Karl Gerhard Fröbe, dit Gert Fröbe (ou Gert Froebe), est un acteurallemand à la carrière européenne, né le à Zwickau et mort le à Munich.
Souvent distribué dans des rôles d'« Allemand de service » dans des productions européennes aux genres variés, il connaît la notoriété internationale et accède à la postérité en 1964 avec celui d'Auric Goldfinger, ennemi de James Bond dans Goldfinger, face à Sean Connery.
Biographie
Né à Planitz dans la région de Zwickau, dans ce qui était alors le Royaume de Saxe (aujourd'hui un landAllemand), Karl Gerhard Fröbe est le fils de Karl-Otto Fröbe (1886-1947), marchand de cuir et cordonnier, et de Helena Alma (1884-1972), couturière et femme au foyer[1],[2]. Il a une sœur prénommée Hanni[3]. Le père travaille au rez-de-chaussée et la famille vit à l'étage du bâtiment[3],[4].
Enfant, il joue avec un petit théâtre de marionnettes qu'on lui a offert et divertit avec sa famille et les enfants du quartier. En 1919, il va au collège et prend des leçons de piano et de violon[3]. Alors que son père commence à boire et que son entreprise fait faillite, il soutient sa famille en intégrant un trio comme violoniste. Le groupe se produit localement, dans des hôtels, des cafés, des clubs, lors de mariages, etc.[3],[5],[6]. Du fait de sa chevelure aux reflets roux, on le surnomme Där rode Geicher von Zwigge (Le violoniste rouge de Zwickau)[5].
En 1935, il débute sur les planches du théâtre de la ville (le Semperoper) en devenant l'élève d'Erich Ponto qui révèle son talent pour la comédie[8],[9],[3]. Sa carrière d'acteur débute dans un contexte difficile, l'Allemagne étant alors en pleine récession.
En 1937, Fröbe est engagé à Berlin pour la première fois en tant qu'acteur, pour jouer dans l'opéra-bouffe du théâtre de la ville de Wuppertal. La même année il joue dans plusieurs théâtres de Francfort, puis en 1940 au Burgtheater de Vienne[5], ville dans laquelle il devient l'ami de Curd Jürgens.
De 1943 jusqu'à l'automne 1944, tous les théâtres allemands ferment dans le cadre de la guerre totale. Fröbe est alors mobilisé comme infirmier dans la Wehrmacht, jusqu'à la fin de la guerre[8],[10],[11].
Après la guerre, il s'engage dans le cabaret Der Bunte Würfel à Munich[12]. Après un engagement au Deutsches Volkstheater de Vienne sous la direction de Walter Bruno Iltz(de), il se fait connaître en 1948 dans le rôle d'« Otto Normalverbrauchers » dans le film Ballade berlinoise. Un critique cinématographique écrit alors : « L'Allemagne a un nouveau Danny Kaye[11]. » Au cours de sa carrière cinématographique et plus tard dans des productions internationales, « il est souvent choisi pour interpréter des personnages typiquement teutons en raison de son physique très germanique[9] », par exemple le porteur d'uniforme oscillant entre jovialité et brutalité.
Son rôle le plus connu est celui du « méchant » Auric Goldfinger dans Goldfinger, le troisième film de la saga James Bond, sorti en 1964. Ce rôle lui offre une renommée internationale[1] (mais il lui est impossible de le voir avec sa famille au cinéma de Zwickau car la ville est située en R.D.A[6]). En Israël, le film est boycotté dans plusieurs salles de cinéma car « le pays interdisait alors tout film auquel participaient d'anciens nazis »[13],[4]. Le boycott dure quelques mois, le temps que l'on découvre que Fröbe a en fait sauvé deux Juifs à Vienne[14],[8],[15], ainsi qu'il l'a narré : « J'étais très ami avec un homme qui avait épousé une juive. Le couple avait un enfant. Un beau [sic] jour d'été, la Gestapo est venue et a emmené le père. Sa femme, qui s'appelait Stella Blumnau, vint me trouver en larmes. Que pouvais-je faire ? Je lui donnais la clé de mon appartement pour qu'elle s'y cache. Cela aurait pu me coûter la vie[16],[14]. » Et pourtant, en 1965, il confie au reporter David Lewin qui l'interroge pour le Daily Mail : « Naturellement, j'étais un Nazi... je croyais qu'Hitler pouvait amener la solution. »[7],[4].
Après avoir tourné près de cent films, Fröbe consacre les dernières années de sa vie au théâtre et à la télévision à partir d'un programme qui lui est dédié pour son anniversaire par la Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF), en 1973[17],[1],[5].
1962 : Beate Bach - jusqu'à la mort de Beate Bach en 1968
: Karin Pistorius - jusqu'à la mort de Gert Fröbe en 1988[18].
Fröbe est le père d'un fils, Urs (ou Ulz, 1940-2014) issu de son premier mariage ; il adopte le fils de sa troisième épouse et futur acteur Andreas Seyferth(de) en 1969, et la fille de sa dernière compagne Beate Fröbe en 1978[8],[19].
En 1973, pour son soixantième anniversaire, il reçoit la médaille du Mérite artistique[1].
En 1976, lui est décerné l'Ordre du Mérite de Bavière[2].
Dans les années 1980, il est nommé citoyen d'honneur de la ville de Cognac où se déroulait chaque année entre 1982 et 2007, un festival international du film policier[8].
En 2013, pour le centenaire de sa naissance, une plaque à son nom est installée sur sa maison natale, à l'Oberplanitz de Zwickau par son neveu et acteur Eckhart Baumann qui y demeure[6],[5].
↑ a et bLa sortie du film en Israël fut perturbée par la présence de l'acteur, membre du parti nazi dans sa jeunesse. De nombreuses salles refusèrent de la projeter, avant qu'un Juif autrichien du nom de Mario Blumeneau affirme à l'ambassade israélienne de Vienne, qu'ils avaient été sauvés, lui (âgé de 12 ans) et sa mère, par l'acteur, dans la ville où il avait été enrôlé.
↑Michel Meyer, Le roman de l'Allemagne : Ou l'histoire secrète d'une renaissance..., Éditions du Rocher, (ISBN978-2-268-08440-4, lire en ligne).
↑Paris-Presse, 5 décembre 1965, page 5 : "Goldfinger (Gert Frobe) : C'est vrai, j'ai cru en Hitler"