Le Groupe Guy Mocquet est un groupe de résistantsF.T.P. de la Seconde Guerre mondiale et une des premières unités de résistance organisée en Franche-Comté. Il s'est constitué à partir de résistants de Larnod (département français du Doubs) et des communes environnantes.
Histoire
Un groupe F.T.P. local (agissant depuis Clerval) a été actif d'avril à octobre 1942. Il s'agit de la compagnie Valmy créée par Pierre Georges (Alias Frédo ou le colonel Fabien) et Pierre Villeminot(de). Six de la vingtaine de leurs actions connues, entre avril et octobre 1942, ont eu lieu à Besançon et Quingey.
Le groupe, dirigé par Marcel Simon, un agriculteur né en 1920, ancien secrétaire de la jeunesse agricole catholique, est composé de jeunes hommes de Larnod et de ses environs, en banlieue de Besançon. Le 23 juin 1940, 5 jours après l'appel du général De Gaulle plusieurs jeunes ramassèrent et cachèrent des armes abandonnées par l'armée française en déroute : fusils, grenades, munitions et même un fusil-mitrailleur. En 1941 commencèrent, au fort de Pugey, les premières séances d'entrainement et de tir. L'expérimentation du premier engin a lieu dans les casemates du fort avec un obus de 90 mm, les résultats dépassant les espérances.Dans leurs taches de résistants ils apprendront aussi à s'initier et mémoriser le morse. Au printemps 1941,Marcel Simon,Raymond Tourrain et Paul Ligier commencèrent à rédiger des tracts dont la reproduction est assurée par une imprimerie portative à base de caractère de caoutchouc.Ces tracts,appelant à la résistance ,fustigent le régime de Vichy.Dans l'année 1942,Raymond Tourrain prit furtivement un révolver P38 et deux chargeurs à un officier allemand dans un des vestiaires de la brasserie Grandvelle à Besançon.À la demande de Roger Bourdy[1], ils s'affilient aux Francs tireurs et partisans, en février 1942, et prennent le nom de « Guy Mocquet »[2],[3] en l'honneur du jeune lycéen fusillé par l'occupant allemand le 22octobre 1941 au camp de Châteaubriant. Ce ralliement ne se fit pas par sympathie communiste mais parce que ce mouvement de résistance, en plus de leur apporter les moyens dont ils manquaient, partageait leurs objectifs.
Le groupe Guy Mocquet est à l'origine de plusieurs attentats et actions, le premier le 10 septembre 1942 contre l'écluse de Rancenay jusqu'au 25e, la prise des tickets à la mairie de Boussières le 27 juin 1943. Soit 25 attentats jusqu'à sa dissolution en juillet 1943 après l'arrestation d'une partie de ses 31 membres entre les 1er et .Six attentats en plus lors du jugement sont à mettre au compte du groupe Marius Vallet. Douze d'entre eux sont fusillés à la citadelle de Besançon le dimanche 26septembre 1943, en même temps que quatre autres appartenant au groupe Marius Vallet[4], soit seize personnes par groupes de quatre[5],[6]. Neuf autres membres connaîtront la déportation dont cinq reviendront[7].
Parmi les 25 attentats du groupe Guy Mocquet et 6 pour le groupe Marius Vallet dont les membres des deux groupes sont accusés, figurent des destructions d'écluses, de pylônes électriques et de voies ferrées, des attentats contre la librairie militaire allemande (Frontbuchhandlung) et le bureau du parti populaire Franciste à Besançon, contre l'hôtel de la poste à Quingey par deux fois (collaborateur), deux tentatives de pénétration dans le fort de Montfaucon pour dérober des explosifs avec presque la totalité des deux groupes réunis soit une vingtaine de résistants, des vols de tickets d'alimentation et l'agression le 12 juin 1943 d'un inspecteur des douanes allemand qui succombera à ses blessures le 25 août 1943.
À la suite du procès tenu à la prison de la Butte, 17 membres sont condamnés à mort le . Le jugement est confirmé le 18 septembre, mais André Montavon, appartenant au groupe Alsace, est gracié du fait de sa nationalité suisse ; il sera finalement déporté[8].
Les avocats de la défense ne pourront pas sauver Marcel Reddet et Henri Fertet malgré leurs jeunes âges (17 ans). Ce dernier écrit, le à ses parents, une lettre poignante qui se termine par : « […] Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c'est parce que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort, j'ai la conscience tellement tranquille […] ».
Mémoriaux et hommages
En forêt d'Aveney, sur un piton rocheux surplombant la vallée du Doubs, au lieu-dit « Le Rocher de Valmy »[9]. La première journée de travail a eu lieu le 1er mai 1946 avec tous les survivants des groupes et les familles.Le monument est inauguré le dimanche après-midi en présence d'un millier de personnes et des survivants des deux groupes. Il s'agit d'un mole fait de rochers maçonnés[10], surmonté d’une croix de Lorraine en béton de 1,5 mètres de haut. Sur sa face sud, une plaque en marbre noir porte, initialement, les noms de 21 martyrs (fusillés et morts en déportation)[11].
