La Comtesse Dash, nom de plume de Gabrielle Anna de Cisternes de Courtiras, née à Poitiers le et morte à Paris le , est une romancièrefrançaise aussi connue sous le pseudonyme de Jacques Reynaud[1].
Biographie
Gabrielle de Cisternes de Courtiras naît à Poitiers en 1804[2]. Elle est la fille d'Anne-Marie Horens et d'Antoine Cisternes, directeur des domaines[à définir]. Elle est placée en pension le dans une institution religieuse, le couvent des Dames de la Foi[3]. Elle sera ensuite envoyée à Paris, avant de revenir à Poitiers.
Elle s'y fait courtiser par le vicomte Eugène Jules de Poilloüe de Saint-Mars, capitaine au 8e régiment de dragons du Rhône, auquel elle se marie le à Poitiers[4]. « J’allais commencer cette vie étrange qui n’est pas sans charmes pour la jeunesse, si une position de fortune indépendante permet de se donner certaines aisances et de voyager agréablement » écrira-t-elle. Elle en aura un fils, et le suivra en province et à l'étranger, puis le couple revient à Paris. Elle y sort souvent, et assistera à l'affrontement que génère Hernani entre les romantiques et les conservateurs : « La salle, comble jusqu'en haut, murmurait comme une ruche pleine d'abeilles affairées. On voyait entrer et sortir les séides du poète, les romantiques enrégimentés, affublés de costumes incroyables et porteurs de figures à faire crier les petits enfants. Ils avaient des chapeaux tyroliens, de longs cheveux incultes, quelques-uns même la barbe, mais c'était l'exception. Leur redingote serrée à la taille ressemblait à une tunique, quand elle n'affectait pas la forme d'un sac. »[5]. Toutefois, la vie de garnison n'est pas pour elle et l'amour avec son époux, qui « n'était pas de ceux qu’on refuse »[6], ne dure pas ; le couple se sépare, probablement vers 1835[3].
Elle connaît bientôt des revers de fortune et, ruinée, elle songe à vivre de sa plume. Pour cela, elle prend le pseudonyme de Comtesse Dash[N 1],[N 2] pour éviter une brouille avec sa famille[3]. Elle commence par écrire pour plusieurs journaux (Le Figaro, La Sylphide et L'Événement), d'abord des romans de presse, puis elle est publiée en librairie. Sous ce nom de plume sortent un grand nombre de romans qui dépeignent le plus souvent — avec une nostalgie certaine — les mœurs du grand monde, ainsi que les vicissitudes de l'amour. Son premier roman, Le Jeu de la Reine, sort en 1839, et est bien reçu de la critique littéraire[7].
Elle est aussi la collaboratrice d'Alexandre Dumas, pour lequel elle écrit plusieurs mémoires romancés : Vie et Aventures de la princesse de Monaco (1854), qui ne la mentionne nulle part, puis les Mémoires d'une aveugle, parfois intitulé Mémoires d'une aveugle. Madame du Deffand (1856)[3], La Dame de volupté (1855 puis 1864 ou 1867 en version augmentée). Dumas prend soin de préciser dans la préface des ouvrages qu'il n'en est pas l'auteur. Par ailleurs, la paternité de la comtesse Dash n'est pas non plus certaine, car celle-ci affirme que la Princesse de Monaco serait l’œuvre d'une de ses amies. Elle cite également dans la liste des œuvres entreprises par cette amie les mémoires de Madame du Deffand[8].
En 1855, Dumas publie Marie Giovanni : journal de voyage d'une Parisienne[9], ouvrage dont il affirme dans l'introduction n'être que le rédacteur, la matière provenant de notes et documents que lui aurait confiés Marie Giovanni[10]. Certains s'accordent à reconnaître la Comtesse Dash dans cette Parisienne, de retour d'un voyage dans le Pacifique effectué avec son mari entre 1846 et 1850[11]. Cette hypothèse est évoquée en premier par Joseph Marie Quérard. Toutefois, une étude publié en 1979 (Alexandre Dumas, le Mexique et les Nègres) semble démontrer que la véritable Marie Giovanni serait une certaine Madame Callégari[12] ; de plus, un ouvrage australien publié en 2016, The Journal of Madame Callegari, fruit d'une longue recherche, lui donne le nom complet de Marie Callegari et raconte sa vie[13].
Marie Giovanni et Alexandre Dumas (rédacteur), Marie Giovanni : journal de voyage d'une Parisienne, Bruxelles, Leipzig, Kiessling, Schnée et Cie, coll. « Hetzel », 1855-1856 (lire en ligne) — Ouvrage en 4 volumes. L'édition originale française est l'édition Cadot, mais elle n'est pas complète.
↑Dash était un nom de chien en vogue à l’époque (Stendhal (préf. Anne-Marie Meininger), Lamiel, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio », , 342 p. (ISBN2-07-037462-9), Notes, p. 332).
↑On trouve parfois l'orthographe « Comtesse d'Ash ».
Références
↑Notice de la comtesse Dash dans le catalogue de la BNF.
↑Mairie de Poitiers, Acte de mariage, sur Archives départementales de la Vienne, (consulté le ), vues107-109.
↑Comtesse Dash (préf. Clément Rochel), Mémoire des autres : souvenirs anecdotiques sur Charles X et la Révolution de juillet, t. 3, Paris, Librairie illustrée, , 285 p. (lire en ligne), p. 148.
↑Jules Barbey d'Aurevilly, « Le Jeu de la Reine, par la Comtesse Dash », Le Nouvelliste, — « C'est un grand bonheur de rencontrer un livre simple et sans prétention de l'esprit qu'il a cependant […] ce jeu est charmant, et cette reine est la reine du récit ».
↑Alexandre Dumas, « Causerie avec mes lecteurs », Le Mousquetaire, Paris, no 280, , p. 2 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑Jean-Jo Scemla, Le Voyage en Polynésie : anthologie des voyageurs occidentaux de Cook à Segalen, Paris, Robert Laffont, , 1344 p. (ISBN2-221-06703-7), p. 1157-1158