Françoise-Marie fut légitimée en 1681, comme fille du seul roi Louis XIV. Sa mère étant alors une femme mariée de la cour, son nom ne fut pas mentionné. Elle ne fut pas beaucoup aimée par sa mère qui, célèbre pour sa beauté, lui en voulait d'être laide[1]. Madame de Montespan connaissait d'ailleurs la disgrâce. Après une première séparation obtenue par l'aumônier de la cour, puis une réconciliation dont Françoise-Marie et son frère, le comte de Toulouse, furent les fruits, la disgrâce fut consommée à la suite de l'Affaire des poisons. La légitimation des deux enfants peut être présentée comme une sorte de cadeau de rupture de la part du roi.
D'ailleurs, Madame de Maintenon qui avait pourtant élevé les précédents enfants naturels de la favorite refusa d'élever ces deux enfants issus non seulement d'un double adultère, mais aussi du parjure. Ayant remplacé Madame de Montespan dans le lit royal, elle s'ingénia à réconcilier le roi avec son épouse Marie-Thérèse d'Autriche. Elle remplaça bientôt la reine quand, après la mort de celle-ci, le roi l'épousa secrètement, faisant d'elle une épouse morganatique.
Mariage
Néanmoins, tout à sa volonté d'abaisser les grands du royaume, Louis XIV donna à sa fille pour époux son neveu Philippe d'Orléans, duc de Chartres. La cérémonie fut célébrée dans la chapelle du château de Versailles, le 18 février 1692[2]. Après la cérémonie, un fastueux banquet fut offert dans la galerie des Glaces, en présence des princes et princesses du sang. Parmi les invités se trouvaient le roi exilé d'Angleterre, Jacques II et son épouse, Marie de Modène. Cette dernière eut même l'honneur de donner à la nouvelle duchesse son linge de lit.
Madame de Montespan, mère de la mariée, n'a même pas été invitée au mariage. Le roi attribua à sa fille la dot énorme de deux millions de livres, qui ne suffit pas à vaincre les prétentions du côté des Orléans, et particulièrement de la princesse palatine, alors scandalisée par cette mésalliance. De plus, pour convaincre son frère Monsieur d'accepter le mariage de son fils et de sa fille, le roi chargea le marquis d'Effiat, mignon de Monsieur, d'user de son influence sur celui-ci.
Son nouveau mari étant un petit-fils de France, Françoise-Marie s'éleva au même rang recevant ainsi le titre d'Altesse Royale. De plus, les jeunes mariés suivent constamment le roi, partageant plusieurs moments privilégiés avec le monarque. Par exemple, ils dînent souvent avec lui et ont droit à des fauteuils en sa présence. En tant que nouvelle duchesse de Chartres, Françoise-Marie devenait la deuxième, puis la troisième dame du royaume en 1697, à la suite de l'arrivée de la duchesse de Bourgogne, épouse du petit-fils du roi.
Le mariage ne fut d’ailleurs pas heureux. Parlant de son époux, la jeune fille disait avec cynisme : « Peu m'importe qu’il m'aime, pourvu qu'il m’épouse ! ». Quant au promis, il surnomma bientôt sa femme « Madame Lucifer ».
Descendance
Le duc et la duchesse de Chartes eurent néanmoins huit enfants :
Fille non-identifiée, Mademoiselle de Valois (17 décembre 1693 - 17 octobre 1694) ;
Certes, Philippe trompait son épouse mais celle-ci, imbue de sa naissance royale ne s'en souciait pas plus que de ses enfants. Elle cherchait surtout à compenser le « vice » de sa naissance en traitant son entourage avec hauteur, y compris sa jeune belle-soeur, Élisabeth-Charlotte d'Orléans, la future épouse de Léopold Ier de Lorraine, qu'elle voulait traiter « en servante ».
À la cour de France
Personnalité
La mort de Monsieur, survenue le 9 juin 1701, permit à Françoise-Marie de se hisser au rang de seconde dame de la cour, juste après la duchesse de Bourgogne. Plusieurs de ses contemporains dressent un portrait moral et physique assez précis de la duchesse d'Orléans. Saint-Simon nous décrit ses traits :
« Madame la duchesse d’Orléans était grande et de tous points majestueuse; le teint, la gorge, les bras admirables, les yeux aussi ; la bouche assez bien avec de belles dents, un peu longues; des joues trop larges et trop pendantes qui la gâtaient , mais qui n’empêchaient pas la beauté. [...] Elle avait un parler gras si lent, si embarrassé, si difficile aux oreilles qui n’y étaient pas fort accoutumées, que ce défaut, qu’elle ne paraissait pourtant pas trouver tel, déparait extrêmement ce qu’elle disait. »
De plus, sa belle-mère, la princesse palatine, ajoute dans une de ses lettre de l'année 1693 que :
« Ma belle fille est une désagréable et méchante créature ; [...] son arrogance et sa mauvaise humeur sont insupportables, et sa figure est parfaitement déplaisante. Elle ressemble à un cul comme deux gouttes d'eau : elle est toute bistournée ; avec cela une affreuse prononciation comme si elle avait toujours la bouche pleine de bouillie, et une tête qui branle sans cesse. »
C'est ainsi que l'Histoire ne retiendra d'elle que l'image d'une femme orgueilleuse, dolente et paresseuse, restant étendue dans son canapé, entourée de ses dames de compagnie, toutes laides et dociles qui ne pouvaient faire ombrage à la duchesse ou devenir une potentielle maîtresse pour son époux. Cette réputation répandue par ses contemporains ancre dans la mémoire collective l'image d'une femme hautaine et orgueilleuse : « petite-fille de France jusque sur sa chaise percée » toujours selon Saint-Simon, effaçant ainsi la mécène et la bienfaitrice de tant d'œuvres qu'était la duchesse d'Orléans.
