Cette page explique l’histoire ou répertorie les différents membres de la famille Kanō.
La généalogie des peintres de l'école Kano permet de mieux comprendre comment, au sein de cette école de peinture officielle qui a irrigué l'art pictural japonais du XVIe siècle au XIXe siècle, les générations se sont succédé au sein de ce qui était également une famille - en plus d'une école de peinture. En effet, les écoles picturales japonaises évoluaient en général par désignation d'un disciple préféré pour prendre la succession du maître (comme c'est le cas général dans l'ukiyo-e), mais beaucoup plus rarement, comme c'est pourtant ici le cas, par succession au sein d'une même famille.
Note : Sur fond brun, les membres de l'école Kanō. Sur fond beige clair pour les autres peintres n'appartenant pas à cette école. Les liens bleu ouvrent une page. Les liens rouge, page inexistante.
Au début du XVIe siècle, le Japon est toujours déchiré par les luttes entre féodaux, mais l'ouverture sur le monde extérieur lui assure une enviable prospérité économique qui profite bien sûr à l'art. En 1582, le général Hideyoshi, militaire d'humble origine est le véritable unificateur du Japon. Il marque de sa personnalité la brève période Momoyama (du nom de l'une de ses résidences): ami des arts il confie la décoration de ses palais aux plus grands artistes du temps.
Trois siècles durant, le Japon connait une remarquable stabilité, mais la société, figée par la gestion conservatrice, se referme sur elle-même. L'esprit du Zen, qui a imprégné toute la période précédente, cède la place à un confucianisme étriqué qui marque jusqu'à la fin (1868) l'époque Tokugawa (dite époque Edo). L'art s'en ressent, bien que périodiquement des artistes rebelles à l'anticonformisme roboratif, se risquent à jeter sur le monde un regard neuf.
Toujours est-il que le style dominant, conforme aux goûts de la classe installée, incline désormais vers un maniérisme somptueux, dont la virtuosité est parfois lassante. Cette évolution, il est vrai, est dans l'air depuis déjà un certain temps: en fait depuis la fondation de ce qu'on appelle l'École Kanō (plusieurs dizaines de peintres, plus ou moins directement rattachés à la même famille, portent ce nom).
Kanō Masanobu (1434-1530), l'ancêtre, qui vit presque centenaire, est le premier, à une époque où l'art du pinceau est le quasi-monopole des moines, à défendre un style d'esprit résolument laïc. Mais c'est au prix de la liberté. Les artistes désormais ne travaillent plus pour eux-mêmes, mais pour la cour du Shogun, où le grave Confucius ne tarde pas à détrôner l'insouciant Lao Tseu.
À la peinture intimiste des moines zen, qui est dans l'ensemble restée au format raisonnable du kakemono, succède un art plus monumental (vastes paravents byôbu, peints par paires, larges portes coulissantes fusuma, plus décoratif surtout. L'influence chinoise cède du terrain : on en revient bientôt à une manière qui n'est pas sans rappeler le yamatoe de jadis et l'art des anciens emaki, mais largement stylisé, et surtout copieusement enrichi.
La lignée des Kanō donne naissance à quelques artistes authentiquement inspirés, qui savent marier avec habileté les impératifs de la nouvelle peinture et le prodigieux acquis de la période précédente. D'abord Kanō Motonobu, fils de Masanobu, qui utilise le lavis d'encre avec une belle maîtrise. Ses traits incisifs, emploi fréquent de la couleur, sens du détail précieux, est portée à son plus haut point de virtuosité par Kanō Eitoku, Kanō Tannyū et Tannyū Naonobu, qui savent à l'occasion se rappeler la grande leçon des peintres des Song, dont le sens évite toute vulgarité.
Bien d'autres artistes sont entraînés dans leur sillage, qui n'ont pas à démériter : Tōhaku (1539-1610), l'immortel auteur du Bois de pins et le baroque Terutada Shikibu (1e moitié du XVIe siècle), et bien d'autres.
Biographies succinctes[n 1]