La Déclaration commune sur la justification par la foi est un texte publié en 1999 par des représentants officiels de l'Église catholique et de deux fédérations d'Églises protestantes sur une question théologique qui les avait divisés au cours de l'histoire : est-on sauvé par ses œuvres ou par sa foi ? La déclaration énonce des positions communes, notamment :
« Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu. »
Nous confessons ensemble que le pécheur est justifié au moyen de la foi en l’œuvre salvatrice de Dieu en Christ.
Nous confessons ensemble que l’homme est justifié par la foi en l’Evangile « indépendamment des œuvres de la loi » (Rm 3, 28)
Nous confessons ensemble que les bonnes œuvres – une vie chrétienne dans la foi, l’espérance et l’amour – sont les conséquences de la justification et en représentent les fruits.
Luther, se fondant en particulier sur le chapitre 3 de l'Épître aux Romains, affirmait que seule la foi sauvait, indépendamment des actes (« œuvres »). L’Église catholique de l'époque, sans minimiser la part de la foi, mettait en avant le second chapitre de l'Épître de Jacques et donc la nécessaire correspondance des œuvres réalisées avec la foi. Ces « œuvres » pouvaient aller jusqu'au rachat des péchés par des indulgences, y compris acquises financièrement, ce qui était inadmissible pour Luther.
Toutefois, André Gounelle rappelle que, « contrairement à ce que les protestants ont parfois prétendu, [le catholicisme] n'a jamais enseigné le salut par les œuvres. Avec la Réforme, et comme elle, il affirme que c'est Dieu qui sauve, Dieu seul, et qu’il sauve par grâce ; sans grâce pas de salut »[2]. Il cite à cet égard la déclaration du concile de Trente : « Si quelqu'un dit que l'homme peut être justifié devant Dieu par ses œuvres... sans la grâce divine venant par Jésus Christ, qu'il soit anathème[2]. »
Les termes de l'accord
Les deux parties présentent leur accord comme l'obtention d'un « consensus dans les vérités fondamentales de la doctrine de la justification ». L'accord a ainsi permis la levée des condamnations réciproques qui avaient eu lieu dès l'avènement de la Réforme sur ces questions doctrinales. Il n'y a pas pour autant identité de vues et de présentation : on a pu ainsi parler de « consensus différencié », c'est-à-dire qui admet les différences[3].
Par exemple, l'insistance de l'Église catholique sur les œuvres demeure, notamment en ce qui concerne les œuvres de charité. Mais il y est explicitement précisé que la grâce ne dépend pas des œuvres réalisées :
« Lorsque les catholiques affirment que, lors de la préparation en vue de la justification et de son acceptation, la personne humaine « coopère » par son approbation à l’agir justifiant de Dieu, ils considèrent une telle approbation personnelle comme étant une action de la grâce et non pas le résultat d’une action dont la personne humaine serait capable. »
Les différents accords signés
Déclaration entre luthériens et catholiques à Augsbourg
Le choix d'Augsbourg pour cette signature était particulièrement symbolique, et se voulait un écho à la Confession d'Augsbourg considéré comme le point de divergence théologique entre catholiques et luthériens.
Déclaration entre méthodistes, catholiques et luthériens à Séoul
Le 31 octobre 2017, dernier jour de l’année jubilaire marquant le 500e anniversaire de la Réforme protestante, l’archevêque de Cantorbéry, primat de la communion anglicane, a annoncé que son Église rejoignait la Déclaration commune sur la justification par la foi[6].
Bibliographie
Le texte complet : La Doctrine de la justification, Déclaration commune de la Fédération luthérienne mondiale et de l'Église catholique, éditions du Cerf, Paris, 1999. (ISBN2-204-06407-6 et 978-2-204-06407-1), SODIS 8260167.
↑Marie Malzac, « Œcuménisme, les anglicans rejoignent la déclaration sur « la justification par la foi » », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )