En 1725, il est major à Marie-Galante[6]. La même année[7], à la faveur d'un cyclone qui avait détruit des plantations de cacao, le capitaine de Clieu transporte en Martinique un plant de café, type arabica, qui provenait du Jardin du Roi de Paris et avait été obtenu par M. de Chirac (médecin du Roi). Arrivé en Martinique, il fait planter l'arbuste dans son HabitationLa Jacquart, au Prêcheur[4]. Grâce aux graines, le café est répandu dans les Antilles, notamment en Guadeloupe où de Clieu a été gouverneur de 1737 à 1753[8],[9]. Il y fait construire ponts et bâtiments, et améliore les fortifications[5]. Il est également à l'origine de la création du port de Pointe-à-Pitre en 1763.
En parallèle, il poursuit sa carrière dans la Marine royale et au sein de l'administration coloniale. Promu lieutenant de vaisseau en 1733, puis capitaine de vaisseau en 1746. Il est fait commandeur de Saint-Louis à titre honoraire en 1750[6]. Le , il reçoit une pension de 1 800 livres sur le budget des Invalides et une pension de 3 000 livres sur le budget de la Marine[6]. Le , il reçoit l'ordre de passer au Havre[6]. Il est nommé commandant de la Marine au Port Louis (1756). Lors du bombardement du Havre, en 1759, il se distingue dans le commandement des batteries flottantes qui lui sont confiées. Enfin, il est promu Grand-croix de l'ordre de Saint-Louis en 1774.
Gabriel de Clieu meurt à Paris, le . Les Affiches de Normandie de décembre 1774 dressent un portrait flatteur de lui : « Il était aimé, respecté et estimé de tout ce qui le connaissait ; il fut le père des pauvres, surtout des familles nombreuses, mariant et dotant les filles indigentes des villages voisins de sa terre. Comme ses jours furent comptés par des bienfaits, il ne pouvait manquer d'être regretté de tous ceux qui le connaissaient ».
Gabriel de Clieu, « Après avoir enrichi la Martinique de cette branche du commerce, mourut pauvre et ignoré à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans, en 1775 »[10]. Cette situation de dénuement est contestée par Louis Du Bois, dans sa notice sur le chevalier de Clieu[11].
Vie privée
Gabriel de Clieu s'est marié quatre fois. Sa première femme, Marie Collombe de Mallevault décède à la Martinique en 1725, le laissant seul avec un fils né en 1717 appelé Jean-Baptiste de Clieu. Trois ans plus tard, il épouse Marie Rigolet avec qui il aura trois enfants nommés Jacques-François-Mathieu de Clieu né en 1729, Marie-Madeleine-Rachel de Clieu en 1734 et Catherine-Marthe de Clieu en 1735. Cinq années après le décès de Marie Rigolet, Gabriel de Clieu se remarie avec Luce-Nicole du Bourg d'Esclainvilliers à la Guadeloupe. De cette union naîtra Charles-Abraham de Clieu en 1760. Enfin, à 83 ans Gabriel de Clieu épouse Elizabeth Roux du Fay[5].
Gabriel de Clieu devient grand-père pour la première fois en 1756 d'une petite fille Marie-Charlotte-Mathurine de Clieu, fille de Jean-Baptiste de Clieu[5].
Hommages et postérité
Le Jardin Desclieux à Fort-de-France en Martinique. Situé à l'origine aux portes de la ville, ce jardin public de plus de 6 hectares, dessiné par le directeur du service de l’agriculture, M. Eugène Bassières, avait été inauguré le 14 juillet 1918, par le gouverneur M. Camille Guy, assisté de l’administrateur de la Dominique M. Mahafy[12]. Urbanisé depuis, il est devenu un lieu-dit de Fort-de-France[3].
Dans le Jardin botanique de Fort-de-France, une stèle lui a été dédiée en 1918.
Lors de la Transat Jacques Vabre de 2023, le skipper Félix de Navacelle, descendant de Gabriel de Clieu, s'est vu remettre un plant de café à emporter, en souvenir de son ancêtre[13],[14].
Le remorquer Gabriel de Clieu construit sous le numéro 1233 en 1972[15],[16]
↑Pierre-Jacques Charliat, Le temps des grands voiliers, tome III de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 117
↑ a et bDEAL de la Martinique, Étude pluridisciplinaire d’approfondissement des connaissances sur les versants nord-ouest de la Montagne Pelée, , 45 p.
↑ abcd et eCatherine de Beaunay-Cotelle, Hommage au chevalier Gabriel de Clieu : la fabuleuse histoire du café au siècle des explorateurs dieppois, Derchigny-Graincourt/Luneray, Association de Clieu / Bertout, , 70 p. (ISBN2-86743-235-9)
↑G.-E. Coubard d'Aulnay, Monographie du café : ou Manuel de l'amateur de café, ouvrage contenant la description et la culture du caféier, l'histoire du café, p. 41, Publié par Delaunay, 1832, 215 pages
Traité sur les effets et les propriétés du café, par Benjamin Moseley, 120 pages, traduit de l'anglais par M. Lebreton, édition Prault, imprimeur du Roi, 1786, cite une lettre adressée à l'auteur par de Clieu le .
Louis-François Du Bois, Notice sur le chevalier de Clieu, et Bibliographie du café, vol. 1, Caen, [Gost-Clerisse, coll. « Mémoires de l'Académie du Calvados », , 17 p. (OCLC898123638, BNF30359105)
Alexandre Mazas, Histoire de l'ordre royal et Militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, vol. 2, Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, (lire en ligne), p. 123