Le gangsta rap est un sous-genre du hip hop ayant émergé à la fin des années 1980 sur la côte ouest des États-Unis, et qui fut principalement véhiculé par des artistes comme Dr. Dre, Tupac, Snoop Dogg, Too Short, Ice T ou le groupe N.W.A[2]. Il connait son apogée de départ à Compton (Californie), dans le comté de Los Angeles, à travers le groupe N.W.A. Les premiers rappeurs gangsta sont issus de gangs, et racontent leur vie dans la violence. C'est une des raisons pour lesquelles certains thèmes sont récurrents, comme notamment la drogue, la haine des représentants de la loi, le proxénétisme et l'argent. Cependant, au fil des années, les thèmes abordés par le genre évoluent pour être finalement présentés de façon idéalisée et erronée.
Les thèmes fondateurs et récurrents du gangsta rap sont l'argent et la réussite, essentiellement financière ; les femmes, la drogue et son commerce, les meurtres et autres activités illégales, ce que désigne le terme « gangsta », issu de l'argot anglophone gangster. À l'origine lancé sur la côte Ouest, le genre est implanté dans la majeure partie des États-Unis et, en particulier, sur la côte Est. Schoolly D, rappeur gangsta conscient et revendicatif originaire de Philadelphie, ou Kool G Rap, new-yorkais « old timer » et librettiste respecté, tous deux présents depuis le début des années 1980, illustrent cette généralisation d'Ouest en Est.
Le gangsta rap du début, entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, avec des rappeurs et groupes comme N.W.A, Snoop Dogg, WC, et MC Eiht, représentait souvent la vie des gangsters des banlieues de Los Angeles caractérisée par la violence, le racisme, la vente de drogue, les persécutions de la police envers les jeunes noirs, les vols, la guerre des gangs (comme celle entre les Bloods et les Crips[4],[5],[6],[7],[8]) sans trop montrer de valeurs matérielles.
Au milieu des années 1990, toute une culture est associée au gangsta rap : le port de vêtements, chaussures, bandanas, casquettes et foulards aux couleurs de son gang ; les crip-walk, et blood-walk, qui sont des danses associées à des gangs ; la mise en place d'un langage et d'une façon de parler gangsta. Le gangsta rap se popularise à travers le monde, notamment à cause des assassinats répétés d'artistes renommés de ce genre : 2Pac en 1996 et The Notorious B.I.G. en 1997[9]. Ce genre musical commence à se propager vers la Côte Est des États-Unis au milieu des années 1990 où il se popularise à New York grâce à des artistes comme Mobb Deep, Nas, Public Enemy et M.O.P. qui donnent un aperçu très sombre du gangsta gap. Le gangsta rap se développe aussi très tôt dans le sud des États-Unis avec, notamment le label Rap-A-Lot basé à Houston, au Texas, qui compte à cette période dans ses rangs le groupe Geto Boys et Scarface[10]. Plus tard alors que le Dirty South, et ce sont les rappeurs du label No Limit Records comme Master P, C-Murder, Mystikal, Sylk the Shocker et Snoop Dogg, originaires de La Nouvelle-Orléans en Louisiane, ainsi que Three 6 Mafia de Memphis, qui commencent à introduire un nouveau style de gangsta rap dans le Sud des États-Unis.
En 2010, le gangsta rap est présent à travers tous les États-Unis avec des rappeurs représentatifs tels que 50 Cent, Trick Trick, Ja Rule, The Game, Slim Thug, Mr. Criminal, Nu Jerzey Devil, et Nelly. Le style de représentation de ces rappeurs est avant tout de se montrer comme dominant et supérieur aux autres (« The Boss »), roulant dans des voitures de luxe (ou des lowriders qui sont l'emblème du gangsta rap de la côte ouest) souvent entourés de jolies filles, faisant l'apologie de l'argent et de l'attitude bling-bling[réf. souhaitée].
Pimp rap
Too $hort, l'un des représentants du genre pimp rap.
Le pimp rap, ou mack rap, est un sous-genre du gangsta rap qui trouve ses origines dans la figure que joue le maquereau dans la culture populaire afro-américaine. Les rappeurs pimp rap s'inspirent ainsi de l'écrivain Iceberg Slim ou de films de blaxploitation tels que Super Fly et Le Mac ; et incarnent la figure du maquereau dans leurs chansons. En plus de la thématique du proxénétisme, la figure du maquereau influence aussi le vocabulaire des artistes de pimp rap, qui empruntent le phrasé des maquereaux[11],[12],[13].
Musicalement, le pimp rap est généralement caractérisé par des influences RnB, un rythme lent et des harmonies jazz. La musique est souvent jouée par un groupe plutôt qu'échantillonnée[13].
Les universitaires Margherita Angelucci et Wissal Houbabi, tout en précisant que les histoires racontées dans les morceaux de pimp rap sont largement fictionnelles et servent d'ego trip, estiment que ce genre est misogyne et qu'il génère un sentiment de sympathie pour le proxénétisme[12].
Selon Complex, en 2014, le pimp rap est en déclin. Cependant, quelques rappeurs comme 100s maintiennent le genre en vie[11],[15].
Le pimp rap ne se limite pas aux États-Unis et est aussi par exemple présent en Italie où il est représenté par des artistes tels qu'Enzo Dong et Mondo Marcio. Contrairement aux rappeurs américains qui sont influencés par des œuvres préexistantes comme les films de blaxploitation et les livres d'Iceberg Slim, les rappeurs italiens s'inspirent directement des artistes de pimp rap américains, dont ils infusent les thèmes avec la culture italienne[12].
Critique
Le gangsta rap est très critiqué pour les thèmes abordés dans les chansons et les attitudes de ses partisans. Ces observations proviennent, en grande partie, d'une catégorie de la population désapprouvant les idées véhiculées par cette musique : machisme, égoïsme, violence gratuite, homophobie, racisme, intolérance, et drogues, notamment. Certains rappeurs considèrent également que le gangsta rap doit éviter de reprendre sans cesse les mêmes thèmes, responsables, selon eux, d'une image tronquée de la culture hip-hop. Ce genre de rap est le plus diffusé parmi les différents courants provenant des États-Unis[réf. nécessaire].
↑ abc et d(en) Margherita Angelucci et Wissal Houbabi, « Chapter 4: From Pimpology to Pimpologia: A Comparative Analysis of Pimp Rap in the United States and Italy », dans Misogyny, Toxic Masculinity, and Heteronormativity in Post-2000 Popular Music, Springer International Publishing, (ISBN978-3-030-65188-6, DOI10.1007/978-3-030-65189-3_5, lire en ligne), p. 73–93.
↑ a et b(en) Stuart Borthwick et Ron Moy, Popular Music Genres: An Introduction, Londres, Routledge, (ISBN978-0415973694), p. 166.