Les données ouvertes en Tunisie permettent aux services de l'administration centrale et régionale de l'État, aux collectivités locales et aux établissements et entreprises publics de rendre certaines données publiques.
Les données ouvertes en Tunisie sont régies par le décret-loi no2011-41 du 26 mai 2011 relatif à l'accès aux documents administratifs des organismes publics[1].
D'après les articles 4 et 6, un organisme public doit, sous réserve des dispositions du décret-loi, publier régulièrement, sous une forme facilement accessible au public et si besoin mis à jour au moins une fois par an les éléments suivants :
Dans l'article 5, on ajoute pour les organismes compétents la publication régulière des points suivants :
De manière générale, le cadre législatif tunisien permet la mise à disposition des données tant que ces dernières ne sont pas préjudiciables (article 17 et 18 du décret-loi no2011-41 modifié et complété par le décret-loi no2011-54). On peut donc citer dans les données non publiables :
L'anonymisation peut être définie comme l'opération de suppression de l'ensemble des informations permettant d'identifier directement ou indirectement un individu, contenues dans un document ou une base de données[8]. En Tunisie, il est courant de cacher l'identité d'un individu en utilisant l'identifiant « Foulen Ben Foulen », ce qui permet d'offrir l'équivalent de « Monsieur X » ou « Monsieur Durand » utilisé en France ou encore du John Doe utilisé dans les pays anglophones.
L'article 18 du décret-loi no2011-41 modifié et complété par le décret-loi no2011-54 stipule que le refus de communiquer une donnée tel qu'il est décrit dans l'article 17 du même décret ne s'applique pas :
La législation tunisienne inclut dans le même cadre d'ouverture des données :
Il semblerait que ce regroupement semble ralentir les initiatives d'ouverture des données puisqu'on constate que plusieurs entités publiques ont une page dénommée open data dédiée à la demande d'accès aux documents administratifs sans pour autant publier des données exploitables[9],[10].
D'autres entités, au contraire, ont lancé une initiative de données ouvertes suivant les dix principes d'ouverture des données[11] de la Sunlight Foundation. Ces initiatives d'ouverture de données, peu nombreuses, ont l'avantage d'être conformes aux dix principes d'ouvertures tout en atteignant le niveau 4 sur l'échelle de qualité des données ouvertes de Tim Berners-Lee[12]. Le niveau 5 demande que les données soit liées entre elles, ce qui permettrait par exemple d'avoir, pour les données d'une ville tunisienne, une donnée liée à la description de ladite ville sur un autre site (ce qui permettrait d'éviter les redondances), ou encore d'obtenir la température de cette ville en récupérant les données mises en ligne par l'Institut national de la météorologie.
On constate, dans ce cas de figure, l'absence d'une plateforme unificatrice (interopérable) comme en France[13], aux États-Unis[14] ou au Royaume-Uni[15], qui offrirait aux citoyens, aux applications et aux données un point d'accès unique à l'ensemble des données de la Tunisie.
La coordination et la mise en œuvre de la politique de l'État dans le cadre de l'ouverture des données sont réalisées par l'unité de l'administration électronique[16], vu l'absence d'un organisme de soutien technique à l'ouverture et à la réutilisation des données. C'est dans ce sens et à la suite de son engagement lors de son adhésion au Partenariat pour un gouvernement ouvert[17] en janvier 2014 que la Tunisie s'est engagé à mettre en place un portail de données ouvertes (cinquième engagement[18]) qui remplacera le portail existant.
Cette plateforme permettra :
On notera que certaines entités ont lancé une plateforme répondant à tous ces critères en se basant, à l'instar du Royaume-Uni, de la France ou des États-Unis, sur la plateforme CKAN.
En 2013, l’Open Knowledge Foundation a créé l’Open Data Index qui permet de comparer les pays en matière d'ouverture de données. Le fonctionnement interne de cette classification[19] s'opère via des contributeurs (soumissionnaires et examinateurs).
La Tunisie se classe 86e en 2015 alors qu'elle était 66e en 2014 et 52e en 2013[20].
