Emilio Salgari (en italienSàlgari, ou (correct) Salgàri), né à Vérone le et mort à Turin le , est un écrivain italien, auteur de romans et nouvelles d'aventures exotiques ayant connu de nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision. Il est le créateur du célèbre pirate Sandokan.
Biographie
Emilio Salgari naît à Vérone, issu d'une famille de petits bourgeois. Il ressent dès son plus jeune âge le puissant désir d'aller en mer. Adolescent, il entre à l'Académie navale Sarpi de Venise. Il n'est pas certain qu'il ait décroché son diplôme de capitaine ; quoi qu'il en soit il ne connaît qu'une courte expérience en mer (probablement à cause de problèmes de santé).
Il signe cependant ses premières oeuvres du nom de Capitaine Salgari et tient à revendiquer publiquement ce titre (sous la menace d'un improbable duel). Il commence sa carrière comme reporter au quotidien La Nuova Arena de Verona et son imagination débordante le pousse à s'inventer un passé aventureux.
Déçu dans son espoir de devenir officier de marine, et pour oublier la banalité de sa vie bourgeoise, il alimente sa passion pour l'exploration et la découverte, passant tout son temps libre à fréquenter les bibliothèques et à écrire.
Son œuvre, qui compte plus de deux cents romans et nouvelles d'aventures, prend pour cadre des lieux exotiques divers et très variés. Il puise son inspiration dans les romans et feuilletons de l'époque, les journaux et magazines de voyages ainsi que dans les encyclopédies. L'époque étant très favorable aux récits d'aventures, il parvient rapidement à publier son premier récit, I Selvaggi della Papuasià (littéralement Les Sauvages de Papouasie) sous la forme de feuilleton dans un journal. Ses principaux éditeurs italiens sont Antonio Donath (Gênes) et, à partir de 1907, Bemporad (Florence). Donath recruta une équipe d'illustrateurs qui s'entendaient bien avec Salgari : on compte Giuseppe Garuti (connu sous le nom de Pipein Gamba), Gennaro d'Amato et Alberto Della Valle, trio qui composa plus de 30 couvertures et des centaines de vignettes[1].
Il est l'auteur de trois grands cycles :
Les Pirates de Malaisie (I pirati della Malesia) comprenant les aventures de Sandokan) et celles de Tremail-Naik, chasseur de tigres
Le Corsaire Noir (I corsari delle Antille)
Les Pirates des Bermudes (I Corsari delle Bermude)
Ses héros sont pour la plupart des pirates et des hors-la-loi, généralement idéalistes ou gentlemen, en lutte contre l'avidité, l'abus de pouvoir, le colonialisme et la corruption. Contrairement à la plupart de ses contemporains, l'auteur n'a jamais hésité à dénoncer les méfaits de la colonisation.
Fait chevalier, extrêmement populaire dans son pays, E. Salgari a toutefois presque toujours vécu dans les tracas financiers. Exploité par les éditeurs, accablé de problèmes familiaux, il se suicide en 1911 (si l'on en croit la légende, avec un seppuku à la mode japonaise).
Sandokan, son personnage le plus célèbre
Sandokan le pirate apparaît dans dix autres romans, dont : Les Pirates de la Malaisie (1896), Les Tigres de Monpracem (1900), Les Deux Tigres (1904). Sandokan fait sa dernière apparition dans le roman posthume La Rivincita di Yanez (traduction littérale : La Revanche de Yanez) en 1913. Le personnage propulse son auteur vers la gloire. De nombreuses adaptations cinématographiques puis télévisuelles seront consacrées à Sandokan ; des bandes dessinées verront également le jour.
En France, des quatre-vingts romans publiés par E. Salgari, quarante-huit ont été traduits et publiés entre 1899 et 1938, et ont rencontré le succès. Après la Seconde Guerre mondiale, toujours en France, l'auteur tombe dans l'oubli. Contrairement à l'Italie ou aux pays anglo-saxons[2], très peu de titres sont actuellement réédités dans l'Hexagone[3]. En 1976, le grand succès en Europe du feuilleton télévisé Sandokan marquera un petit retour en gloire éphémère de l'auteur en France.
Autour de l'œuvre
Dans son roman À quatre mains, l'écrivain Paco Ignacio Taibo II consacre sept de ses cent trente-six chapitres à une « Version de Adieu à Monpracem d'Emilio Salgari conçue dans la prison de Pleven par Stoyan Vassiliev ». Le même Paco Ignacio Taibo II a publié une suite des aventures de Sandokan : El retorno de los Tigres de Malasia 2010, traduction Le Retour des Tigres de Malaisie, plus anti-impérialistes que jamaiseditions Métailié 2012.
Dans l'apostille du Nom de la rose, Umberto Eco appelle « salgarisme » une erreur de dramaturgie, qui consiste à interrompre le récit d'une action pour insérer un élément didactique :
« Les personnages de Salgari fuient dans la forêt, traqués par des ennemis, et trébuchent sur une racine de baobab : et voilà que le narrateur suspend l'action pour nous faire une leçon de botanique sur les baobabs. »
Œuvre
Note : la 1re date est celle de la 1re édition française.
Cycle Pirates de Malaisie (Les aventures de Sandokan)
1899 : Les Mystères de la jungle noire[4] (I Misteri della Jungla Nera, 1895)
1902 : Les Pirates de la Malaisie[5] (I Pirati della Malesia, 1896)
1997 : Il Figlio di Sandokan, mini-série italienne de Sergio Sollima, avec Kabir Bedi et Marco Bonini, jamais diffusée pour cause de disputes juridiques.
Séries animées
1991 : Sandokan, série d'animation espagnole diffusée en France en 1993 (Sandokan y est dessiné en tigre).
Vittorio Frigerio, “Postfazione”, In: Atti del Convegno Celebrativo “Emilio Salgari”, Biblioteca Elsa Morante, Ostia, 2-3 aprile 2007. A cura di Paola I. Galli Mastrodonato, Imola, Bacchilega Editore, p. 152-155.
Vittorio Frigerio, « Le « Capitaine » sur l’océan électronique. Aventures et avatars d’Emilio Salgari à l’âge de l’Internet », Interval(l)es II, 3 (été 2008), p. 40-51.
Vittorio Frigerio, « La riconquista di Mompracem : malinconie di un’utopia pirata », In: Curreri, Luciano e Fabrizio Foni (Eds.), Un po’ prima della fine. Ultimi romanzi di Salgari tra novità e ripetizione (1908-1915), Firenze, Luca Sossella Editore, 2009, p. 19-29.
Vittorio Frigerio, “L’anarchia tra i ghiacci: Le meraviglie del duemila e le amarezze dell’avvenire”, in: Lombello, Donatella (éd.), La Tigre è arrivata. Emilio Salgari a cento anni dalla sua scomparsa, Lecce, Pensa Multimedia, 2011, p. 219-230.
Vittorio Frigerio, « Il più prolifico e fervido creatore di sogni fra Otto e Novecento », in: Brambilla, Alberto, Il mammut in automobile. Corpi macchine e scritture in Emilio Salgari. Verona, Delmiglio Editore, 2013, p. 9-13.
O. Nalesini, L'Asia Sud-orientale nella cultura italiana. Bibliografia analitica ragionata, 1475-2005, Roma, IsIAO, 2009, p. 350-362 (ISBN978-88-6323-284-4)