Il va à la Peddie School, une école privée préparatoire pour les futurs élèves du high school[5] puis est admis à l'université Brown de l'Ivy League. Ensuite, il est accepté à la Graduate School of International Affairs de l'université Columbia. Il rejoint la CIA en 1955, puis grimpe dans la hiérarchie selon le « motif habituel de carrière jusque dans les années 1970 »[trad 2] (selon l'une de ses déclarations lors d'un interview pour Cold War Episodes, une série sur la guerre froide de CNN). Il est chef de station de la CIA à Istanbul, où il maintient des contacts avec la Contre-guérilla, un groupe stay behind turque et anticommuniste. Il est ensuite transféré à Rome avant d'être nommé chef de la division Amérique latine en 1981. Selon The New York Times, « de l'époque à mener des guerres secrètes pour la C.I.A. en Amérique centrale jusqu'à son travail de consultant dans les années 1990 où il planifie d'envoyer des forces spéciales en Irak pour évincer Saddam Hussein, M. Clarridge a été un cheerleader continuel des interventions américaines outremer »[trad 3],[3].
Pendant ses trois ans à la tête de la division Amérique latine, il dirige plusieurs des opérations les mieux connues de la CIA en Amérique latine, notamment le minage des ports nicaraguayens en 1984, une opération pour laquelle les États-unis ont été condamnés dans une décision de 1986 de la Cour internationale de justice (Nicaragua v. United States). Lorsque questionné sur son rôle, il admet sa participation mais minimise l'importance de l'opération clandestine : « Nous avons donc décidé d'aller de l'avant pour l'économie, d'accord.... J'étais donc assis à la maison un soir, en train de boire un verre de gin, et j'ai dit que, tu sais, les mines, y doit y avoir une solution. Je savais que nous les avions, que nous les avions fabriqués à partir de tuyaux d'égout et que nous avions le bon système de fusion et que nous étions prêts. Et tu sais qu'elle ne ferait de mal à personne parce que c'était pas une si grosse mine, d'accord ? Ouais, avec de la chance, de la malchance, on pourrait blesser quelqu'un, mais en forçant tu vois ? »[trad 4],[6].
Clarridge collabore à l'organisation et au recrutement de futurs Contras pour renverser le gouvernement socialiste du Nicaragua. Il décrit le groupe naissant : « environ 500... quelques uns étaient d'anciens membres de la garde nationale du Nicaragua (dont le chef Anastasio Somoza Debayle avait été renversé par les sandinistes en 1979) ; beaucoup étaient seulement, tu vois, justes des paysans des régions montagneuses entre le Honduras et le Nicaragua qui a toujours été en guerre avec quelqu'un. Par plusieurs aspects, ils n'étaient que des voleurs de bétail. Bandits. Pas des bandits, car ils ne volaient par les gens mais faisaient comme ils font dans cette région. »[trad 5] Clarridge maintient que, à la fin du conflit, les Contras comptent dans leurs rangs plus de 20 000 paysans, non pas à cause des efforts de la CIA, mais à cause des efforts de rééducation des sandinistes et des réformes agraires[7].
Il reconnait devant le Comité du renseignement de la Chambre des représentants (House Intelligence Committee), lors d'un entretien secret en 1984, que les Contras assassinent de façon routinière « des civils et des fonctionnaires sandinistes dans les campagnes, tout comme des chefs de coopératives, des infirmières, des médecins et des juges »[trad 6]. Il clame néanmoins que la collaboration de la CIA ne contrevient pas à la directive exécutive du président Ronald Reagan qui interdit les assassinats parce que l'agence les définit comme des « homicides » (killing). Il conclut : « Après tout, c'est la guerre — une opération militaire »[trad 7],[8].
En 1984, il est nommé chef de la division européenne de la CIA, où il dirige des opérations de contreterrorisme de façon efficace. Plus tard, avec le soutien du directeur de la CIA William Casey, il conçoit et met en place le Counterterrorism Center(en) qui organise et dirige des opérations depuis Langley (Virginie).
En novembre 1986, des médias américains révèlent des détails d'une opération secrète qui fait partie d'un scandale appelé l'« affaire Iran-Contra »[9],[10]. Lorsque questionné sur sa participation à l'opération, Clarridge nie toute participation dans les transferts illégaux de fonds au Contras[11]. Il a été condamné pour sept accusations de parjure et fausses déclarations sur un envoi à l'Iran en novembre 1985. Il reçoit, avant son procès en 1992, le pardon présidentiel de George H. W. Bush[12]. L’Independent CounselLawrence Walsh, dans son rapport final de 1993, a conclu qu'« un faisceau d'indices solide laisse penser que le témoignage de Clarridge est faux »[trad 8],[11].
En 1987, après avoir quitté la CIA, Clarridge dirige « une opération d'espionnage privée ... de la piscine de sa résidence près de San Diego »[trad 9],[3]. Des collègues déclarent que Clarridge « méprise le plus souvent »[trad 10] la CIA[3]. Il « compare son opération, appelé l'Eclipse Group, à l'Office of Strategic Services, précurseur de la CIA en opération pendant la Seconde Guerre mondiale »[trad 11],[3].