En contrebas, dans la forêt de Larnod, une clairière a été aménagée. Avant tous les ans, le dernier dimanche du mois de septembre, était célébré l'anniversaire des fusillés de la citadelle. Depuis la célébration et la cérémonie se déroulent en deux temps au village :
un office religieux dans la cour de l'école
une cérémonie civile au monument aux morts et à la stèle place du souvenir à Larnod.
On note la présence à ces cérémonies de nombreux drapeaux d'associations d'anciens combattants.
Par ailleurs, place du souvenir à Larnod, une stèle est inaugurée le à l'initiative de l'Amicale à la mémoire du groupe de résistance Guy Mocquet[12]. Elle rend hommage à l'égard du groupe (aux résistants du groupe Guy Mocquet), et comporte les noms des 31 membres dont Paul Ligier le dernier survivant qui décédera un an plus tard dans sa 91e année. Le nom du chef du détachement Marcel Simon, des cinq chefs de groupe (Georges Rothamer, Raymond Aymonnin, Léon Chasez, Maurice Andrey et Raymond Tourrain), et des deux chefs d'équipe (Henri Fertet et René Roussey), précèdent ceux des autres membres dans l'ordre alphabétique[13].
Un arboretum, une esplanade, un square et un complexe sportif du village portent les noms de Marcel Reddet, Marcel Simon, Roger Dupuy et Raymond Aymonin.
Le 8 et 9 mai 2015 a été joué, dans la cour des Invalides à Paris sous le haut patronage de François Hollande alors Président de la République, la pièce Ami entends-tu ? À sa demande le spectacle honore les groupes Guy Mocquet et Marius Vallet et les résistants et Français libres qui ont refusé la défaite en s'engageant, au péril de leur vie, pour leur pays et pour la liberté.
Noms des Martyrs gravés sur la stèle du mémorial de Valmy
Raymond Tourrain[27], Les fusillés de la citadelle ou L'histoire du groupe Guy Mocquet, CRIPES Besançon /Amicale du groupe Guy Mocquet, 1974.
Henri Bon, Les seize fusillés de Besançon, Dépôt Casterman, 1946.
Jean Hauger, France...pour toi ! Editions Servir, 1946.
André Grappe et René Pelletier, À la mémoire des francs-tireurs et partisans du groupe Guy Mocquet de Larnod, Imprimerie Coopérative Ouvrière Dijon, avril 1946.
Albert Ouzoulias, Les bataillons de la jeunesse / Les jeunes dans la résistance, Éditions sociales, 1980.
René Pelletier, Le sang des jeunes, Besançon JACQUES & DEMONTROND, 1951.
Collectif, La vie à en mourir/ lettres de fusillés (1941-1944), Editions Taillandier 2003.
Notes et références
↑Jean-Pierre Besse, Jean Pierre Husson, Jocelyne Husson et Jean Belin, « BOURDY Roger », dans Georges, Aristide, Roger, pseudonymes dans la Résistance : Philippe, Pierre, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
↑L'orthographe « Mocquet » est celle utilisée par les membres du groupe. L'écriture exacte est Môquet.
↑ C'est Henri Fertet qui a suggéré d'appeler le détachement "Guy Môquet" à la mémoire du jeune Français exécuté par les Allemands à Châteaubriant et étudiant comme lui.
↑Né le 25 août 1914 aux Verrières-de-Joux (Doubs), le résistant Marius Vallet a été condamné à mort le 28 avril 1941 et sera le premier des 100 fusillés de la citadelle de Besançon (Doubs) durant l'Occupation.
à 7H36 : René Paillard, Gaston Retrouvey, Henri Fertet, Marcel Reddet
à 7H56 : Philippe Gladoux, Jean Grappin, Raymond Aymonnin, Jean Compagnon
à 8H10 : Marcellin Puget, Roger Puget, René Roussey, Georges Rothamer
à 8H25 : Saturnino Trabado, Baltazar Robledo, Paul Paqueriaud, Marcel Simon
↑Ils furent inhumés par moitié le jour même, aux cimetières de Saint Claude et de Saint Ferjeux avec défense d’y ériger un monument ou d’y inscrire une inscription. Malgré cela, les tombes des victimes firent l’objet d’une dévotion de la part de la population de Besançon et des environs et ne cessèrent d’être couvertes de fleurs.
↑France Compagnon, Jacques Michelot, Georges Tourrain, Paul Lhomme et André Montavon
↑A. Montavon rentre en France en juillet 1945. Il reprend ses études de philosophie à Paris, obtient la nationalité française et épouse sa fiancée bisontine. Après un séjour au Venezuela, il enseigne au lycée de Porrentruy de 1959 à 1982. En 1982 il prend sa retraite à Besançon et décède en 1993.
↑Ce belvédère servait de poste d'observation aux résistants.
↑Mole haut de 3 mètres sur une base rectangulaire de 4 mètres carrés
↑Un mort en déportation de Chouzelot a été ajouté en 2023 par la commune d'Avanne Aveney
↑La composition du groupe Marius Vallet figure dans le livret le sang des jeunes de René Pelletier : B. Robledo, S. Trabado, P. Boit, A. Perez, J. et F. Compagnon, A. et J. Molard, P. Bey, R.J. Pipanel, J. Masson, R. Roppert et L. Barbier.