or arrive en quantité suffisante pour que les premiers cruzados soient frappés.
La même année, Henri missionne Diego de Teive vers la mythique île d'Antilia, qu'on croit située à l'ouest de l'archipel des Açores.
Mort et funérailles
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L'existence de l'école de Sagres est aujourd'hui mise en question par plusieurs historiens.
Ce serait un mythe inventé par les historiens portugais pendant la période romantique du XIXe siècle[9], aurait contribué au progrès dans plusieurs domaines de l'art de la navigation.
Postérité
Hommages
En 1931, Francisco Franco de Souza lui dédie une statue qui se trouve en France, à Nantes, place du Commerce.
En 1960, pour le 500e anniversaire de sa mort, une statue est érigée à Lisbonne, sous le nom de Padrão dos Descobrimentos, en allusion aux padrões utilisés par les navigateurs portugais pour marquer leurs découvertes.
Arkan Simaan, L’Écuyer d’Henri le Navigateur, L'Harmattan, 2007 (ISBN978-2-296-03687-1). Roman historique (basé sur des chroniques du XVe siècle) dans la cour de l’infant depuis la conquête de Ceuta (1415) jusqu’au premier marché d’esclaves africains (1444) à Lagos. Il décrit donc les premières navigations, la quête du Prêtre Jean, les découvertes de Porto Santo et de Madère, la défaite de Tanger, le passage du Cap Bojador et la rencontre des Portugais avec les Azenègues et les Wolofs.
↑« Le rôle moteur de dom Henrique, maître du puissant ordre du Christ, est incontestable, même si l'histoire récente a réévalué à juste titre le rôle fondamental de son frère dom Pedro, longtemps occulté par l'historiographie officielle. » Cf. Michel Chandeigne, Sur la route de Colomb et Magellan : idées reçues sur les Grandes Découvertes, Le Cavalier Bleu, (lire en ligne), n. p..