Cet article est une ébauche concernant le français et la Guadeloupe.
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Le français guadeloupéen est une variété régionale du français en usage en Guadeloupe. Il ne doit être confondu ni avec le créole guadeloupéen ni avec le français standard. En effet, le français guadeloupéen a ses propres spécificités.
L'étude scientifique de cette variété de français est récente[1] car, en milieu créolophone, la plupart des études portent non pas sur le français en contact avec le créole mais sur le créole lui-même. D'ailleurs, la première étude qui traite à la fois de l'aspect phonétique acoustique, phonologique et perceptif du français guadeloupéen a été publiée en 2015[2].
Dans la littérature, on trouve cependant quelques descriptions.
Le français guadeloupéen comporte des interjections exclusivement formées des segments an et/ou han. Elles renforcent le sens d'un énoncé et le rendent plus expressif. D'après J. Akpossan & F. Delumeau (2007), elles sont au nombre de 17 [3] et se distinguent entre elles par les intonations qui leur sont appliquées.
On trouve par exemple:
1) des formes simples comme :
2) des formes redoublées comme :
3) des combinaisons comme:
Aussi, peut-on entendre, en français guadeloupéen, un énoncé tel que : « Han! Je t'ai déjà dit d'arrêter ! An! Tu ne voulais pas comprendre ! »
1) Certains mots du français standard peuvent revêtir un sens différent en français guadeloupéen comme le montrent les exemples (tirés de G. et M-Chr. Hazaël-Massieux, 1996:677)[4] suivants:
2) On note quelques expressions idiomatiques (tiré de J. Akpossan-Confiac, 2011)[5] telles que:
3) Il y a aussi un phénomène de répétition lexicale pour insister sur un fait là où le français standard emploierait plus volontiers un adverbe (J. Akpossan-Confiac; 2011, 2015). Par exemple:
Ainsi, une personne qui a couru couru couru a effectué un plus gros effort (soit dans la durée, soit dans la distance, soit dans la vitesse de la course) que celle qui n'a que couru couru
Ce type de tournures possède des "fonctions communicatives et d'intensification" (M.Chr. Hazaël-Massieux, 1993:372)[6] et est généralement accompagné d'une intonation montante sur la première syllabe et d'un fort allongement de la dernière syllabe (J. Akpossan-Confiac, 2015:119).
En Guadeloupe, le français et le créole cohabitent et interfèrent. C'est ainsi que certains traits phoniques propres au créole peuvent se retrouver dans le français parlé en Guadeloupe: c'est ce qui crée cette impression "d'accent antillais".
Quand en théorie, les systèmes vocaliques des français guadeloupéen et métropolitain sont décrits comme identiques, en pratique, il y a quelques différences. En effet, sous l'influence du créole, les voyelles antérieures arrondies /y, ø, œ, œ̃/ peuvent se voir réalisées en tant que voyelles antérieures non-arrondies /i, e, ɛ, ɛ̃/ en français guadeloupéen. Par exemple, des mots comme "petit" /pəti/ ou "plus" /plys/ peuvent se voir respectivement prononcés /pɛti/ ou /plis/.
Influencé par le créole, le /R/ du français guadeloupéen peut se réaliser en tant que [w] en contexte labial et s'élider en coda de syllabe (A. Valdman, 1978[7] ; J. Akpossan-Confiac, 2015).