Il a été annoncé que le pays invité d'honneur était le Togo, qui s’est doté d’un code du cinéma et de l’image animée en 2021[1], mais lors de la cérémonie d’installation des membres du Comité national d’organisation du 2 février 2023, placé sous la supervision du ministre chargé de la Culture, son président Fidèle Tamini, secrétaire général du ministère de la Culture, soutient qu’il n’y a pas de problèmes avec le Togo mais que « au regard des défis du moment, il n’y a pas meilleur partenaire que le Mali pour être pays invité d’honneur »[2].
Déroulement
Préparation
Le délégué général Alex Moussa Sawadogo dévoile la sélection officielle lors d'une conférence de presse à Ouagadougou le 13 janvier 2023. Il annonce que le budget estimatif de l'édition 2023 s’élève à environ 2 milliards de francs CFA[3].
Comme en 2021, le Fespaco rend public son comité de sélection, composé de professionnels des cinémas d'Afrique:
L'accent sur le plan professionnel est conservé avec le Fespaco Pro qui s’articule autour du Marché international du cinéma et de l’audiovisuel africains (MICA), des ateliers Yennenga (accompagnement des films au stade de la post-production), de Yennenga Libooni (échanges entre professionnels) et de Yennenga Connexion (passerelle vers les soutiens au cinéma)[5]. Le jury Yennenga Post-production est présidé par la réalisatrice et productrice sud-africaine Tiny Mungwe[6].
Dans le cadre des ateliers Yennenga, le Fespaco lance en 2023 la première édition du Marché de Coproduction de l‘Afrique francophone dénommé « Yennenga Coproduction », dédié aux projets de films de fiction longs métrages en recherche de partenaires notamment financiers avec quinze réalisateurs ou producteurs établis dans les pays francophones d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale[7]. 17 projets de films longs métrages fiction sont retenus[8].
Le Fespaco organise également pour la deuxième fois un programme de rencontres permettant à quinze apprentis cinéastes de mieux connaître leur profession, la Yennenga Academy, dont la marraine en 2023 est la documentariste nigérienne Kidi Aïcha Macky[9].
Le 15 septembre 2022, l'ambassade des Etats-Unis à fait don au Fespaco d'ordinateurs, écrans et imprimantes pour une valeur de plus de 16 millions de francs CFA[10]. Le 22 octobre 2019, elle avait déjà fait don d'un appareil de projection numérique pour une valeur de 25 millions de francs CFA[11] et le 7 octobre 2021 de matériel sonore et cinématographique pour 12 millions de francs CFA[12].
Le 15 février 2023, la Loterie Nationale Burkinabè (LONAB) offre 50 millions au Fespaco pour l'organisation de la 28e édition[13].
Contexte
Cette 28e édition du Fespaco se tient dans un contexte sécuritaire national marqué par le terrorisme : la délégation générale du Fespaco assure que des dispositions sont prises pour un « Fespaco sécurisé »[14]. Le saccage de l'Institut français et de ses deux salles de projection lors des manifestations au lendemain du coup d’État de septembre 2022 qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir oblige le Fespaco à organiser des séances dans deux salles de la Mairie centrale de Ouagadougou, en plus des cinémas Burkina et Neerwaya et des deux salles Canal Olympia de Ouaga 2000 et Pissy. L'annonce de maintenir la 28ème édition à la date prévue est faite le 1er décembre 2022, décision prise par le président de la Transition « qui fait le constat d’une avancée significative dans les préparatifs »[15].
Le visuel officiel
Ce visuel signé El Marto représente la figure légendaire de Sarraounia pour illustrer le thème « Cinéma d’Afrique et culture de la paix ». Sarraounia signifie reine en haoussa. Cette appellation a été donnée à une amazone, chef politique et religieuse du village de Lougou au Niger, qui s'opposa à la mission Voulet-Chanoine. Avec son film Sarraounia qui remporte l’Etalon de Yennenga en 1987, Med Hondo adapte en 1986 avec le soutien financier du Burkina Faso le roman de l’écrivain nigérien Abdoulaye Mamani qui l'a rendue célèbre.
D'après la communication du Fespaco, ce visuel est « un symbole de fierté africaine, de résistance, et de résilience » qui « met l'accent sur une combattante avec ses attributs de guerrière à un moment où il faut mettre en avant les Forces de Défenses et de Sécurité et les Volontaires pour la défense de la patrie, pour saluer leur sacrifice, leur courage et leur engagement patriotique »[16].
Lors de l'ouverture professionnelle en soirée, le film Bravo, Burkina ! du réalisateur et designer nigérian Walé Oyéjidé, qui rappelle combien le monde est interconnecté[18], est projeté[19].
