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Le duché de Cracovie (en polonais : Księstwo krakowskie), également connu sous le nom de la province senioriale (dzielnica senioralna), est un ancien duché médiéval qui fut instauré lors du démembrement territorial du
duché de Pologne, constitué des cinq provinces selon le testament du duc Boleslas III Bouche-Torse en 1138[1]. Il était situé dans la région historique de la Petite-Pologne au sud-ouest du pays dont la capitale était à Cracovie.
Afin d'éviter des guerres fratricides entre ses fils, Boleslas III prévoyait que l'autorité suprême devait revenir à l'aîné de la maison Piast qui porterait le titre de princeps, senior ou grand-duc et siègerait à Cracovie. Toutefois, la situation ne tarda pas à dégénérer et le séniorat fut disputé entre ses descendants, affaiblissant considérablement le pays. Le duché de Cracovie perdura jusqu'à la fin de cette période de fragmentation lors du couronnement du roi Ladislas Ier de Pologne en 1320. Après deux siècles de morcellement, Ladislas réunit les diverses principautés constituées sur le territoire de la Pologne.
Histoire
Le principe sénioral établi dans le testament de Boleslas III Bouche-Torse prévoit que, à tout moment, le membre le plus âgé de la dynastie détient le pouvoir suprême sur le reste de la dynastie avec le titre de "duc de toute la Pologne" et dirige la Province Séniorale.
En 1138, Ladislas II, le fils aîné de Boleslas III, règne sur une vaste bande de terre qui traverse du nord au sud le centre de la Pologne et qui est composée de:
la partie orientale de la Grande-Pologne, autour de Gniezno, le centre ecclésiastique de la Pologne, et Kalisz;
l'ouest de la Cujavie;
les terres de Łęczyca, détenues par Salomé, la veuve de Boleslas.
Le grand-duc réside à Cracovie, la capitale de toute la Pologne depuis 1038. Il contrôle aussi le duché de Silésie et ses vassaux de Pomérélie de Gdańsk à l'est du duché de Poméranie. Le grand-duc est chargé de la défense des frontières et de la politique étrangère. Il a le droit de disposer des troupes en garnison dans les autres duchés, de superviser le clergé (nommer les évêques et les archevêques) et de frapper la monnaie.
Le grand-duc administre généralement ses propres territoires (province, duché), dont il hérite de sa propre branche de la dynastie des Piast et qu'il laisse à ses héritiers. En revanche, Cracovie reste l’apanage du duc sénior. Sa possession constitue un apport important et doit permettre au grand-duc de prendre l'ascendant sur ses vassaux. Toutefois, la règle du séniorat s'effondre rapidement avec le premier sénior, Ladislas II, qui est banni par ses jeunes demi-frères en 1146.
Après l'exil de Ladislas, le séniorat est assumé par l'aîné de ses demi-frères (2e fils de Boleslas III), Boleslas IV "le Crépu", duc de Mazovie, qui meurt sans descendance en 1173. Mieszko III, quatrième fils de Boleslas III, devient à son tour le sénior. La Mazovie et les terres de Cujavie reviennent à Leszek (ou Lesco ou Lech), le fils - encore mineur - du duc Boleslas le Long.
Le principe sénioral s'avère finalement être un échec car le règne de Mieszko III à Cracovie est non seulement contesté par les fils de Ladislas le Banni, mais aussi par Casimir II, le plus jeune fils de Boleslas Bouche-Torse, qui, pour être né posthume, n'avait pas reçu d'héritage dans le testament de son défunt père. Bien qu'en 1177 il ait reçu le duché de Sandomierz à la mort de Boleslas IV (celui-ci en avait hérité à la mort sans héritier de son frère Henri), Casimir saisit l'occasion d'un soulèvement des magnats et des nobles de Petite-Pologne pour prendre le pouvoir. Une lutte à long terme s'ensuit entre les deux frères au cours de laquelle Mieszko III parvient à récupérer les terres autour de Gniezno et de Kalisz.
En 1194, lorsque Lech le Blanc entend hériter de son père Casimir II, le séniorat est de nouveau contesté par son oncle Mieszko III (qui décède en 1202), puis par Conrad le dernier frère de Mieszko, puis encore par son cousin, Ladislas III Jambes-Grêles, fils de Mieszko III, et par son autre cousin Mieszko IV Jambes-Mêlées, deuxième fils de Ladislas le Banni, duc de Haute-Silésie.
Dans cette lutte, Lech le Blanc trouve la mort en 1227. Les terres de Pomérélie sont perdues quand Świętopełk II, duc de Poméranie, se déclare indépendant. En 1238, le duc de Silésie Henri Ier dit le Barbu, prétendant rétablir les dernières volontés de Boleslas III Bouche-Torse, réunit finalement les duchés de Wrocław (Silésie) et de Cracovie.
En 1288, Lech II le Noir meurt sans héritier. Les Piast de Silésie s'emparent à nouveau du duché de Cracovie lorsque Henri IV dit "le Juste", duc de Wrocław, devient grand-duc (Henri III comme duc de Cracovie) . Mais Henri meurt à son tour en 1290, également sans héritier. Avant de mourir, il a choisi Przemysl II, duc de Grande Pologne, comme héritier du trône de Cracovie. Mais ce choix est contesté par Ladislas le Bref, duc de Cujavie et par Venceslas II, le roi de Bohême, qui revendique également le trône de Cracovie.
Menacé par Ladislas et impopulaire à Cracovie, Przemysl est contraint de signer un accord avec Venceslas et lui cède la Petite-Pologne, faisant ainsi entrer la dynastie des Přemyslides dans les affaires polonaises. Le , Jakub Świnka l'archevêque de Gniezno et primat de Pologne couronne alors Przemysl II sans attendre l’accord du pape et du Saint-Empire. C'est le premier couronnement royal depuis la déposition de Boleslas II le Hardi en 1079. Son règne est de courte durée, puisque Przemysl est assassiné l'année suivante. Venceslas se proclame alors son successeur et se fait couronner dans la cathédrale de Gniezno le sous le nom de Venceslas Ier (Waclaw en polonais) , par Jakub Świnka.
Venceslas décède des suites d’une tuberculose le . Le , alors qu'il est en route pour recevoir la couronne de son père, son fils Venceslas II de Pologne, âgé de 16 ans, est assassiné dans le palais épiscopal d'Olomouc à la suite d'un complot ourdi par les grands polonais. Profitant de la situation, Ladislas le Bref s’empare de Cracovie et accède au pouvoir, faisant plier les patriciens de Cracovie et l’évêqueJan Muskata.
Devenu duc de Cracovie, Ladislas IV le Bref s’installe au château du Wawel le . Il doit d'abord faire face à l’armée du Brandebourg, puis aux chevaliers teutoniques venus dans un premier temps lui prêter main-forte, mais qui entendent désormais conserver la Poméranie. Le , Ladislas se fait couronner roi dans la cathédrale du Wawel par Janisław, le nouvel archevêque de Gniezno. Ce couronnement marque la fin du séniorat et la reconstruction d’un royaume solide qui incorpore désormais le duché de Cracovie.
Fils aîné de Boleslas III « Bouche-Torse », il devient à ce titre le premier princeps de Pologne. Après de longues querelles avec ses demi-frères cadets, il est chassé du pouvoir en 1146 et s'enfuit à la cour de l'empereur Conrad III.
Il reprend le pouvoir à la mort de son oncle mais il en est chassé presque aussitôt par son cousin Ladislas III, avant de le reprendre quelques mois plus tard.