D’argent à la fasce de gueules chargée de trois besans accompagnée de six merlettes de sable, dont trois en chef et trois en pointe, ces dernières rangées 2 et 1.
Ernest Denormandie, né le à Paris 3e et mort le à Paris 8e[a], est un financier et homme politique français.
Maire de Paris 8e, député de la Seine, sénateur inamovible, Denormandie a également été administrateur du Paris-Lyon-Méditerranée, président du Conseil d'administration du Comptoir national d'escompte de Paris, gouverneur de la Banque de France, président de la Caisse d'Épargne et de Prévoyance et de la Banque de l'Indochine.
Après avoir fait ses études de droit à la Faculté de Paris, il a conservé la clientèle de la famille d'Orléans à la suite de son père et, en 1851, il succède à ce dernier comme avoué près le tribunal civil de la Seine, le , et sera, pendant son exercice professionnel, trois fois président de la Chambre des avoués, à partir de 1867[3].
Pendant le siège de Paris, il a obtenu dans la Seine, au scrutin du 8 février 1871, sans être élu, 58 677 voix sur 328 970 votants. Il figurait, au 2 juillet, sur les listes de l’Union parisienne de la presse. L’Union républicaine, qui ne l’avait accepté comme candidat qu’à la condition qu’il fasse une déclaration fermement républicaine, et celui-ci n’ayant pas cru devoir se prononcer d’une façon catégorique sur le sujet, avait cessé de le soutenir et son nom avait été rayé de la liste des journaux dont elle disposait. Il n’en a pas moins été nommé par 112 589 voix sur 290 823 votants[5].
Aussitôt après son élection à la députation, il s’est fait inscrire au centre gauche, après avoir déclaré que « ses sentiments étaient ceux d’un conservateur libéral et qu’il adhérait au programme de M. Thiers. » Sa situation d’avoué de la famille d’Orléans l’ont amené à se rapprocher en plus d’une circonstance du centre-droit, ce qui explique pourquoi il a assez longtemps appartenu au groupe qui flottait indécis entre les droites et les gauches, et leur servait en certaines occasions de trait d’union et d’intermédiaire[5].
En 1871, il s’est exprimé, au cours de la discussion relative à l’enregistrement et au timbre, et sur quelques questions d’affaires. Son discours capital est celui qu’il a prononcé sur la proposition de loi tendant à faire payer par toute la France les dommages causés par l’invasion allemande. En sa qualité de représentant de la Ville de Paris, il a dressé à la tribune le tableau des maux et des souffrances endurés par la population parisienne pendant le siège et du courage avec lequel elle les avait supportée. Son rôle dans l’administration de la Ville de Paris au moment de l’investissement lui donnait une compétence toute spéciale sur la question[5].
En l’année 1872, il a pris la parole sur le projet de loi relatif aux pensions à accorder aux veuves des gendarmes, etc., assassinés comme otages pendant l’insurrection de Paris. L’année suivante, il a déposé à l’Assemblée une proposition tendant à faire indemniser les habitants du département de la Seine qui avaient éprouvé quelque préjudice lors des destructions opérées par le génie militaire pour les besoins de la défense nationale, et défendu à la tribune le projet de loi concernant les 140 millions à allouer à la ville de Paris[5].
Au 24 mai, lors élection de 1873 de Mac Mahon président de la République par la majorité royaliste, consécutive à la chute d’Adolphe Thiers[c], il est contenté d’appuyer l’ordre du jour pur et simple, en faisant cependant ses réserves sur ce qu’il appelait « les tâtonnements et les faiblesses du président de la République, dont il trouvait le renversement inopportun et dangereux »[5].
En 1874, il a parlé, comme rapporteur, sur la proposition de loi tendant à indemniser les habitants de la Seine victimes de destructions opérées par le génie militaire. Il a voté successivement pour la loi des maires de janvier 1874, le ministère de Broglie, la proposition Casimir-Perier, tendant à l’établissement définitif et à l'organisation de la République, et contre la dissolution de la Chambre lors de la crise du 16 mai 1877.