Faits marquants
Deux nouvelles statues sont inaugurées sur l'avenue Monseigneur Thévenoud depuis la place des cinéastes devant la mairie centrale : le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko[20] et le cinéaste nigérien Oumarou Ganda[21].
Un buste d'Ousmane Sembène est dévoilé devant le siège du Fespaco à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance[22].
Une semaine avant le festival, des séances gratuites en plein air sont organisées à l'intention des déplacés du fait du terrorisme dans la ville de Kaya, ainsi que pendant le Fespaco dans les quartiers de Bassinko, Pissy, Dassasgho et sur la place de la Nation dans le centre-ville. Après le Fespaco, le traditionnel mini-Fespaco se tient à Bobo-Dioulasso[23]. Le film Le Taxi, le cinéma et moi de Salam Zampaligré est projeté à la séance d'ouverture le 9 mars, son protagoniste étant Drissa Touré, qui y demeure[24]. Il est suivi d'une autre édition du 15 au 25 mars à Banfora ayant pour thème le rôle des déplacés internes dans la gestion de la crise sécuritaire[25].
Jurys
Les jurys respectent dans leur ensemble la parité hommes-femmes et sont entièrement composés de personnalités du cinéma d'ascendance africaine.
Le producteur sud-africain Steven Markovitz préside le jury Documentaire long-métrage, composé de Dieudo Hamadi, Christophe Konkobo, Hicham Falah, N'Goné Fall, Jessica et Kidi Aïcha Macky.
Le réalisateur nigérian Kunle Afolayan préside le jury Perspectives, composé de Rabih El-Khoury, Wendy Bashi, Karim Aïtouna et Issiaka Konaté.
L'ancien délégué général du Fespaco Ardjouma Soma préside le jury de la section Burkina, composé de Dr Dorothée Dognon, Pocas Pascoal, Fargass Assandé et Aboubacar Demba Cissokho.
La réalisatrice camerounaise Françoise Ellong-Gomez préside le jury Fespaco shorts, composé de Boureima Salouka, Souleymane Kebe, Hirst Shebat et Glasgow-Maeda Neigeme.
Le producteur ivoiro-guadeloupéen Gnama Baddy Dega préside le jury Séries télé / animation, composé de Toumani Sangaré, Daniel Atchali, Séraphine Angoula et Kandy Guira.
Le producteur cap-verdien Pedro Soulé préside le jury Films des écoles de cinéma, composé de Raymond M. Tiendrebeogo, Jacqueline Murekeyisoni, Sitou Ayité et Andrey Diarra.
pour la création costumes Maurice H. Ouedraogo, Martine Somé et Pathé Ouedraogo.
Chaque matin à l'espace professionnel, des débats-forums permettent au public et festivaliers de rencontrer les cinéastes autour de leurs films.
Des tables rondes ont pour thème :
Le scénario, l'adaptation et la novelisation : quelle mutualisation des ressources et des compétences en faveur des littératures, des cinémas et de l'audiovisuel d'Afrique ?
La présence de la Diaspora au Fespaco : une réflexion historique et critique.
Le Fespaco dans la Diaspora : connexions avec les festivals internationaux et propositions pour un futur intégré.
Marchés des films d'Afrique et d'ailleurs - quelles opportunités pour les créateurs ?
Sélections
Après avoir visionné 1 200 productions, ce sont finalement 170 films qui sont sélectionnés [14].
Sur les 84 films du Burkina Faso présentés, 12 sont sélectionnés dans la section Burkina et 14 dans les autres sections ainsi que 3 dans la section films des écoles de cinéma[26]. Le Burkina Faso est ainsi le pays le plus représenté dans cette sélection.
L'organisation de la sélection en onze catégories de 2021 est confirmée, la seule différence étant que la section courts-métrages est dorénavant dénommée Fespaco shorts[27].
Longs métrages de fiction
Quinze films de treize pays sont en compétition pour l'Étalon d'or de Yennenga. Huit sont réalisés par des femmes.
Une maison de poupées à la mémoire des hommes et de leurs rêves de cendre enterrés sous le regard de minuit pendant que les douces barres du dédale animal ouvrent le vrai maître de la cage et des mensonges du bercail
Une maison de poupées à la mémoire des hommes et de leurs rêves de cendre enterrés sous le regard de minuit pendant que les douces barres du dédale animal ouvrent le vrai maître de la cage et des mensonges du bercail d'Andriaminosoa Hary et Joël Rakotovelo
La transcription des 16 débats-forums avec les réalisateurs des films en compétition est publiée dans le zoom dédié sur le site d'Africultures : Africultures