Giovanni Morone naquit le à Milan où son père, le comte Girolamo Morone (mort en 1529), était grand chancelier[1]. Ce dernier, après avoir été emprisonné pour s'être opposé aux atteintes de Charles Quint contre les libertés de Milan (par la suite il fut un chaud partisan de l'empereur), se retira à Modène, où son plus jeune fils reçut la plus grande partie de sa première éducation. À Padoue par la suite, Giovanni étudia le droit avec succès. En récompense d'un service important rendu par son père, il fut à l'âge de 20 ans nommé au siège de Modène par le pape Clément VII le [2]. Girolamo Morone avait été l'un des commissaires qui avaient négocié les termes de la libération du pape emprisonné au château Saint-Ange lors du sac de Rome en 1527. Giovanni était trop jeune de sept ans pour être consacré évêque, et de plus sa nomination était contestée par le futur cardinal Hippolyte II d'Este, fils du duc de Ferrare, qui prétendait que le pape lui avait promis le siège de Modène et un cardinalat dans un traité du [3]. Au bout du compte, on désintéressa d'Este en lui versant une pension annuelle et Giovanni Morone fut finalement ordonné prêtre et consacré évêque le .
À partir de 1535, le pape Paul III lui confia à plusieurs reprises des missions diplomatiques : il fut d'abord envoyé en France auprès du roi François Ier pour tenter un arrangement pacifique avec l'empereur[4] ; il fut ensuite envoyé comme nonce en 1536 auprès de Ferdinand Ier du Saint-Empire, puis en 1539-1540 à Haguenau et à Worms, régions qu'on essayait de récupérer pour l'Église catholique[5]. Morone fut légat à la diète de Spire (1542)[6] après s'être opposé avec succès au transfert de la diète à Haguenau où sévissait la peste (1540). Le , il fut créé cardinal-prêtre, et le on lui attribua le titulus de San Vitale[7]. Il fut en outre nommé protecteur de l'Angleterre, de la Hongrie, de l'Autriche, de l'ordre de saint Benoît, de l'ordre cistercien et de l'ordre des frères prêcheurs (les Dominicains), ainsi que de la Santa Casa de Lorette[8]. Avec les cardinaux Pier Paolo Parisio et Reginald Pole, il fut délégué pour ouvrir le concile de Trente (-), le choix de ce lieu de réunion ayant été une concession à sa diplomatie. Les légats arrivèrent le , mais aucun concile ne s'assembla ; les procédures furent suspendues et reportées à 1545. Il fut nommé à la place légat du pape à Bologne, du au . Son vice-légat était Giannangelo de Médicis, le futur pape Pie IV. Le , il opta pour le titre cardinalice de San Stefano in Monte Celio (San Stefano Rotondo)[9]. La mort de Paul III le , le priva d'un ami sûr.
Il participa au conclave de 1549, où son ami Reginald Pole qui présidait avec lui le Concile de Trente fut à deux doigts d'être élu pape[10].
Le pape Paul IV le fait emprisonner à cause d'hérésie luthérienne en 1557. Après une enquête menée par le cardinal Michele Ghisleri, le futur pape Pie V, Morone est déclaré innocent et est restauré dans ses fonctions. Comme le pape refuse de s'excuser en public, Morone reste en prison jusqu'à la mort de Paul IV. Il est de nouveau évêque de Modène de 1564 à 1571. Morone est vice-doyen et doyen du Collège des cardinaux.
↑Girolamo Rossi, Vita di Girolamo Morone (Oneglia, 1865). Carlo Gioda, Girolamo Morone e i suoi tempi: studio storico (Milan, Paravia 1887)..
↑Giuseppe Cappelletti, Le chiese d'Italia, volume 15 (Venise 1859), 287. Frédéric Sclopis, Le cardinal Jean Morone (Paris 1869), 2. On trouve parfois la date de 1527, comme chez Nicola Bernabei, Vita del Cardinale Giovanni Morone Vescovo di Modena (Modène 1885), 3. Mais c'est une erreur. Le cardinal Ercole Rangoni a été évêque de Modène du , jusqu'à sa mort au château Saint-Ange le , pendant le siège. Son successeur fut le cardinal Piero Gonzaga le 21 novembre 1527, et il mourut le 28 janvier 1529.
↑ Lorenzo Cardella, Memorie storiche de' cardinali della Santa Romana Chiesa Tome IV (Rome 1793), 240.