Sans se prononcer très nettement, au début, sur la question de restauration monarchique, il est cependant arrivé à faire entendre qu’il voterait pour la République. Aussi, en 1875, a-t-il définitivement incliné vers le centre gauche, et a-t-il voté les lois constitutionnelles. Son dernier acte parlementaire a été de soutenir à la tribune, mais sans succès, le projet de la Commission des Trente, tendant à accorder à la ville de Paris vingt-cinq députés au lieu de vingt[5]. De 1876 à 1902, il sera sénateur inamovible[6].
Il avait épousé, en 1849, sa petite-cousine Julie Henriette Darlu, fille de Pierre Darlu, avoué puis avocat (descendant d'Étienne-Pierre Darlu, échevin de Paris en 1740, anobli par ses fonctions[7], et de Marguerite Félicie Calley Saint-Paul (cousine germaine d'Ernest Denormandie), ainsi que sœur du comte Édouard Darlu. Ils seront les parents de Louis Ernest Denormandie (1853-1908), avoué au tribunal de Seine et président de la Chambre des avoués en 1906. Ernest Denormandie est, en outre, l'aïeul au cinquième degré du ministre Julien Denormandie[8].
Notes et souvenirs : les journées de juin 1848 ; le siège de Paris ; la Commune ; l'Assemblée nationale ; quelques réflexions, Paris, L. Chailley, , 3e éd., 395 p. (OCLC567942767, lire en ligne).
Temps passé, jours présents : notes de famille, Paris, Hachette & Cie, , 688 p., 1 vol. in-8º (lire en ligne sur Gallica).
Ville de Paris, septembre 1870 - février 1871 Le VIIIe arrondissement et son administration pendant le siège de Paris, Paris, Garnier, , 177 p. (OCLC894535127, lire en ligne).
↑Gustave Chaix d'Est-Ange mentionne un Monsieur de Normandie procureur au Châtelet de Paris en 1784. Il ne fait pas de lien avec des personnages du même nom dans les siècles antérieurs et ne décrit pas d'armoiries pour cette famille parisienne[1].
↑Après avoir limogé le président du Conseil Jules Dufaure, Mac Mahon le remplacera par le monarchiste Albert de Broglie, pensant ainsi ouvrir la voie à une restauration de la monarchie.
↑(en) Robert Tombs et Isabelle Tombs, That Sweet Enemy : Britain and France: The History of a Love-Hate Relationship, new York, Knopf Doubleday, , 816 p. (ISBN978-0-30754-798-9, OCLC894510134, lire en ligne), p. 315.
↑Catherine Granger, L’Empereur et les arts : la liste civile de Napoléon III, Paris, École nationale des chartes, , v, 866, illustr. ; 24 cm (ISBN978-2-90079-171-4, OCLC62796853, lire en ligne), p. 419.
↑ a et bNotes et souvenirs : les journées de juin 1848 ; le siège de Paris ; la Commune ; l'Assemblée nationale ; quelques réflexions, Paris, L. Chailley, , 3e éd., 395 p. (OCLC567942767, lire en ligne), p. 173.
↑ abcde et fLes Sénateurs inamovibles : Notices biographiques, précédées d'un résumé historique des origines du Sénat (de 1875), et du texte des lois constitutionnelles, Paris, Édouard Dentu, , 271 p. (OCLC939078477, lire en ligne), p. 106-9.
↑« Denormandie, Louis Jules Ernest », dans Jean-Marie Mayeur et Arlette Schweitz, Les Parlementaires de la Seine sous la Troisième République, t. 1, Paris, Publications de la Sorbonne, , 278 p., 2 vol. : tabl., plans, diagr. ; 25 cm (ISBN978-2-85944-432-7, OCLC718619156, lire en ligne), p. 188.
Gilles Le Béguec, « Denormandie Louis Jules Ernest 1821-1902 », dans Jean-Marie Mayeur et Alain Corbin (dir.), Les immortels du Sénat, 1875-1918 : les cent seize inamovibles de la Troisième République, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles » (no 37), , 512 p. (ISBN2-85944-273-1, lire en ligne), p. 297-300.
Jean Marie Mayeur et Arlette Schweitz, Les Parlementaires de la Seine sous la Troisième République, t. 1, Paris, Publications de la Sorbonne, , 278 p. (ISBN979-1-03510-481-8, OCLC1306288941, lire en ligne).