La classification de l'Open Data Index se basant sur une méthodologie définie[21], la Tunisie semble avoir reculé à la suite :
L’Open Data Barometer est un projet de la World Wide Web Foundation. Le fonctionnement de ce classement se fait par un appel en ligne aux chercheurs désirant participer. À ce classement, la Tunisie se place au 50e rang en 2013[25] avant d'atteindre la 45e place en 2014[26] et la 39e place en 2015[27].
L’Open Data Inventory est un projet d’Open Data Watch. En 2015, seuls 125 pays sont pris en compte. À ce classement, la Tunisie se place au 14e rang[28].
Légende :
Les entités tunisiennes utilisent des types de plateformes divers et variés, aucune instruction ne semblant diriger l'utilisation d'une plateforme particulière. Dans le cas de l'Institut national de la statistique, leur portail de données ouvertes a été réalisé en partenariat avec la Banque africaine de développement qui, comme le Fonds monétaire international, l'Organisation de coopération et de développement économiques ou la Commission européenne, s'oriente vers la solution propriétaire Prognoz. Pour le reste, on assiste à du développement spécifique, qui ne garantit pas toujours les dix principes d'ouverture des données, ou à l'utilisation de plateformes open source leaders dans les données ouvertes, à savoir CKAN ou DKAN.
CKAN est une plateforme open source dédiée à l'ouverture des données à base du langage Python, du SGBD PostgreSQL et du framework Pylon/Pyramid soutenu et développé par l'Open Knowledge Foundation. CKAN offre, via son catalogue en ligne et sous forme de plugin, quasiment toutes les fonctionnalités nécessaires et relatives à l'ouverture des données (support du format DCAT, mise en place d'un point d'accès SPARQL, export des données vers des formats propriétaires, évaluation automatique de la qualité des données conformément au classement de Berners-Lee, etc.). Les entités utilisatrices peuvent très facilement coupler CKAN à n'importe quel système de gestion de contenu ou portail spécifique (cas du ministère de l'Industrie et du Commerce). Sa force réside dans son interopérabilité et sa facilité à moissonner des données tierces (fonction de harvesting), permettant ainsi de centraliser les données de plusieurs plateformes CKAN sur une seule plateforme fédératrice (cas de la France ou du Royaume-Uni), mais aussi dans sa fonctionnalité de stockage de données qui permet de :
Ainsi, même si une entité publie ses données via un fichier de type XLSX, l'utilisateur peut y accéder aussi facilement que si la donnée était dans un format ouvert.
En Tunisie, la plateforme CKAN est utilisée par les ministères de l'Industrie et du Commerce, de l'Intérieur et de l'Agriculture.
DKAN est également une plateforme open source destinée à l'ouverture des données à base de PHP/MySQL et bâtie sur le système de gestion de contenu Drupal 7. Elle est aussi soutenue par l'Open Knowledge Foundation puisqu'elle compatible avec CKAN, la différence étant que CKAN intègre les données dans un système de gestion de contenu pour disposer des fonctionnalités de base sur les données (comme par exemple le contrôle d'accès, la possibilité d'ajouter de nouveaux types de contenu ou encore de greffer des mots clés ou tags supplémentaires). On retrouve donc les API d'accès, le stockage de données et toutes les principales fonctionnalités de CKAN.
Le souci est qu'avec l'arrivée de Drupal 8, qui ne propose pas de compatibilité descendante vu la réécriture de son cœur à base du framework Symfony 2, l'utilisation de DKAN contraint l'entité intéressée à utiliser une version de Drupal qui n'est pas la plus récente et qui, bien qu'aucun annonce officielle ne soit publiée, risque plus rapidement que la version en cours de ne plus être supportée (date à laquelle plus aucune mise à jour du cœur ou de la sécurité ne sera proposée).
La plateforme DKAN est pour l'instant utilisée par la municipalité de Sayada pour sa plateforme de données ouvertes.
Les licences d'ouverture des données si elles existent sont principalement compatibles avec la licence CC-BY, seule la Présidence du gouvernement imposant une autorisation pour un usage commercial.