César Moro, de son vrai nom Alfredo Quíspez Asín, né à Lima (Pérou) le [1], mort d'une leucémie, à Lima, le , est un poète et peintre surréalistepéruvien.
Biographie
Enfance et adolescence à Lima (1903-1925)
Fils d'un médecin de Lima, Alfredo Quíspez Asín a cinq ans quand son père meurt. Il écrit, dessine et peint dès son enfance. En 1923, à vingt ans, il prend le nom de César Moro[2], d'après un personnage du romancier Ramón Gómez de la Serna.
Jeunesse à Paris (1925-1933)
Passionné par la langue française, il quitte le Pérou pour Paris deux ans plus tard, en 1925. Là, César Moro vit de ses dessins, qu'il expose non seulement dans la capitale française, mais aussi à Bruxelles. À la suite de sa rencontre avec les premiers surréalistes, il décide, au-delà de ne plus écrire de poésie qu'en français[2], d'adhérer au mouvement d'André Breton. Ainsi, de 1930 à 1933, il collabore à la revue Le Surréalisme au Service de la Révolution. Durant ces années-là, il vit avec un ancien soldat russe.
Retour en Amérique latine (1933-1956)
En 1933, César Moro rentre à Lima. Avec ses amis Emilio Adolfo Westphalen, dont il illustre les poèmes, et Moreno Jimeno, ils fondent la revue surréaliste El uso de la palabra (« L'usage de la parole »). Deux ans plus tard, en 1938, il s'exile au Mexique, où il rencontre Antonio, un jeune militaire qui devient son amant et lui inspire son seul recueil en espagnol, La tortuga ecuestre, publié à titre posthume en 1957[2], ainsi que sa Lettre d'amour :
« Un cri répété dans chaque théâtre vide à l'heure du spectacle inénarrable
Un fil d'eau dansant devant le rideau de velours rouge aux flammes de la rampe
Disparus les bancs du parterre
j'amasse des trésors de bois mort et de feuilles vivaces en argent corrosif
On ne se contente plus d'applaudir on hurle
mille familles momifiées rendant ignoble le passage d'un écureuil »[3].
En 1940, avec le peintre Wolfgang Paalen, ils organisent la première exposition internationale du surréalisme au Mexique. En 1948, il revient au Pérou où il rencontre le poète français André Coyné qui, après la mort de César Moro, se chargera de la publication de ses œuvres. À Lima, il travaille en tant que professeur de français au collège Leoncio Prado, où il a notamment comme élève le romancier Mario Vargas Llosa.
Analyse de l’œuvre poétique
Analysant plusieurs de ses premiers poèmes, Gaëlle Hourdin réfute l'idée selon laquelle la poésie de César Moro serait « homosexuelle ». La chercheuse considère ainsi que se focaliser sur les aspects de sa vie qui ont fait de César Moro un « poète de la marge » tend à occulter certaines caractéristiques de son œuvre, comme « la persistance de modèles hétérosexuels », qui trouvent leur origine dans la poésie courtoise européenne et le boléro latino-américain, dans l'intégralité de celle-ci. De fait, Gaëlle Hourdin dit plutôt de la poésie moréenne qu'il s'agit d'« une poésie amoureuse qui refuse tout autant le masque de l'hétérosexualité que l'affichage d'une identité homosexuelle »[4].
Œuvre
En français
Lettre d'amour, 1942, Éditions Dyn, Mexico, 1944
Le château de grisou, Éditions Tigrondine, Mexico, 1943
L'Homme du paradisier, 1944
Trafalgar Square, Éditions Tigrondine, Lima, 1954
Amour à mort, Le Cheval marin, Paris, 1957 ; nouvelle édition bilingue, Éditions de la Différence, coll. « Orphée », Paris, 1990.
En espagnol
La tortuga ecuestre, Lima, 1957
Los Anteojos de azufre, Lima, 1958
Obra poética I, Lima, 1980
Amour à Moro. Homenaje a César Moro, Carlos Estela ; José Ignacio Padilla (eds.), Lima, Signo Lotofago, 2003.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Jean-Louis Bédouin, La Poésie surréaliste. Anthologie, éditions Seghers, Paris, 1964, p. 179 à 183 et 287
Gaëlle Hourdin, « L'à-côté, l'amer / la côte et l'amer : Quelle inscription de l'espace maritime liménien dans l’œuvre de César Moro ? » (communication dans le cadre du Second Congrès Bisannuel du GIS - Réseau Amérique Latine), Rennes, 15-17 novembre 2007
Gaëlle Hourdin, « César Moro et le surréalisme entre l'Ancien et le Nouveau Monde », Mélusine, no 31, , p. 253-264
Gaëlle Hourdin, « L'étincelle et la plume : Approche de l’œuvre poétique de César Moro (Lima, 1903-1956), suivie d'un choix de poèmes », Recours au poème,
Gaëlle Hourdin, « La "Renommée de l'amour" : Inscription d'un héritage culturel multiple dans les premiers poèmes amoureux de César Moro », dans Mariannick Guennec, Entre jouissance et tabous : Les représentations des relations amoureuses et des sexualités dans les Amériques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 67-76.
↑ ab et cGaëlle Hourdin, « L'à-côté, l'amer / la côte et l'amer : Quelle inscription de l'espace maritime liménien dans l’œuvre de César Moro ? » (communication dans le cadre du Second Congrès Bisannuel du GIS - Réseau Amérique Latine), Rennes, 15-17 novembre 2007