Acteur forain et entrepreneur de spectacles, Francisque joue d'abord en province et vient à Paris pour la foire Saint-Germain de 1715, puis pour celle de 1718.
De novembre 1718 à février 1719, la troupe de Francisque joue à Londres au théâtre de Lincoln's Inn et au King's Theatre ; le , elle joue en présence de la cour et « d'un grand nombre de nobles et de gentry »[1] ; à partir du , la troupe joue Arlequin balourd, une pièce en français écrite par Michel Procope-Couteaux ; le roi George Ier assiste à la troisième représentation[2]. Dans le prologue de l'édition, l'auteur écrit « je voiois [voyais] souvent Mr. Francisque qui a infiniment de l'esprit & du goût ; je puis dire sans le flater, que sa moindre qualité est d'être excellent Arlequin. Je lui parlai de ma pièce, il m'inspira l'envie de la faire représenter, & il le donna même plusieurs idées qui n'ont pas peu contribué à la réussite »[3].
En 1720 Francisque monte à Paris une troupe composée en grande partie de sa famille, dans laquelle son frère Simon joue les Arlequins[4] ; sa nièce est la danseuse et chorégraphe Marie Sallé[5].
La troupe joue des pièces écrites par Alain-René Lesage, Jacques-Philippe d'Orneval et Louis Fuzelier à la Foire Saint-Germain, et Francisque y tient le rôle d'Arlequin : La Statue merveilleuse, Arlequin roi des ogres, ou Les bottes de sept lieues et La queuë de verité en 1720 ; Arlequin Endymion[6], La forêt de Dodone, La fausse-foire, La boîte de Pandore et La tête-noire en 1721[7].
À la foire Saint-Laurent de 1721, Francisque est autorisé à ouvrir un spectacle d'opéra-comique[8]. Ce privilège n'est pas reconduit ; en 1722 le Théâtre français obtient de faire appliquer dans toute sa rigueur un arrêt du Conseil de 1718 qui limitait les spectacles de la foire à un seul rôle parlé[4] ; Francisque passe commande à Alexis Piron d'un monologue ; Piron écrit Arlequin Deucalion en trois actes qui a un énorme succès lors de la foire de 1722 : Piron y a imaginé un Arlequin seul rescapé du Déluge et qui, tout naturellement, soliloque, avec deux autres voix inattendues : celle d’un perroquet et celle d’un polichinelle de bois[9],[10].
La dernière mention qu'on ait de lui date de 1756 et on ne lui connaît ni épouse ni descendance.
Notes et références
Notes
↑Les Nouveaux mémoires sur les spectacles de la Foire, manuscrit du XVIIIe siècle conservé à la Bibliothèque-musée de l'Opéra à Paris, cote Rés. 611, indiquent « Francisque, flamand de nation ».
↑Michel Procope-Couteaux, Arlequin balourd, comédie italienne en cinq actes, comme elle a été représentée sur le théâtre roial de Hay-Market, devant Sa Majesté, Londres, Henri Ribotteau, , XVIII-120 p. (lire en ligne).
↑(en) Sarah McCleave, « Marie Sallé and the Development of the Ballet en action », Journal of the Society for Musicology in Ireland, , p. 1-23 (présentation en ligne).
↑Arlequin Endymion. Pièce en un acte. Représentée par la troupe du sieur Francisque à la foire de Saint-Germain, 1721, Paris, E. Ganeau, (lire en ligne).
↑Le théâtre de la foire, ou L'opéra comique. Contenant les meilleures pièces qui ont été représentées aux foires de S. Germain & de S. Laurent ... Par Mrs. Le Sage & d'Orneval, Paris, Étienne Ganeau, .
↑Jean-Philippe Van Aelbrouck, « Acteurs et troupes du Théâtre de la Monnaie sous Charles de Lorraine (1749-1780) », Cahiers Bruxellois / Brusselse Cahiers, vol. 1, no LII, , p. 13-45 (lire en ligne)
↑(en) Sarah McCleave, « Dancing at the English Opera: Marie Sallé's Letter to the Duchess of Richmond », Dance Research, vol. 17, no 1, , p. 22-46 (présentation en ligne).
Bibliographie
Émile Campardon, « Francisque (Francisque Molin dit) », dans Les spectacles de la foire : théâtres, acteurs, sauteurs et danseurs de corde, monstres, géants, nains, animaux curieux ou savants, marionnettes, automates, figures de cire et jeux mécaniques des foires Saint-Germain et Saint-Laurent, des boulevards et du Palais-Royal, depuis 1595 jusqu'à 1791. Documents inédits recueillis aux archives nationales, Paris, Berger-Levrault, , 2 vol. (lire en ligne), tome I, p. 337-342.
Agnès Marcetteau-Paul, « Les auteurs du théâtre de la foire à Paris au XVIIIe siècle », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 141, no 2, , p. 307-335 (lire en ligne).