En pratique, ce changement d’archevêque est mouvementé. En effet, le clergé et le peuple d’Arles souhaitent conserver leur archevêque de la famille des vicomtes de Marseille qui a pris parti pour l’empereur Henri IV contre le pape Grégoire VII.
C’est pourquoi, Gibelin, malgré l’appui du comte Bertrand II de Provence ne peut prendre possession de son diocèse. Menacé[1] par les arlésiens lors de son entrée en ville, il doit renoncer et devra se contenter pendant de nombreuses années de l’évêché d’Avignon où il se replie à partir de 1094.
Un archevêque de substitution
Il va devoir attendre longtemps avant de revenir à Arles, presque vingt-ans, jusque vers 1098-1099[2], où profitant d'un voyage d'Aicard en Palestine, il se fait relever par une Bulle du Pape Urbain II des serments (renoncement à l’archevêché d’Arles) qu’il avait prononcés en 1080 sous la menace des Arlésiens.
Il est alors mentionné comme archevêque d'Arles à plusieurs reprises. Le par exemple, on rapporte que Gibelin, archevêque d’Arles, préside l’assemblée qui rattache le monastère de Saint-Roman de l'Aiguille à Psalmodie. De même, en 1105, Raymond de Toulouse comte de Saint-Gilles, dans son testament, ordonne à ses héritiers de restituer à Gibelin, archevêque d’Arles tout ce qu’il lui avait usurpé à Arles, Argence, Fourques, au Baron (Albaron) et à Fos. En 1106 enfin, l'archevêque d'Arles Gibelin dote l'abbaye de Montmajour des églises Notre-Dame et Saint-Roman, dans la vallée de Mouriès sous un cens annuel de sept sous.
Patriarche de Jérusalem
À la fin de l'année 1107, Gibelin quitte Arles et part à son tour en Palestine à la demande du pape Pascal II qui l'envoie comme légat régler une affaire concernant Ebremar (ou Evremar), le patriarche de Jérusalem. Mais finalement, c'est Gibelin qui hérite de cette charge l'année suivante, charge qu'il conservera jusqu'en 1112.
Gibelin de Sabran meurt en Palestine en avril 1112 alors qu'il se préparait à revenir en Provence[3]. Il ne sera remplacé officiellement sur le siège du diocèse d'Arles que trois ans plus tard en 1115 par Atton de Bruniquel[4]. Toutefois, il est probable qu'Aicard, son prédécesseur excommunié, ait récupéré officieusement l'archevêché au départ de Gibelin en Palestine en 1107 et l'ait conservé jusqu'en 1113, date supposée de sa mort.
↑Dans son ouvrage La noblesse et l'Eglise en Provence fin Xe-début XIVe siècle, Florian Mazel indique page 220 que Gibelin aurait été menacé de mutilation.
↑ie, après le voyage d'Urbain II en France en 1095-1096 où le prélat évite la ville d'Arles occupée par un évêque banni, et avant le décès de ce pape en 1099.
Les auteurs du Gall.Chrift. mettent Guérin [NDLR / dit aussi Garin] & Raymon I après Gibelin. Mais bien loin qu'on ait des preuves de leur épiscopat, il est à croire que ces deux évêques n'ont jamais siégé.