François Cuzin fait ses études secondaires au lycée Ampère à Lyon puis au lycée Lakanal à Paris. Reçu premier au concours de l'École normale supérieure (ENS), il sort deuxième de sa promotion (L 1936)[1] et obtient la troisième place à l'agrégation de philosophie en 1943 (dans les faits, il est classé deuxième, mais Tran Duc Thao classé premier ex aequo est placé hors rang en raison de sa nationalité vietnamienne)[2]. Il adhère aux Jeunesses communistes puis s'en éloigne lors du pacte germano-soviétique. Le , il écrit une lettre au directeur de l'ENS, Jérôme Carcopino, normalien lui-aussi, qui vient d'être nommé secrétaire d'État à l'Éducation nationale, pour protester contre l'interdiction faite aux étudiants juifs de se présenter au concours de l'école[3]. En 1941 à Paris, il est mis en relation par Maurice Merleau-Ponty, qui a été son répétiteur à l'ENS, avec Jean-Paul Sartre et Jean-Toussaint Desanti, camarade de khâgne. Il entre dans leur petit groupe de résistance, qui publie Sous la Botte et va devenir "Socialisme et Liberté"[4],[5].
François Cuzin a son premier poste d'enseignement en 1941 au lycée de Toulon. Il entre dans le mouvement Franc-Tireur et y participe aux travaux de la commission de réflexion sur la presse[6].
Nommé à la rentrée 1942 à Digne au lycée Gassendi[7], il devient le chef départemental de Franc-Tireur, sous le pseudo Étienne[8]. Il participe à la direction des Mouvements unis de la Résistance (MUR) et de l'Armée secrète (AS), et est chargé du service de renseignements des MUR, en liaison avec Franck Arnal, son chef régional à Toulon[9]. Il participe à Lyon au Comité national des intellectuels de la zone sud et est nommé membre du Comité départemental de libération (CDL) des Basses-Alpes[10]. En , il met en place le Comité de libération de Digne[11].
C'est en venant à une réunion du CDL qu'il tombe le dans un guet-apens monté par les Allemands à Oraison. Conduit au siège de la Gestapo à Marseille, il y est torturé. Transporté au « Vallon des Fusillés » à Signes dans le Var, il est abattu le avec vingt huit de ses camarades, sans avoir pu laisser d’œuvre littéraire véritable[12].
René Char, aux côtés duquel François Cuzin a combattu, évoque dans un article du journal Le Monde en date du , soit vingt-cinq ans après sa disparition, celui qui, pour le poète, "fut, par nature et par sentiment, la Résistance même".
François Cuzin, né à Dolomieu dans la maison de son oncle le mathématicien Élie Cartan, y repose dans la sépulture familiale. Il était le cousin-germain du mathématicien Henri Cartan et du physicien Louis Cartan, exécuté lui aussi par les Allemands.
Écrits
Situation du Surréalisme, 19 p., Revue de la renaissance française, no 20,
Notes sur la mort d'autrui, posthume, Revue de métaphysique et de morale, no 4, octobre-
Lieux mémoriaux
Oraison (Alpes de Haute-Provence), stèle à l'entrée du village.