Enfin, elle tenta même auprès de son père et de son mari d'instaurer un ordre nouveau, celui « d'arrière-petit-fils de France ». L'objectif étant de faire jouir ses enfants de cette distinction puisque le sang serait ainsi supérieur à celui des princes du sang, et lui permettrait de s'élever elle-même au rang de fils et fille de France. Cette entreprise ne vit jamais le jour car ni son père, ni son époux ne furent favorables à cette dernière, notamment en raison des protestations des princes du sang qui ne voulaient pas être rétrogradés.
Duchesse d'Orléans (1701-1749)
Durant la Régence
Côté famille, sa sœur aînée la duchesse de Bourbon et elle se jalousaient. En 1710, elles se querellèrent à propos du mariage du duc de Berry, dernier fils du Grand Dauphin. Les deux femmes avaient des filles à marier, mais Françoise-Marie sut mettre dans son jeux la duchesse de Bourgogne et surtout Madame de Maintenon, épouse secrète du roi, de sorte que le duc de Berry épousa Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans, fille aînée de la duchesse, et qui en profita pour mener une vie de débauche, n'épargnant alors aucune humiliation publique ou privée à sa mère.
Les autres filles de la duchesse d'Orléans n'avaient pas de réelle affection pour cette mère qui les avait toujours traitées avec une trop grande indifférence. Mademoiselle de Valois devint la maîtresse du duc de Richelieu. Pour éviter tout scandale, on la maria rapidement au duc de Modène. Il en fut de même pour les autres filles de la duchesse d'Orléans, elles étaient des femmes mal élevées et désagréables. Par exemple, durant l'année de 1721, elle eut la joie de marier et fiancer ses filles Louise-Élisabeth d'Orléans au prince des Asturies et Philippine-Élisabeth d'Orléans à son frère Charles III, infant d'Espagne.
À la mort de Louis XIV, survenue le 1er septembre 1715, Philippe d'Orléans devint régent de France pendant la minorité du jeune Louis XV. Veuve à 19 ans, la duchesse de Berry affirme ses prétentions à être première dame du royaume, devant sa mère. Elle se fait attribuer le palais du Luxembourg, où elle tient son cercle et se livre à de scandaleuses orgies. La santé délabrée par ses excès de bouche, ses nombreuses coucheries et une longue série de grossesses clandestines, elle meurt le 21 juillet 1719. Sa mère devint ainsi, jusqu'en 1725, première dame du royaume
Françoise-Marie continua à maintenir son train de vie jugé paresseux. Néanmoins, en tant que femme de haut rang, elle possédait de nombreuses résidences. En effet la duchesse avait un appartement à l'abbaye de Montmartre qu'elle garda jusqu'en 1718, car dégoûtée de la vue d'où : « elle ne voyoit que des toits, des minuties des religieuses pour des clefs et des passages ». Elle acheta le château de Bagnolet en 1719, et en fit un lieu immense et délicieux. C'est ainsi là-bas qu'elle partagea la plupart de son temps quand elle n'était pas au château de Saint-Cloud, ancienne résidence de Monsieur, ou au Palais-Royal.
« Madame la duchesse d'Orléans, comme Altesse Royale, devait être enterrée à la basilique Saint-Denis, mais elle a demandé par son testament à être enterrée au Couvent de la Madeleine de Traisnel, faubourg Saint-Antoine, où elle avait un appartement, et où Mademoiselle d'Orléans, abbesse de Chelles, sa fille, a été enterrée ; et beaucoup de simplicité dans sa pompe funèbre ; cela a été exécuté.
À peine l'a-t-on vue pour le public dans son lit de parade. Les cours souveraines n'ont point été lui jeter de l'eau bénite. Point de tenture dans les cours du Palais-Royal, et jeudi 6, sur les cinq heures du soir, on l'a portée à la Madeleine de Trésnel.
Le cortège était simple : point de pauvres, une centaine de domestiques avec des flambeaux, ses gardes, ses Suisses, pages et gentilshommes, ses officiers à cheval, son corps dans un carrosse de deuil, deux autres : carrosses noirs pour les prêtres et ses premiers officiers, deux autres carrosses ordinaires pour ses femmes, et même ni son fils, le duc d'Orléans, ni son petit-fils, le duc de Chartres, le prince de Conti, son gendre, le duc de Penthièvre, son petit-gendre, aucuns princes ne suivaient en carrosse le convoi. À neuf heures du soir son cœur a été porté au Val-de Grâce. »