Seulement quelques années après les premiers vols de pionniers de l'aviation, la Grande Semaine d'aviation a montré la suprématie du plus lourd que l'air par rapport aux dirigeables et la vitalité de l'aviation naissante en France. Sur les vingt-cinq appareils présentés, vingt et un sont de conception française, alors qu’en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, en Russie et au Japon aucun aéroplane de construction nationale n’a encore volé. Au soir du , excepté Glenn Curtiss qui a remporté les deux épreuves de vitesse, tous les records sont détenus par des aéroplanes et des pilotes français. Les moteurs français ont brillé[1].
Organisation
Le marquis Melchior de Polignac en est l'organisateur en 1909 et 1910. Une succursale du Comité d'Aviation de la Champagne était installée place Royale et un mat donnait les conditions de course.
Pour ce qui était de la construction, elle avait été confiée à Delatouche, architecte, et Monier comme entrepreneur ; l'Union photographique rémoise avait installé des chambres noires de développement, les Postes, télégraphes et téléphones du bureau de Bétheny avaient installé des cabines téléphoniques dont plusieurs étaient réservées aux reporters, une édition spéciale d'un timbre avait été imprimée. Des pylônes de signalisation utilisant la symbolique marine étaient utilisés autant pour les délimitations du terrain, que pour mesurer les records et donner les conditions de vol. Des tribunes pour les personnalités, une pergola pour les repas, 168 loges louées entre 250 et 1 000 F pour la semaine, un parc pour les automobiles et des hangars pour protéger les avions.
Une palissade entourait la totalité du circuit et le service d'ordre, en plus des gendarmes, était assuré par les 16e et 22e dragons sous le commandement du général Gallet, du 132e de ligne le tout commandé par le chef de la place de Reims le général Valabrègue. Deux antennes médicales assuraient le relais l'une tenue par l'Union des femmes de France.
Pour véhiculer les visiteurs, 186 trains supplémentaires entre Reims et Le Fresnay ont été affrétés par la Compagnie de l'est pour le dernier jour.
Le temps n'a pas été très clément, vent soufflant à plus de 10 m/s, beaucoup de pluie qui avait laissé le terrain très boueux et les roues des avions n'y trouvaient pas l'assise requise, ceux partant d'un rail comme les Wrights étaient légèrement aidés. Il y avait aussi des dirigeables, concourant pour le prix mais aussi prenant des photographies, le colonel-Renard, le Zodiac III.
Un grand nombre de prix étaient prévus pour un total de 200 000 F pour l'ensemble, ils étaient répartis :
Grand prix de la Champagne et de la ville de Reims, une épreuve de distance sans ravitaillement, remportée par Henri Farman avec 180 km suivi de Latham avec 154 km en 2h18 et de Paulhan et ses 131 km en 2h43.
Prix de la vitesse 50 000 F offert par Monopole Heidsieck et Louis Roederer, remporté par Curtiss suivi de Latham.
Prix du tour de piste 10 000 F offert par Pommery & Greno, remporté par Blériot suivi de Curtis.
Prix des aéronats 10 000 F offert par G.H. Mumm.
Coupe internationale Gordon-Bennett, un objet d'art de 12 500 F détenu par le club vainqueur ainsi qu'un prix de 25 000 F au pilote vainqueur. Curtiss finit premier et Blériot deuxième.
Prix des mécaniciens où chaque aviateur reçoit 5 F par kilomètre parcouru pour ses mécaniciens, Bruno-Varilla avec 80 km l'a remporté.
Prix des ballons sphériques de 5 000 F remporté par Astra.
Prix Michel Ephrussi de 10 000 F remporté par Alfred Leblanc.
Prix des cerfs volants montés de 7 000 F, quarante deux minutes à 110 mètres de hauteur[2]
Participants
Les engagements se prenaient au 8 rue Bertin, siège du Comité d'aviation de la Champagne qui vont ici servir comme référence.
Le marquis de Polignac comme organisateur et Paul Rousseau comme commissaire sportif.
Seconde Grande semaine d’aviation de la Champagne - 1910
L'année suivante, une nouvelle manifestation fut organisée. Elle eut lieu du 3 au .
Elle l'est sous le haut patronage du Gouvernement Aristide Briand (1)[5], la mettant ainsi au plus haut dans l'intérêt public.
Accidents
Dès le premier jour, un accident eut lieu en vol qui finit par être mortel au pilote Charles Wachter, le lendemain sept aéroplanes furent abimés sans atteindre des dégâts non réparables. Le , la baronne Raymonde de Laroche fut aussi victime d'un accident qui la laissait avec plusieurs fractures du bras et de la jambe gauche. Des enquêtes de police ont été ouvertes pour déterminer les causes de ces accidents avec blessés.
Les prix
Avaient été créés : Prix de la distance sur un vol sans escale :
un prix de distance sur un vol ; un Grand prix de Champagne de 50 000 f :
no 1 Antoinette avec 2 601 km parcouru
no 2 Blériot avec 2 303 km parcouru
no 3 Farman avec 1 902 km parcouru
no 4 Sommer avec 1 269 km parcouru
un prix des constructeurs ; Prix des Dames de 5 000 f remportée par la baronne de Laroche un prix des dirigeables ; un prix des passagers ; un prix des cerfs-volants ; un prix totalisation des hauteurs ; un prix de vitesse ; un prix des officiers ; un prix des dirigeables ; un prix Michel Ephrusis ; un prix des mécaniciens et aussi éliminatoire de la coupe Gordon Bennett :
no 1 LeBlanc ayant parcouru 100 km en 1 h 19 min
no 2 Latham ayant parcouru 100 km en 1 h 24 min
no 3 Labouchère ayant parcouru 100 km en 1 h 25 min
↑Programme officiel édité par le Comité d'aviation de la Champagne, 2e Grande semaine d'aviation de la Champagne organisée à Reims, du 3 au 10 juillet 1910 ; ref RBG97, bibliothèque municipale de Reims