Elle naît le , place de la Halle, à Rethel dans une famille d’artisan-commerçant : son père est tailleur. Alors qu’elle est âgée de 9 ans, sa famille quitte Rethel pour Sedan. Elle y étudie au pensionnat tenu par les sœurs de Sainte-Chrétienté. Elle assiste, adolescente au siège de la ville par les forces allemandes en 1870, au reflux désordonné de l'armée française et de ses blessés dans la cité, puis à la capitulation finale de cette armée et de l’Empereur Napoléon III, malgré le combat héroïque de certaines troupes[1].
Jeune fille rebelle, Joséphine Maldague a dix-huit ans quand, en 1875, le journal L’Espoir Rethélois accepte de publier en feuilleton un roman qu’elle lui a adressé. « Un soir, ouvrant le journal, mes yeux se portèrent sur la signature, c'était la mienne », raconte-t-elle 56 ans plus tard à Georges Charensol[2]. Encouragée par cette reconnaissance, elle décide de gagner Paris et d'y vivre de sa plume[1]. Léon Cladel[2] puis Jules Mary, Ardennais comme elle, la conseillent[1]. Pour mettre tous les atouts de son côté et éviter une certaine discrimination touchant les auteures (appelées encore bas-bleus), elle adopte le pseudonyme masculin de Georges Maldague, une référence à George Sand[3], pour contacter les éditeurs et directeurs de journaux.
Une de ses premières œuvres, dans une veine naturaliste, La Parigote, est consacrée à un thème qui lui est cher, la condition de la femme, mais il ne retient pas l’attention[3],[4]. Pour gagner sa vie, elle commence à produire en feuilleton des œuvres plus accessibles et plus faciles, mais va se trouver enfermée dans ce type de littérature[4]. Jusqu’en 1905-1910, elle écrit comme une tâcheronne un grand nombre de ces feuilletons, publiés dans les principaux journaux parisiens, notamment Le Petit Journal, Le Petit Parisien, L'Écho de Paris, ou l'Excelsior[2] et dans des journaux de province tels que Le Stéphanois. En , «L’Espoir Rethélois est fier d’annoncer la parution prochaine dans ses pages d’un nouveau feuilleton de cet auteur qui a commencé dans ce modeste journal mais dont la renommée grandit à Paris». Ses œuvres se succèdent, dans une veine à l’eau de rose, avec de fréquents rebondissements (un toutes les deux pages), des intrigues complexes et touffues et un happy end : L'Amante, Deux Batards, L’Aventurier de l’Amour, La Délaissée, Les Deux Micheline, La Belle Chiffonnière, Tragique Amour, La Faute de la comtesse Ada, Rose sauvage, Calvaire d'orpheline, etc[5]. Les personnages sont généralement nombreux et les changements d'identités abondent[6]. Même si le thème de l’amour est toujours présent, ses ouvrages abordent d’autres sujets. Le Petit Tambour de Bazeilles utilise ainsi ses souvenirs de l’épisode dramatique de la guerre franco-allemande de 1870 à Sedan[1]. On peut rattacher ses œuvres aux catégories du roman populaire social et du mélodrame[6]. « J'ai été vite cataloguée. Toute ma vie j'ai voulu faire autre chose que ces romans d'actions et de sentiments qui m'avaient valu mes premiers succès », confie-t-elle en 1931 à Georges Charensol, « ceci me fut impossible »[2].
Elle fréquente le milieu journalistique et artistique parisien, les salons huppés, les maisons de couture et est courtisée, mais ne se marie pas, désireuse de rester libre. Prenant à cœur la cause des femmes, elle va la défendre jusqu’en Amérique du Sud[1].
Des pièces de théâtre tirées de ses romans, La Boscotte et Le Blé de Lune, triomphent au théâtre Molière. Elle décide d’investir dans l’achat d'un théâtre, L’Ambigu, 2 boulevard Saint-Martin, dans le 10e arrondissement. Mais, quelques années plus tard, la Première Guerre mondiale et l’essoufflement de ce théâtre de boulevard provoquent la chute des recettes dans la première partie du XXe siècle[1].
Ruinée, elle survit grâce aux subsides de la Société des gens de lettres, qui lui permettent d’accéder à un hospice. Le , elle meurt dans une salle commune de l’hôpital Broussais. Elle est inhumée dans la fosse commune de Thiais, le cimetière des pauvres de Paris, en présence de son ultime protectrice, Camille Marbo, présidente de la Société des gens de lettres[1].
Publications
Romans
Le Petit de La Lionne, 1875, feuilleton publié par L’Espoir rethélois.
↑ a et bEllen Constans, « Maldague Georges, Joséphine Maldague dite (1857-1938) », dans Dictionnaire du roman populaire francophone, Nouveau monde éditions, , 490 p. (ISBN978-2-84736-269-5), p. 270
Voir aussi
Bibliographie
Han Ryner, Le massacre des amazones : études critiques sur deux cents bas-bleus contemporains, , p. 124-125.
Anne-Marie Thiesse, « Les infortunes littéraires. Carrières des romanciers populaires à la Belle Epoque », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 60, , p. 31-46 (lire en ligne).
(en) Donald Sassoon, The Culture of the Europeans: From 1800 to the Present, HarperPress, (lire en ligne), p. 618.
Ellen Constans, Ouvrières des lettres, Presses universitaires de. Limoges, , 618 p. (lire en ligne), p. 25, 36-37, 57-64, 69, 76, 89, 94, 122, 135-142.