En novembre 2015, le journaliste Trip Gabriel du New York Times rapporte que Clarridge a été l'un des principaux conseillers sur le terrorisme et la sécurité nationale de Ben Carson pendant sa campagne présidentielle américaine de 2016[13]. Clarridge aurait déclaré que Carson avait de la difficulté à comprendre la politique étrangère, et ne pouvait comprendre « un iota de renseignement utile sur le Moyen-Orient »[trad 12],[13]. L'organisation de Carson a publié une déclaration accusant le New York Times de tirer avantage d'un « gentleman âgé »[trad 13],[13]. Plus tard, Carson a répliqué : « Ce n'est pas mon conseiller. Ce n'est pas mon conseiller. C'est une personne qui est venue à quelques-unes de nos rencontres pour dire ses opinons sur ce qui se passait... L'appeler mon conseiller serait une exagération ; il n'a aucune idée avec qui je m’assoies et parle. »[trad 14],[14].
↑(en) « a normal career pattern up to the late 70s »
↑(en) « [f]rom his days running secret wars for the C.I.A. in Central America to his consulting work in the 1990s on a plan to insert Special Operations troops in Iraq to oust Saddam Hussein, Mr. Clarridge has been an unflinching cheerleader for American intervention overseas »
↑(en) « So we decided to go big time for the economics alright... So I was sitting at home one night, frankly having a glass of gin, and I said you know the mines has gotta be the solution. I knew we had 'em, we'd made 'em outta sewer pipe and we had the good fusing system on them and we were ready. And you know they wouldn't really hurt anybody because they just weren't that big a mine, alright? Yeah, with luck, bad luck we might hurt somebody, but pretty hard you know? »
↑(en) « about 500... some of them were former members of the Nicaraguan National Guard (whose leader Anastasio Somoza Debayle had been overthrown by the Sandinistas in 1979), or a lot of them were just you know peasants from the mountainous areas between Honduras and Nicaragua who had been at war with somebody, forever. And in many respects they were like a bunch of cattle rustlers. Bandits. Not bandits, they weren't robbing people but they were doing the things they do in that area. »
↑(en) « civilians and Sandinista officials in the provinces as; well as heads of cooperatives, nurses, doctors and judges »
↑(en) « After all, this is war—a paramilitary operation »
↑(en) « there was strong evidence that Clarridge’s testimony was false »
↑(en) « private spying operation ... from poolside at his home near San Diego »
↑(en) « He's not my adviser. He is not my adviser. He is a person who has come in on a couple of our sessions to offer his opinions about what was going on... To call himself my adviser would be a great stretch, and he has no idea who else I'm sitting down and talking to. »
↑ a et b(en-US) Martin Weil, « Duane ‘Dewey’ Clarridge, CIA official enmeshed in Iran-contra affair, dies at 83 », The Washington Post, (ISSN0190-8286, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Mark Mazzetti, « Duane R. Clarridge, Brash Spy Who Fought Terror Networks, Dies at 83 », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Rédaction, « Ex-CIA Operative Pleads Not Guilty a Founding Father of the Contras, He Was Revered by Younger Cia Officers », The Philadelphia Inquirer, (lire en ligne, consulté le )
↑« IN SUMMARY; Nicaragua Downs Plane and Survivor Implicates C.I.A », New York Times, (lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cMark Mazzetti, « Duane R. Clarridge, Brash Spy Who Fought Terror Networks, Dies at 83 », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑Nicholas Schou, « The ‘october Surprise’ Was Real, Legendary Spymaster Hints in Final Interview », Newsweek, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
(en) Robert Baer, See No Evil : The True Story of a Ground Soldier in the CIA's War on Terrorism, New York, Three Rivers Press,
* (en) Duane R. Clarridge et Digby Diehl, A Spy For All Seasons : My Life in the CIA, New York, Scribner, (ISBN0-7432-4536-9 et 978-0-7432-4536-4) (mémoires)
Christopher J. Fuller, « The Eagle Comes Home to Roost: The Historical Origins of the CIA's Lethal Drone Program », Informa UK Limited, vol. 30, no 6, , p. 769–792 (DOI10.1080/02684527.2014.895569, lire en ligne, consulté le )
Christopher J. Fuller, See It/Shoot It : The Secret History of the CIA's Lethal Drone Program, Yale University Press, , 320 p. (ISBN978-0-300-22767-3, lire en ligne)
(en) Peter Kornbluh (dir.) et Malcolm Byrne (dir.), The Iran-Contra Affair : The Making of a Scandal, 1983-1988 (Document collection), Alexandria, VA et Washington, D.C., Chadwyck-Healey et National Security Archive,
(en) Peter Kornbluh et Malcolm Byrne, The Iran-Contra Scandal : A Declassified History, New York, New Press,