Le Concerto pour piano et orchestre est une œuvre d'André Jolivet, composée en 1949–1950. La création a lieu le au Festival de Strasbourg, avec Lucette Descaves au piano, sous la direction du compositeur.
Présentation
En 1946, la Radiodiffusion française commande à Jolivet une œuvre inspirée par les traditions extra-européennes. Jolivet est motivé par cette pensée et écrit une œuvre dans laquelle se fondent des éléments mélodiques et rythmiques non européens. À l'état d'esquisses, le projet est nommé « Équatoriales »[1], mais le compositeur y renonce ensuite.
Dans le Concerto, chaque mouvement est marqué par un timbre particulier : dans le premier mouvement des éléments centrafricains, extrême-orientaux dans le second, et on trouve des influences polynésiennes dans le troisième. Ces couleurs imprègnent le Concerto, mais sans « chercher les facilités des évocations exotiques »[2].
La première au festival de Strasbourg 1951, sous la direction du compositeur, avec Lucette Descaves au piano[3], lui apporte la notoriété. Grâce au soutien de Francis Poulenc, l'œuvre reçoit plus tard le Grand Prix musical de la ville de Paris 1951.
En 1958, la musique est utilisée pour un ballet, mis en scène à l'Opéra-comique par George Skibine[4], sans doute en raison de l'importance accordée au rythme :
« Le Concerto pour piano semble voué tout en entier à la magie du rythme (d'où naquit un ballet de Skibine : Concerto, qui en dégage l'intention profonde) »
La création a lieu dans une atmosphère de scandale (cris et sifflets)[a]. Pourtant l'impact direct « sur l'auditeur est incontestable. […] À ce point de vue [c'est] l'œuvre la plus forte de Jolivet ». Ce qui choque alors, c'est la conception librement modale, inspiré des modèles extra-européens générant des dissonances, puis la violence rythmique[7].
La réaction du public n’empêche pas l'œuvre de faire ensuite le tour du monde, notamment lors de la création parisienne, au Châtelet, par les Concerts Colonne le 25 novembre 1951. L'œuvre est plébiscitée par le public parisien dès 1952[8].
Le Concerto pour piano est considéré comme un des sommets de l'œuvre de Jolivet. Par la suite, le compositeur semble retourner « à un néo-classicisme attiédi »[9].
Lors de la création, Pierre Boulez, alors âgé de vingt-cinq ans, lance une fameuse injure au compositeur : « joli navet ». Hilda, l'épouse de Jolivet, y répond par un coup de parapluie[10].
Lucette Descaves, piano ; Orchestre Radio-Symphonique de Strasbourg, dir. Ernest Bour (Strasbourg, concert, 22 janvier 1968, INA / Solstice SOCD 81) (OCLC659165116)
(en) Marcel Beaufils, « L'actualité musicale — Concerto pour piano de Jolivet », Synthèses, Bruxelles, nos 72/73, , p. 449–453
(en) Marcel Beaufils, « Le Concerto pour piano d'André Jolivet », Musique contemporaine. Revue internationale, no 2, , p. 116–118
Antoine Goléa, La musique, de la nuit des temps aux aurores nouvelles, vol. I et II, Paris, Alphonse Leduc et Cie, , 954 p. (ISBN2-85689-001-6), p. 721.